Économie

Contraction du Produit intérieur Brut en 2021, constate l’IHSI

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Pour la troisième année consécutive, l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) a fait le constat amer d’une économie qui peine à renouer avec la croissance. Le Produit Intérieur Brut (PIB), qui avait enregistré une baisse de -3,3% en 2020, a contracté de -1,8% au terme de l’exercice fiscal 2020-2021, passant respectivement de 625.6 à 614.3 milliards de gourdes constantes. Ceci confirme le recul de l’économie déjà prévu par les autorités et certaines institutions spécialisées, et montre également que la récession perdure (dépression économique) après les deux précédentes chutes du PIB en 2019 et en 2020.

Selon les analyses de l’IHSI, via les comptes économiques en 2021, plusieurs facteurs sont à l’origine de cette contre-performance de l’économie. En effet, particulièrement plombée par le climat d’instabilité et marquée par un accroissement effréné du phénomène de l’insécurité, l’économie haïtienne a été quasiment prise en otage. La détérioration du PIB en 2021 est inscrite dans un contexte de crise socio-politique aigüe qui a atteint son paroxysme avec l’assassinat du président Jovenel Moïse dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, sans oublier la crise sanitaire mondiale qui continue d’impacter certains secteurs d’activité.

Même s’il n’y a aucune commune mesure entre l’ampleur des effets négatifs de la pandémie du coronavirus sur la plupart des grandes économies à travers le monde et sur celle d’Haïti, force est de reconnaître que les mesures adoptées par les pays concernés pour lutter contre sa propagation ont impacté directement ou indirectement certaines activités de l’économie. C’est le cas, par exemple, d’un secteur transversal comme les industries touristiques qui a continué jusqu’en 2021 à faire les frais de certaines restrictions imposées dans les déplacements à travers le monde. Evidemment, les difficultés auxquelles fait face le tourisme ont des effets induits sur d’autres secteurs tels que le transport, le commerce, l’hôtellerie, la restauration, pour ne citer que ceux-là.

De plus, les crises occasionnelles de rareté de carburant enregistrées dans le pays ont eu des incidences négatives relativement importantes sur certains secteurs d’activité pour lesquels cette matière première constitue un intrant indispensable dans le processus de production. Le séisme qui a frappé la région méridionale du pays a affecté considérablement l’économie du grand Sud au cours du dernier trimestre de l’exercice 2020-2021.

Les comptes économiques en 2021

Par conséquent, les trois grands secteurs de l’économie ont tous pâti de la situation morose qui a prévalue en 2021. Le secteur primaire, avec environ 106,1 milliards de gourdes en valeur constante, s’est incliné de -4,1% contre -2,4% en 2020. Se chiffrant à 142,7 et 332,6 milliards de gourdes constantes, les valeurs ajoutées des secteurs secondaire et tertiaire ont décru respectivement de -2,4% et de -2,0% en comparaison avec l’exercice antérieur.

Vu sous l’angle de l’offre et de la demande globales, la mauvaise performance du PIB a eu essentiellement pour origine le fléchissement des investissements qui ont enregistré, en volume, une baisse considérable de -21,8%. En attestent les investissements des administrations publiques qui ont chuté de -28.1% par rapport à l’année dernière. Toutefois, malgré leur faible niveau qui n’atteint pas 15% de ceux de 2017, il convient de signaler, qu’en dépit de tout, les investissements directs étrangers ont, au contraire, augmenté de 105,2% passant de 25 millions de dollars américains en 2020 à 51,32 millions à la fin de l’exercice fiscal 2021.

En ce qui concerne les prix à la consommation, l’inflation a terminé l’année fiscale 2021 avec des hausses en glissement et moyenne annuelle de 13,1% et 15,9%, contre respectivement 22,9% et 25,1% l’année dernière. De son côté, le taux de change moyen annuel sur le marché formel a affiché une tendance à la baisse de -18,8% avec 81,13 gourdes pour un dollar en 2021 contre 99,9 gourdes en 2020. Parmi les principaux éléments qui ont agi sur l’inflation en 2021, l’IHSI mentionne notamment: La diminution de l’offre de denrées alimentaires à l’échelle mondiale, consécutive à l’insuffisance de main-d’œuvre provoquée par la COVID 19, impactant les prix des produits importés. Egalement, la hausse des prix des produits alimentaires sur le marché international, résultant de la flambée des cours mondiaux du pétrole à partir de 2020, a affecté les prix des produits importés sur le marché local.

A un troisième niveau, les pénuries artificielles de carburant, l’insécurité grandissante qui a provoqué une certaine limitation dans les transportations de marchandises inter et intra régionales constituent, entre autres, des facteurs internes ayant influencé l’évolution des prix en 2021. Par contre, le ralentissement de la décote de la gourde par rapport au dérapage de l’année dernière a contribué à maintenir l’inflation à un niveau inférieur à celui de l’année fiscale 2020.

DevHaiti

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