Gouvernance

COP 27: Haïti en quête de fonds pour financer son plan national d’adaptation

5 minutes lecture

La conférence des Parties des Nations unies sur le changement climatique s’est poursuivie jusqu’au 19 novembre à Charm el-Cheikh, en Égypte. Haïti a présenté, lundi 13 novembre, son plan d’adaptation. La délégation attend maintenant que les pays développés respectent leur engagement de financer les pertes et dommages liés au changement climatique en faveur des pays vulnérables comme Haïti.

Haïti a fait entendre sa voix à la COP 27. Yves Bernard Remarais, cadre au ministère de l’Environnement, a présenté, le mardi 15 septembre 2022, la position d’Haïti sur les mesures à prendre pour atteindre l’objectif fixé dans l’Accord de Paris sur le climat pour maintenir la hausse de température mondiale en dessous de 1,50 à la fin de ce siècle.

«Au nom de la solidarité, du principe de responsabilité commune mais différenciée et au nom de la justice climatique, il est urgent d’adopter des mesures concrètes pour envoyer un signal fort aux populations du monde entier que nous sommes venus, ici à Charm El-Cheikh, pour rechercher les solutions qui sont à la hauteur de l’urgence climatique, exprimée par le 6ème rapport du GIEC. Le temps des belles intentions doit être révolu. Les pays les plus affectés par le phénomène comme Haïti ne peuvent plus attendre», a indiqué Yves Bernard Remarais, ayant pris la parole à une session plénière au nom du ministre de l’Environnement, James Cadet, retenu par des obligations en Haïti.

Le représentant du ministre James Cadet a rappelé par ailleurs qu’en 2020, les pertes causées par les catastrophes climatiques en Haïti ont atteint près de 400 millions de dollars américains, ce qui représente environ 50% de l’aide internationale et 20% du budget de l’État.

Parallèlement à l’intervention de M. Remarais, la délégation haïtienne à la COP 27 conduite par Gerty Pierre, directrice de la Direction des changements climatiques au ministère de l’Environnement, a organisé, lundi, une activité publique au tour de la mise en œuvre du Plan National d’Adaptation d’Haïti assorti d’une stratégie de financement durable.

«Depuis 2019 Haïti met en œuvre le processus du Plan National d’Adaptation, a expliqué Gerty Pierre. Il s’avère donc important pour le pays de partager ses expériences avec ses partenaires internationaux et présenter la stratégie de financement et de mise en œuvre du Plan National d’Adaptation (PNA).»

Haïti, au cours de cette activité, a invité les pays développés à respecter leurs engagements envers les pays du Sud dont Haïti qui subissent de plein fouet les effets du changement climatique. «Haïti, en tant que pays en voie de développement, ne pourra respecter ses ambitions d’atténuation que si les pays développés ou ceux qui sont en mesure de le faire fournissent le soutien financier, technologique nécessaire et appuient le processus de renforcement des capacités du pays», souligne la délégation haïtienne à la COP.

Haïti, dans le cadre de son plan d’adaptation, prend des engagements envers le climat. Le pays fixe des conditions pour le respect de ses engagements.

«Avec le soutien financier approprié, additionnel et prévisible  ainsi  qu’avec  un  appui  soutenu  en matière de développement et de transfert de technologies, Haïti est disposé à prendre les mesures appropriées en vue de permettre l’introduction et l’adoption des énergies renouvelables propres ainsi que la mise sur pied de vastes programmes d’afforestation et de reboisement», informe la délégation haïtienne à la COP 27.

Le financement des pertes et dommages liés au changement climatique constitue le sujet controversé à la COP 27. Gerty Pierre estime cependant un pas est déjà franchi en ce sens lorsque les pays développés acceptent de financer les pertes et dommages. «Maintenant, la question fondamentale est comment y arriver?», a-t-elle précisé.

En 2009, les pays développés se sont engagés à verser chaque année 100 milliards de dollars aux pays vulnérables à partir de 2020, mais cet engage- ment n’a pas été tenu. «Pour cela, les Parties ont instauré un dialogue annuel jusqu’en 2024 pour discuter des modalités pour le financement des activités», informe le ministère de l’Environnement. La délégation haïtienne appelle par ailleurs les pays développés à respecter leur promesse de financement des actions climatiques.

Pour arriver à cette fin, Gerty Pierre promet qu’Haïti va continuer à faire entendre sa voix à côté des pays du Sud qui subissent comme lui les effets du changement climatique.

En attendant la mise en place d’un mécanisme de financement des pertes et dommages, l’ONU avait annoncé la semaine dernière un plan de 3,1 milliards de dollars pour des systèmes d’alerte précoce pour tous d’ici 2027.

Ce plan d’action pour l’initiative ‘Systèmes d’alerte précoce pour tous’ (Early Warnings for All), selon le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, appelle à des investissements initiaux de 3,1 milliards de dollars entre 2023 et 2027, ce qui équi- vaut à un coût de seulement 50 cents par personne et par an. Les 3,1 milliards de dollars représentent une petite fraction – environ 6% – des 50 milliards de dollars requis pour le financement de l’adaptation, selon l’Organisation météorologique mondiale.

DevHaiti