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État des lieux de l’inclusion financière en Haïti : entre avancées et défis persistants

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L’inclusion financière en Haïti reste un défi majeur, avec des taux parmi les plus faibles au monde. Seuls 19 % des adultes possèdent un compte auprès d’une institution financière, tandis que 9 % déclarent épargner et seulement 5 % empruntent via une institution formelle (FINSCOPE, 2023). Ces chiffres traduisent une faible pénétration des services financiers traditionnels et soulignent l’importance d’initiatives plus ciblées. Dix ans après le lancement de la Stratégie nationale d’inclusion financière (SNIF), les progrès demeurent limités, en particulier pour les populations rurales, les jeunes et les femmes.

La dimension éducative occupe une place centrale dans ce processus. En effet, l’éducation financière et la protection des consommateurs constituent le quatrième pilier de la SNIF. Leur déploiement, amorcé en 2020 à travers le Plan national d’éducation financière (PNEF), vise à renforcer la compréhension et l’utilisation des principes financiers dans la vie quotidienne. Pourtant, les enquêtes FinScope de 2018 révèlent une réalité préoccupante : seulement 35 % des adultes déclarent contrôler leurs dépenses, 51 % ignorent comment épargner et 50 % ignorent comment investir. Ces lacunes témoignent d’un besoin urgent de renforcer la littératie financière pour ancrer l’inclusion dans la durée.

Au-delà des comportements individuels, ces enquêtes montrent que 96 % des adultes ne consultent jamais de conseiller financier, et que 37 % estiment ne pas disposer d’informations suffisamment fiables et neutres pour gérer leurs finances. Près de la moitié des adultes (46 %) restent totalement exclus du système financier, tandis que 53 % expriment explicitement le besoin d’acquérir des compétences en éducation financière. Ce déficit en connaissances financières constitue un frein majeur à l’utilisation des services existants, même lorsqu’ils sont disponibles, et limite la capacité des ménages à planifier, épargner ou investir.

Enfin, dans un contexte marqué par l’essor des Nouvelles Technologies de l’information et de la communication (NTIC) et par la progression des services de mobile money, la maîtrise des compétences financières apparaît comme un préalable incontournable. Pour que l’inclusion financière devienne un levier de développement durable, il est essentiel de combiner l’expansion de l’offre de services avec un effort soutenu d’éducation et d’accompagnement des utilisateurs. Autrement dit, rendre les services accessibles ne suffit pas : il faut aussi former les citoyens à les utiliser efficacement, afin de bâtir une société plus autonome, résiliente et économiquement inclusive.

DevHaiti

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