Économie

Faits stylisés entre croissance économique et instabilité politique en Haïti de 1986 à nos jours

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A partir du graphique ci-dessus, nous pouvons dégager des faits stylisés entre instabilité politique et croissance  économique  en  Haïti.  En  effet, l’organisation des élections, les coups d’état etc. ont de sérieuses conséquences sur la croissance économique. Le graphique montre comment l’année de ces événements ou l’année d’après est généralement marquée par une récession économique. En effet, l’année d’après la première élection post-Duvalier organisée en Haïti, c’est-à-dire 1989, a été marquée par une récession de 2.9%. Elle a été suivie par trois énormes chutes, à savoir 1992 (-5.3%),  1993  (-5.42%)  et  1994  (-11.9%),  qui représentent les trois années du coup d’état militaire perpétré contre le président Jean-Bertrand Aristide.

Cette spirale a continué en 2000 (0.87%), (-0.33%), 2002 (0.92%) et 2004 (-1.23%). Ces 7 dernières années, c’est-à-dire entre 2015-2021, le pays est constamment miné par des crises sociopolitiques, ce qui n’est pas sans conséquences sur la croissance économique. En effet, depuis 2015 (1.61%), Haïti peine à connaitre une croissance économique d’au moins 2%. Le pays est même entré, depuis 2019 (-1.68%), dans un cycle de récession (-3.37 en 2020) et rien ne laisse présager une performance meilleure pour 2021.

Les données montrent en effet qu’il existe bien une relation positive entre instabilité politique en Haïti et croissance économique. Pour inaugurer un nouveau sentier de croissance, le respect des procédures démocratiques et de l’alternance politique s’avère important en Haïti, ainsi qu’un minimum accord entre les politiciens haïtiens sur le commun.

Date électorale Résumé de l’issue
      29 mars 1987 Vote de la Constitution qui prévoit un Conseil électoral permanent (CEP) indépendant du pouvoir exécutif et l’exclusion pendant dix ans des personnes qui ont joué un rôle important dans le soutien à la dictature de Duvalier.
  17 janvier 1988 Élections au suffrage universel, mais abstention des partis politiques les plus importants en signe de protestation contre le massacre de la ruelle Vaillant.
    16 décembre 1990 Élections présidentielles, législatives et municipales sous contrôle international ; Jean Bertrand Aristide est élu président de la République avec plus de 67% des voix. Sept mois après avoir prêté serment, il est victime d’un coup d’état et a du passer 3 ans en exil.
17 décembre 1995 Élections présidentielles, René Préval est élu, 20% des inscrits ont voté.
  17 avril 1997 Élections législatives et municipales : la participation est estimée à 5 % ; ces élections sont tenues pour frauduleuses, une commission d’enquête est nommée.
          11 mai 2000 Élections législatives, municipales et locales ; la participation est estimée à 40 %, des mandataires du parti au pouvoir (Fanmi Lavalas d’Aristide) (Tabarre) ont fait irruption dans les bureaux de vote, se sont emparées illégalement des urnes pour les substituer à d’autres déjà remplies ; des journalistes découvrent que des milliers de bulletins de vote sont éparpillés dans certaines rues de la capitale. Le soir même, le parti Lavalas déclare avoir gagné tous les postes au Sénat, à la députation, dans les mairies et dans les sections communales. Le lendemain, plusieurs candidats sont arrêtés dont l’ex- sénateur et candidat au Sénat, Paul Denis.
    26 novembre 2000 Malgré les injonctions de l’OEA et de la CARICOM pour un recompte des votes des sénatoriales, le gouvernement réalise les élections présidentielles avec le seul parti d’Aristide et quelques candidats inconnus ; la participation est estimée à environ 5%, tandis que le Conseil électoral provisoire parle de 60%, c’est-à-dire d’environ 2 600 000 votants.
  7 février 2006 Les élections générales de 2006 ont vu la réélection du président René Préval pour un second mandat présidentiel avec 51.21% des voix, après deux années de transition suite à la destitution du président Aristide le 29 février 2004.
                    28 novembre 2010 – 20 mars 2011 Le scrutin est à la fois présidentiel, législatif et sénatorial. Le deuxième tour des élections aurait dû avoir lieu le 16 janvier 2011, mais il a été reporté à cause de soupçons de fraude lors du premier tour de la présidentielle. En effet, la qualification du candidat du pouvoir Jude Célestin avec 22 % des voix pour affronter Mirlande Manigat (31 % des voix), d’après les résultats provisoires publiés le 7 décembre 2010, a été contestée par les partisans de candidats éliminés, en particulier ceux du chanteur populaire Michel Martelly (21 % des voix).   La communauté internationale a fait pression pour un recompte, notamment au travers de l’OEA, chargée d’une mission d’expertise. Le Conseil électoral provisoire (CEP) valide cependant ces résultats mi-janvier 2011, sous réserves de recours de contestation. Sous pression, le parti Inite de Jude Célestin décide finalement de retirer son candidat, et les résultats définitifs annoncés le 3 février qualifient finalement Michel Martelly pour un second tour prévu pour le 20 mars 2011, René Préval voyant son mandat, censé s’achever le 7 février, prolongé jusqu’en mai.   Michel Martelly est élu président de la République le 4 avril 2011, mettant ainsi fin à la campagne électorale de 2011.
        9 août 2015 Les élections générales de 2015-2016 se déroulent ainsi : le premier tour le 9 août 2015 et le second tour le 25 octobre 2015, pour élire 119 députés et pourvoir 20 des 30 sièges du sénat.   Un second tour complémentaire a lieu le 20 novembre 2016 pour six sièges de sénateurs et 24 sièges de députés, dont les résultats ont été invalidés, en même temps que l’élection présidentielle et le premier tour des élections sénatoriales.
                            Novembre 2016 Le premier tour de l’élection présidentielle de 2015 se déroule le 25 octobre 2015, en même temps que le second tour des élections législatives.   Le second tour, prévu initialement le 27 décembre 2015, est reporté le 21 décembre par le Conseil électoral provisoire à une date indéterminée, dans un contexte de contestations des résultats du premier tour. Le 6 janvier 2016, le second tour est fixé au 24 janvier suivant, puis reporté le 22 janvier à une date indéterminée. Il est ensuite fixé au 24 avril 2016 puis de nouveau reporté.   Le 30 mars 2016 sont nommés les membres de la Commission électorale provisoire. Son président Léopold Berlanger admet quelques jours plus tard que la date du second tour ne sera probablement pas respectée.   Le 31 mai 2016, la Commission électorale préconise l’organisation à nouveau d’un premier tour de scrutin. Le 6 juin 2016, la présidentielle est officiellement annulée par le président du CEP.   Après les nombreux reports du second tour de la présidentielle durant l’année 2016, le scrutin est finalement annulé à cause d’irrégularités. Un nouveau scrutin a lieu en novembre 2016. Élu en janvier 2017, Jovenel Moïse est investi le 7 février 2017.

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