Financement : défi majeur de la mise en œuvre des ODD
Le Représentant résidant du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD), Nick Hartman, est intervenu à la 13ème édition du Sommet International de la Finance, consacrée cette année au financement de l’économie et l’écologie. Nous publions in extenso le texte de son intervention qui renseigne sur les différentes étapes à suivre pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030.
En 2015, la communauté internationale a en effet adopté l’un des programmes de développement les plus ambitieux de toute l’histoire; le programme de développement de l’agenda 2030, où sont présentés 17 objectifs de développement durable et pas moins de 169 cibles.
Compte tenu des défis et des enjeux mondiaux et aussi de la nécessité d’accélérer le pas dans la mise en œuvre des ODD, le Secrétaire Général [de l’ONU, Antonio Guterres], en Septembre 2019, invite tous les secteurs de la société à se mobiliser en faveur d’une décennie d’action et ceci à trois niveaux: une action à l’échelle mondiale, visant à assurer un plus grand leadership, davantage de ressources et des solutions qui auront plus d’impact sur les objectifs de développement durable; une action localement, qui intègre les transitions nécessaires dans les politiques, budgets, institutions et mécanismes de gouvernance des États, des villes et des autorités locales; et une action à l’échelle individuelle, menée par les jeunes, la société civile, les médias, le secteur privé, les syndicats et les universités, entre autres, afin de créer un mouvement irréversible faisant avancer l’humanité.
De prime abord, je voudrais réitérer la volonté du PNUD d’appuyer les instances nationales dans sa mission d’appui aux activités de développement national, et tout particulièrement celles liées à la mise en œuvre de l’agenda 2030.
Néanmoins, la mise en œuvre réussie de l’approche dépend d’un solide soutien politique et d’une appropriation nationale, si bien que le Cadre Intégré National pour le Financement (CINF) du développement durable s’intéresse au cadre de gouvernance et de coordination en intégrant les principales instances gouvernementales impliquées dans le processus de planification du financement du pays, et priorise les conditions d’un dialogue auprès de toutes les parties prenantes; le secteur privé des affaires, le secteur bancaire et financier, la société civile, les Partenaires Techniques et Financiers de l’Etat haïtien, le monde académique et universitaire.
Il y a en effet un constat évident sur la nécessité d’accélérer et d’intensifier la mise en œuvre des ODD en Haïti afin de faciliter la réalisation des Objectifs fixés de l’agenda de 2030. Le PNUD et la CNUCED et bien d’autres agences de l’UNCT s’y attellent et appuient de manière continue les processus en cours d’une intégration des ODD dans les cadres de planification nationale.
Dois-je vous rappeler que les ODD sont des objectifs mondiaux et qu’ils en donnent la mesure des efforts à consentir pour un mieux-être réel et traduisent en effet les changements induits dans les domaines, sociaux, économiques et environnementaux. Ce sont des améliorations dans la vie de millions personnes et des progrès réalisés dans les secteurs, qu’ils sous-tendent.
Ce sont en effet des questionnements pertinents que l’approche CINF tente d’adresser, en sus du financement. Il s’agit entre autres, de définir les priorités nationales, bien établies à travers la formulation d’un plan de développement, dont les cibles et indicateurs viennent en renfort des progrès réalisés. Ce sont par exemple, pour l’ODD2 lié à la Sécuritaire alimentaire et Agriculture durable, dont les indicateurs affichent une performance insuffisante ; en 2015, 53,4% de la population vivait sous le seuil de la consommation d’énergie alimentaire contre 61,1% en 1991. Aujourd’hui, ce sont environ 50% de la population (4.9 millions de personnes selon la CNSA) qui se retrouvent dans l’insécurité alimentaire. Ou bien l’ODD4 qui reprend les objectifs en matière d’éducation de qualité, et par exemple à travers un indicateur tel que le taux net de scolarisation dans le primaire, exprime et charrie une dynamique sociale dans l’amélioration du capital humain.
Comment trouver les moyens pour la mise en œuvre des ODD de l’agenda 2030, lesquels par exemple se résument ainsi ;
– Transformer l’économie pour être génératrice d’emploi et de ressources pour le pays avec des réformes en profondeur de la gouvernance économique
– Renforcer les capacités nationales de collecte de l’impôt et d’autres recettes, aligner et optimiser les dépenses publiques sur les ODD, en les prenant en compte désormais dans le processus de programmation Budgétaire
– Accroître les flux de financements privés, le financement privé domestique et le financement international à travers les Investissements Directs Etrangers et autres sources de financement innovants
– Accroître et optimiser l’emploi des aides au développement et le financement des organisations internationales.
La question du financement représente un défi majeur dans la mise en œuvre des ODD ; Les cadres de financement nationaux intégrés (INFF en anglais) peuvent aider les pays à mieux combler cet écart, bien conduits et pilotés, ils peuvent aider tout d’abord les décideurs à cartographier les sources et les moyens de financement du développement durable et permettent de définir par la même occasion une stratégie afin de mobiliser plus de ressources et utiliser au mieux tous les types de financement (privés ou publics) pour un développe- ment durable.
De fait, l’Agenda 2030 et les ODD offrent à Haïti une occasion unique de relever ses défis actuels en matière développement en aidant à :
– Offrir une vision à long terme pour le développement du pays,
– Renforcer la cohérence des politiques nationales,
– Promouvoir la coordination entre les institutions gouvernementales mais aussi entre les différents acteurs du développement œuvrant dans le pays, les agences de développement, les Banques Multilatérales de Développement (BMDs), les Institutions financières internationales ( IFI)
– Créer des opportunités à travers la réalisation de grands projets stimulant les objectifs de développement.
En effet, l’intersectorialité et l’interdépendances des ODD nécessitent une coordination forte et un échange organisé des informations, à la fois pour garantir la cohérence d’ensemble mais aussi permettre à chacun des secteurs clés de progresser dans la mise en œuvre de ses réformes.
En effet en l’absence d’un pilotage unifié et inter directionnel, la mise en œuvre des réformes risque de devenir plus difficile, au moment où bien des actions s’imposent et des ressources à mobiliser.
Le PNUD et la CNUCED concourent déjà avec l’appui du Bureau du Coordonnateur Résident (BCR) à cet effort national pour l’élaboration et la concertation autour d’une stratégie nationale formulée dans la Feuille de Route CINF, assortie d’un plan d’actions.
Je voudrais pour terminer remercier le fonds commun ODD, pour cet effort consenti à accompagner l’Etat haïtien dans la mise en œuvre de cette nouvelle approche pour le pays.
Je veux remercier, au nom du PNUD, les parties prenantes de ce sommet international de la finance, ainsi que tous les participants(es). Je souhaite que les idées et les réflexions qui en résultent enverront des signaux positifs aux engagements pris et efforts en cours pour dynamiser le processus du développent durable en Haïti, notamment le financement des ODD prioritaires.

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