Finance

Flash-back sur le budget 2023-2024

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Au moment précis où les questions relatives au budget rectificatif de l’année fiscale 2024-2025 publié récemment dans le journal Le Moniteur sont en train d’être débattues, un regroupement d’organisations de la société civile dénommé Collectif pour le contrôle de l’intégrité publique (COCIP) a organisé, à l’hôtel Kinam à Pétion-Ville, un atelier les 21 et 22 avril 2025 sur l’analyse et l’exécution du budget de trois ministères sectoriels pour l’exercice fiscal 2023-2024. 

Les ministères concernés sont le ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), le ministère de l’Agriculture, des Ressources naturelles et du Développement rural (MARNDR) et le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle (MENFP). L’objectif principal de l’atelier est de permettre aux organisations de la société civile de jouer leur rôle de concertation et de suivi afin qu’il y ait plus d’intégrité dans la gestion des finances publiques en Haïti. 

Par la teneur des exposés des représentants des différents ministères invités pour la circonstance, le premier constat tiré de cet atelier est le manque de cohérence flagrant entre les diverses instances publiques engagées dans le processus de mise en œuvre du budget national. À ce sujet, le représentant du MARNDR à cet atelier, M. Pascal Bien-Aimé, a fait part, lors de son exposé, des éléments à considérer quand il s’agit de l’analyse de l’exécution du budget. « Pour l’exercice 2023-2024, le secteur agricole a bénéficié d’une augmentation d’allocation de crédits par rapport aux exercices précédents à hauteur de 616 millions de gourdes dans le budget initial qui allait être rectifié quelques mois plus tard », informe Pascal Bien-Aimé, soulignant toutefois au passage que, jusqu’au 30 septembre, il n’y avait eu aucun décaissement à partir du Trésor public.

 « À cause de cette situation, nous avons rencontré des gênes avec la Commission nationale de passation de marché (CNMP) », a fait savoir le coordonnateur de l’unité d’évaluation et de programmation du MARNDR, qui en a profité pour préciser que le montant de 300 millions de gourdes du Trésor public prévu dans le budget rectificatif avait été décaissé après la date du 31 septembre 2024.   

Ce qui revient à dire que, pour l’exercice 2023-2024, le secteur agricole n’a pas bénéficié d’un centime du Trésor public. Cette déclaration du cadre du MARNDR contredit celle du représentant de la direction générale du Budget selon laquelle le MARNDR n’aurait pas la capacité d’absorber son budget d’investissement.

Le budget du ministère de la Santé publique était à la loupe de la deuxième journée sur l’analyse et l’exécution du budget. Les problèmes liés au financement de la santé en Haïti ne sont pas les moindres, à en croire un des représentants du secteur de la santé, le Dr Jean Ardouin Louis Charles. Les hôpitaux publics du pays ne disposent pas de budget et sont abandonnés à eux-mêmes.

À la fin de l’exposé du 2ᵉ jour, un responsable a fait des recommandations aux autorités allant dans le sens d’une meilleure prise en charge et d’une meilleure gestion de l’allocation budgétaire dédiée à la santé publique en Haïti.   « Il ne suffit pas que les autorités concernées clament le montant alloué à chaque ministère au début d’un exercice fiscal. Il serait tout aussi salutaire qu’à la fin de chaque exercice les responsables présentent un rapport sur l’utilisation de l’allocation budgétaire de chaque ministère », a soutenu le secrétaire de l’Association médicale haïtienne.