Haïti face à un avenir incertain
Haïti s’enfonce dans une crise aux conséquences incalculables. Les solutions proposées ici et ailleurs tardent à porter les résultats escomptés, au grand dam d’une population à bout de souffle. Aucun secteur n’est épargné par cette crise qui met le pays à genoux.
Sur le plan politique, le pays est dépourvu d’autorités légitimes. Seul un tiers du Sénat détient encore un mandat constitutionnel, mais à quelle fin? Orphelin de la Chambre des députés et de deux tiers du Sénat, le parlement est tout simplement hors service. Le pouvoir exécutif avec un Premier ministre sans mandat ni feuille de route tourne en rond autour de la crise. Les élections qui devraient se tenir depuis un à deux ans pour doter le pays d’autorités légitimes ne sont même pas à l’ordre du jour. Le pays est en attente d’un minimum de consensus entre les acteurs en vue de la formation d’un Conseil électoral provisoire.
Entre-temps, l’insécurité prend des proportions alarmantes. Les cas de kidnapping se multiplient. Port-au-Prince, la capitale haïtienne, est prise en otage du nord au sud par les gangs armés. Les répercussions d’une telle situation sont visibles sur le secteur économique qui encaisse coup sur coup ces dernières années. Le dernier épisode de ‘’pays lock’’ est tombé comme un coup de massue. Le pays paie un lourd tribut aux deux mois de paralysie des activités, d’incendie et de pillage de biens publics et privés pour protester contre l’ajustement des prix des carburants sur le marché local. Si les activités sont reprises en dents de scie, il est un constat que l’inflation repart à la hausse, la gourde est en chute libre, le chômage se renforce et la misère gagne de plus en plus de terrain. Le gouvernement perd une à une toutes les batailles. L’addition est plus que salée.
Certaines zones du pays, selon la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), sont passées de l’insécurité alimentaire aiguë à la phase catastrophe alimentaire. Un indicateur qui dit tout sur la profondeur de la crise haïtienne. A cela, il faut ajouter le choléra qui refait surface dans le pays. Un tableau macabre qui met les élites haïtiennes face à leurs responsabilités.
Il est un fait qu’Haïti ne peut pas sortir seule de cette crise profonde, mais il est aussi une vérité qu’aucun acteur de l’extérieur ne nous apportera la solution. C’est aux Haïtiens de faire le premier pas vers la résolution de la crise. Cela suppose une entente inter-haïtienne. Il ne revient pas aux élites économique, politique et intellectuelle haïtiennes de réinviter la roue, mais de rééditer l’histoire. Nos ancêtres avaient trouvé le courage, l’intelligence et la bonne formule pour se mettre ensemble pour vaincre l’esclavage. Pourquoi ne pas suivre l’exemple de nos ancêtres pour relever les défis d’aujourd’hui? Le carrefour dans lequel le pays se trouve aujourd’hui nous fait cette exigence. L’heure est actuellement au dépassement de soi pour parvenir à un compromis historique. Les luttes intestines, les querelles de chapelle n’ont plus cours. Soyons à la hauteur des enjeux et du péril qui nous guette !
DevHaiti

