Haïti ne doit pas rater le cycle des ODD
À moins d’une décennie de l’échéance 2030, la question pour savoir si Haïti est sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2030 ne se pose plus. Cinq années consécutives de contraction économique et une crise socio-politique et sécuritaire sans précédent sont en train de réduire à néant les maigres progrès qui aurait pu être obtenus en la matière. Après avoir raté le cycle des objectifs du millénaire (OMD) 2000-2015, Haïti est en train de se positionner en mauvais élève en matière d’atteinte des objectifs de développement durable (ODD). Ce, malgré le fait d’avoir priorisé 11 sur les 17 ODD sur la base qu’il serait difficile de les atteindre tous en même temps.
Les années passent, les résultats tardent à montrer le bout de leur nez. La faute sans doute à un défaut d’appropriation quasi-général de cette feuille de route mondiale que les dirigeants haïtiens d’alors avaient eux-mêmes paraphé en 2015 à Addis Abeba en Éthiopie. C’est dans ce contexte-là, au tout début du mois de septembre dernier, qu’un dialogue multi-acteurs sur le financement du développement durable d’Haïti a été tenu dans une perspective de formulation d’une stratégie financière du développement durable d’Haïti dans le Cadre Intégré National sur le Financement (CINF).
À travers cet atelier de deux jours, les initiateurs visaient notamment à «permettre aux autorités de l’Etat à l’échelle nationale, aux entrepreneurs et acteurs de tous ordres de l’œuvre de développe- ment dans la société civile ou dans l’administration publique et parapublique, aux partenaires techniques et financiers, d’appréhender les enjeux actualisés du développement et du financement des ODD pour le pays».
Durant ces deux journées d’atelier, les différentes interventions et présentations qui se sont succédé, ont toutes été de très bonne facture. Les intervenants se sont surpassé tant leurs prises de paroles ont été édifiantes. Les articles qui suivent dans ce numéro spécial retracent l’essentiel de ces interventions et présentations et donne un aperçu des points saillants discutés lors de ce dialogue multi-acteurs de deux jours.
Arrêtons-nous un peu sur les conclusions du sondage citoyen dont le résultat a été publié en mai 2023 dans le but notamment de recueillir la perception de la population haïtienne des ODD: «au moins 19 % de la population de 18 ans et plus sont au courant de l’existence des Objectifs de développement durable (ODD). En milieux urbains, ce pourcentage atteint 20,7 % et en milieu rural, il est de 16,5 % ».
Des données éloquentes qui parlent d’elles-mêmes et qui indiquent clairement la marche à suivre pour un retournement de situation. Il va falloir communiquer davantage et sensibiliser beaucoup plus sur les objectifs de développement durable. Plus les gens en savent sur les ODD, plus ils seront armés pour mener des plaidoyers et défendre les progrès censés mener à leur atteinte.
L’autre but poursuivi par ce sondage citoyen consistait à relever des défis conjoncturels en vue de la définition d’une stratégie nationale du financement des objectifs de développement durable pour le pays. Sur ce dernier aspect en particulier, Haïti fait face à un défi de taille. Ayant des besoins de financement estimés à environ 44 milliards de dollars nécessaires pour couvrir tous ses besoins de développement, le pays dispose en tout et pour tout d’environ 1,4 à 1,5 milliard de dollars disponibles pour financer l’ensemble de son économie. Un autre verrou d’ici 2030 à faire sauter et non des moindres. D’aucuns diraient mission impossible mais un fait est certain : là où il y a une volonté, il y a un chemin !
DevHaiti
