Développement durable

Haïti : Protection sociale, où en sommes-nous ?

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La protection sociale, selon la Politique Nationale de Protection et de Promotion sociales (PNPPS) d’Haïti, a pour fonctions principales de garantir un revenu suffisant, de fournir un revenu de remplacement face aux pertes liées aux accidents de la vie, de rendre possible l’accès aux services sociaux de base et de créer les conditions du travail décent. Elle comprend quatre volets: l’assistance sociale ; les soins sociaux aux personnes ; l’assurance sociale et la régulation du marché du travail.

A travers le pays, la protection sociale est assurée par le secteur public, le secteur privé, les organisations internationales et les institutions à but non-lucratif. Au niveau du secteur public, c’est le ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST) qui est chargé de définir et d’exécuter la politique sociale et d’assurer, sur le plan technique et administratif, le contrôle et la supervision de toutes les institutions impliquées dans la protection.

Le MAST est aussi impliqué directement dans des services de protection à la population à travers ses organes autonomes qui sont la Caisse d’Assistance Sociale (CAS) ; l’Institut du Bien-Etre Social et de Recherche (IBESR) ; de l’Office d’Assurance Accidents du Travail et Maternité (OFATMA) et de l’Office National d’Assurance Vieillesse (ONA).

Le secteur privé fournit aussi des services de protection sociale à travers ses compagnies d’assurances offrant des polices d’assurances vie – santé et/ou vieillesse, ses fondations et organisations caritatives. La communauté internationale est aussi un pilier dans le système de protection sociale en Haïti à travers ses organisations caritatives ou en finançant les activités de protection dans le secteur public ou privé.

Il est difficile dire avec précision le nombre d’Haïtiens qui est pris en compte par le système de protection sociale, soit à travers l’aide sociale de l’Etat ou les polices d’assurances de vie et/ou santé des compagnies d’assurance du secteur privé. Un fait est certain, la majorité y est exclue dans la mesure où la protection sociale est essentiellement liée à l’emploi formel.

En Haïti le secteur informel comptait pour 93,6% de la population active occupée en 2012, selon les données citées dans la Politique Nationale de Protection et de Promotion sociales. «Le secteur informel regroupe les travailleurs et travailleuses indépendants non enregistrés ainsi que les travailleurs et travailleuses (salariés ou non) qui ne sont pas déclarés aux organes de sécurité sociale», lit-on dans le document. Dans ce cas, la famille est leur seul recours lorsqu’un problème survient.

La faible couverture du système de protection en Haïti est traduite par une pauvreté massive. Selon les données de la Banque Mondiale et l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale [ONPES], en 2012, 60% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté fixé à 2,41 dollars US par personne et par jour tandis que 20% de la population totale et 38% de la population en milieu rural vivaient sous le seuil de pauvreté extrême (moins de 1,23 dollar US par personne et par jour).

Dans un tel contexte, les catégories les plus vulnérables de la société sont livrées à elles-mêmes. Selon les données disponibles, en 2017, seules 22000 personnes percevaient une pension vieillesse alors que la population âgée de 65 ans et plus était estimée à 529 902.

La Politique Nationale de Protection et de Promotion sociales (PNPPS) adoptée en 2020 par l’Etat haïtien avec le support de ses partenaires étrangers est un pas dans la bonne direction pour changer la donne. Le document dresse un tableau effrayant des couches de la population n’ayant accès à aucun service social. Il reste à prendre les mesures qui s’imposent pour augmenter la couverture de protection sociale à travers le pays.

DevHaiti

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DevHaïti, magazine bimensuel consacré au développement économique, est produit par l’Association Haïtienne de Journalistes Économiques pour le Développement Durable (AHJEDD), et le Group Croissance. Le magazine traite essentiellement des objectifs de développement durable (ODD) et de l’agenda 2030.

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