Économie

Haïti : rompre avec la récession économique

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Le ministre de l’Economie et des Finances, Michel Patrick Boisvert, annonce en tout début de l’année 2023 des prévisions de recettes de l’ordre de 164 milliards de gourdes contre 120 milliards durant l’exercice précédent. De cette somme, les autorités financières entendent collecter pas moins de 21,3 milliards de gourdes de recettes pétrolières durant l’exercice 2022-2023 tout en réduisant le financement monétaire pour le faire passer de 47 milliards (2,5% du PIB) à 33 milliards de gourdes (1,3% du PIB). L’enveloppe budgétaire pour l’exercice en cours totalise 267,5 milliards de gourdes en hausse de 56 milliards par rapport à celle de 2021-2022.

Pour rompre avec le cycle infernal de la stagnation, voire de la dépression économique, le grand argentier de la République déclare que des dispositions sont déjà envisagées sur le plan sécuritaire pour faciliter la libre circulation des biens et des personnes sur toute l’étendue du territoire. Michel Patrick Boisvert prévoit que la collecte de la Direction générale des Impôts (DGI) et celle de l’Administration générale des Douanes (AGD) doivent non seulement permettre de couvrir les dépenses courantes, mais aussi dégager des moyens pour les investissements publics.

Des mesures sont prises dans le budget adopté récemment en conseil des ministres pour repousser certaines échéances fiscales afin de faciliter les entreprises en vue d’une reprise de l’économie. Le ministre de l’Economie et des Finances reconnait toutefois que lesdites mesures sont insuffisantes pour redynamiser totalement une économie qui a subi autant de chocs en si peu de temps.

«Les 7,4 milliards de dettes pour les compagnies pétrolières ont été épongées en grande partie. Il ne reste qu’un reliquat de 710 millions de gourdes qui seront honorées grâce à la collecte substantielle obtenue à la faveur des ajustements récents connus dans la commercialisation des produits pétroliers», a confié le Michel Patrick Boisvert qui intervenait le 1er janvier 2023 à l’émission «Rendez-vous Économique» diffusée sur les ondes de Radio-Télé Métropole.

Si les deux derniers ajustements (hausse) sur les prix des produits pétroliers ont engendré des douleurs tant sur le plan économique que social, le ministre de l’Economie et des Finances s’est montré soulagé que l’Etat puisse enfin sortir de la spirale de finance- ment du carburant. Il confie par ailleurs que la loi de mars 1995 doit définitivement être revisitée pour les besoins du moment. L’Etat haïtien applique la loi de mars 1995 concernant les produits pétroliers depuis novembre 2002. (Ndlr: la loi de mars 1995 fait injonction à l’Etat haïtien de faire fluctuer les prix locaux en fonction des prix mondiaux et du taux de change.)

A bien entendre Michel Patrick Boisvert, interrogé par l’Economiste Kesner Pharel, la pression fiscale ne pourra pas dépasser les 6%, loin des 10 % et des moyennes de la région Caribéenne. Le patron du MEF concède qu’en dépit de la dure réalité, les chiffres du budget doivent traduire une certaine crédibilité auprès des partenaires de l’Etat haïtien et de son ministère.

Les mesures prises par le gouvernement à travers la nouvelle loi de finances vont toucher tous les secteurs de l’économie (primaire, secondaire, tertiaire). Aussi, appelle-t-il à la bonne foi de chaque acteur du système, indépendamment de leur idéologie, à jouer sa partition pour sortir Haïti des griffes de la récession économique.

DevHaiti

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