Éditorial

Haïti, unique pays moins avancé des Amériques depuis 50 ans…

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«La Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) s’est réunie à Paris, entre le 1er et le 14 septembre 1981, au siège de l’UNESCO.

La Conférence a approuvé, par consensus, un nouveau programme substantiel d’action (NPSA) en faveur des PMA. Ce programme est valable pour toute la durée de la décennie inaugurée en 1981. […] », peut-on lire dans un document compte-rendu de cette Conférence signé Alain Brouillet.

Si en 1981, il existait 31 États à travers le monde qui étaient classés par l’ONU dans la catégorie des PMA, en 2021 cependant, ils sont 46 pays au total à figurer dans cette catégorie. Soit un total de 15 pays de plus, avec le seul représentant de l’hémisphère occidental, situé dans la zone des Caraïbes précisé- ment, à être présent dans ces deux listes. D’ailleurs, il faut remonter à 1971, année de la création de cette catégorie de pays, pour retrouver la République d’Haïti dans la liste initiale des PMA identifiés pour la première fois par l’Assemblée générale de l’ONU.

Depuis 50 ans environ, la République d’Haïti a réussi l’exploit de stagner dans cette catégorie des PMA, incapable de faire un saut qualitatif pour s’en sortir à cause de la mauvaise gouvernance, la corruption et l’absence de vision commune pour engager le pays sur les rails du développement socio-économique pérenne.

Haïti ne compte donc plus les rendez-vous manqués sur la scène internationale. Le pays est passé maître en fumisterie, incapable de faire sa part des engagements pris en son nom par la communauté internationale. S’il est vrai que les grands plans stratégiques et agendas transnationaux comportent fort souvent des lacunes et que la partie financement de ces objectifs de développement ont souvent manqué à l’appel, cela ne nous absout en rien de jouer notre partition. Et cela, ne date pas d’hier. Nous perdons de plus en plus nos matchs sans même fouler la pelouse.

C’était le cas pour les Objectifs du millénaire (OMD) des années 2000, il y a de fortes chances que l’histoire se répète pour les Objectifs de développement durable (ODD) signés et adoptés en 2015 par les États membres des Nations unies et dont l’échéance court jusqu’à 2030.

Du NPSA datant de 1981 au Programme d’action de Doha, adopté en 2022 par l’Assemblée générale des Nations unies, Haïti éprouve encore les mêmes difficultés à s’engager sur un sentier vertueux de stabilité et de croissance économique devant aboutir au développement durable.

Cet état de fait traduit éloquemment l’incapacité de nos différentes élites de faire montre d’appropriation, de conjuguer une vision nationale. Comme le dit si bien le coordonnateur national du Cadre de Coordination de l’Aide externe au Développement (CAED), Marc Anglade, le Programme d’action de Doha fournit un cadre, fixe un cap. «Le cadre d’action de Doha est une opportunité. On peut la saisir. On peut la rater. On peut en tirer parti, tout comme on peut passer à côté, à l’instar du Programme d’action d’Istanbul […]», estime Marc Anglade, lucide. À la classe dirigeante d’Haïti de déterminer les priorités nationales en accord avec le cadre global.

Pour l’instant, il s’agit au fait d’un vœu pieux plutôt que toute autre chose. Lors du dernier examen triennal en 2021, Haïti n’a atteint qu’un seul seuil de reclassement, à savoir celui de l’indice du capital humain (ICH), alors qu’actuellement 16 PMA se trouvent à divers stades du processus de reclasse- ment, dont quatre devraient bientôt être diplômés. En attendant le prochain examen, la route d’Haïti pour sortir de la liste des PMA est encore très longue.

DevHaiti

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