Inclusion financière : seulement 7% de la population du Nord est bancarisée
En matière d’inclusion financière, la situation d’Haïti n’est pas trop reluisante. «Selon une enquête menée par la Finscope en 2018, seulement 11% de la population haïtienne est bancarisée, 33% sont concernés par les autres institutions financières, 10% sont dans le système financier informel et 46% en sont exclus totalement. Pour le Nord, 7% de la population est bancarisée, 33% sont concernés par les autres institutions financières, 9% sont dans le système financier informel et 51% en sont exclus totalement », a révélé Me Florence Jacques, de la Direction juridique à la Banque de la République d’Haïti (BRH).
Par ailleurs, Me Jacques a poursuivi en évoquant plusieurs prestataires de paiement électronique qui, tout étant au service de l’inclusion financière, ont rendu les services de paiement plus accessibles, plus commodes, plus rapides, plus sécuritaires, plus pratiques et moins chers. «Cependant, l’enquête de la Finscope a révélé que 23% de la population haïtienne ont dit ne pas avoir assez d’information sur les services de paiement électronique, 12 % ont dit ne pas être au courant de leur existence, 13% ont dit ne pas avoir de l’argent, 10% ont dit ne pas avoir de téléphone portable et 6% ont dit ne pas faire confiance aux opérateurs mobiles», a indiqué le cadre de la BRH lors d’une intervention au Sommet régional de la Finance au Cap-Haïtien en décembre 2023.
Relever le défi de l’inclusion financière: une priorité de l’Etat
Pour Me Florence Jacques, l’intervention de la BRH avec sa monnaie digitale permettra de renforcer le secteur par la simple intervention de la puissance publique comme son émettrice unique, élargir l’accès à son utilisation en reproduisant certaines des propriétés du cash, avoir un cours légal, préserver la confidentialité, être converti en cash à tout moment.
«Cette monnaie va favoriser la distribution du crédit du fait de la réduction de l’asymétrie d’informations, la conservation de l’historique financier et par la connaissance du client. Elle pourra faciliter le développement économique à travers l’augmentation du pouvoir d’achat, le développement du commerce en ligne, la création de Fintech», a expliqué Me Florence Jacques.
«Pour encourager l’utilisation de la monnaie digitale de la Banque centrale, la BRH s’engage à faire de la publicité/ programme de sensibilisation, des programmes d’actions financières ciblées et à récompenser sous forme de cash back, des réductions sur des achats et des remises de points de fidélité. La BRH prévoit également des politiques complémentaires comme des programmes d’alphabétisation numérique, le développement d’infrastructures numériques et électrique, l’identification nationale des personnes, l’accès au téléphone mobile», a énuméré Me Jacques estimant que les innovations technologiques ou la transformation digitale peuvent et doivent faire de l’inclusion financière une réalité.
Les monnaies digitales ont le vent en poupe
Selon un rapport publié par le FMI en 2023, 93% de banques centrales étudient la possibilité d’émettre une monnaie digitale. 58% d’entre elles ont la probabilité d’émission à court et à moyen termes. Les Bahamas, le Nigéria, l’Union Monétaire des Caraïbes ont déjà émis leur monnaie digitale. La Suède et la
Jamaïque sont dans une phase pilote. L’Euro zone et les Etats-Unis sont en phase d’études. «En Haïti, nous sommes dans une phase d’étude et de conception», a-t-elle admis. Parmi les motivations des Banques centrales à émettre la monnaie digitale, nous avons la stabilité financière, l’inclusion financière, l’efficacité et l’efficience financière. «Nous autres à la BRH, nous nous accentuons sur l’inclusion financière. Nous voyons cette dernière comme étant l’accès de toute la population à des produits et services financiers. Nous sommes conscients que nous avons une très grande frange de la population haïtienne qui n’est pas bancarisée. C’est cette frange qui est notre principale cible. Si nous arrivons à inclure financièrement toute la population, cela contribuera à l’atteinte de plusieurs ODD, à la réduction de la pauvreté, à la stimulation de la croissance économique pour favoriser la distribution du crédit, à la réduction des inégalités de revenus et au renforcement de la stabilité financière», a longuement expliqué Me Florence Jacques.

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