Gouvernance

Insécurité, kidnapping et homicides en Haïti: les statistiques qui donnent froid dans le dos…

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La diffusion a duré plus de quatre heures, soit 4 heures et 48 minutes. Plusieurs professionnels sont intervenus sur la situation d’insécurité qui sévit dans le pays, tels que des journalistes, des médecins, des psychologues, des criminologues et des spécialistes en droits humains, etc. Parlant de spécialistes en droits humains, les présentateurs ont reçu Me Gédéon Jean et Mme Jocelyne Colas Noël qui ont présenté tour à tour le bilan des homicides et du kidnapping pour l’année 2021 et le premier trimestre de l’année en cours.

Bilan des homicides et des enlèvements contre rançon

Depuis 20 ans, la Commission épiscopale nationale justice et paix (CE-JILAP) s’inscrit dans une démarche de systématisation des morts violentes. Au cours de l’année 2021, 664 personnes sont mortes de manière violente, dont 590 atteintes de projectile. Selon les chiffres alignés par la coordonnatrice, Jocelyne Colas Noël. Par ailleurs, le Bureau intégré des Nations Unies (BINUH) a remarqué une augmentation de 17% des cas d’homicide pour l’année 2021, comparativement à l’année 2020. 1615 homicides ont été recensés par le BINUH.La responsable de la Commission justice et paix reproche les autorités judiciaires. Selon elle, l’impunité règne autant que la criminalité. «Il n’y a pas beaucoup parmi ces cas où des enquêtes ont été ouvertes […] voire condamner des coupables», regrette Mme Noël qui souligne que les enquêtes sont souvent réservées aux victimes ayant un statut social élevé.

Le kidnapping est phénoménal. L’on assiste à une recrudescence d’enlèvement contre rançon depuis 2020. Le BINUH a constaté une augmentation de 180% du phénomène en 2021, quand on compare l’année 2021 à 2020. 655 enlèvements contre rançon en 2021.

 La responsable de la Commission justice et paix reproche les autorités judiciaires. Selon elle, l’impunité règne autant que la criminalité. «Il n’y a pas beaucoup parmi ces cas où des enquêtes ont été ouvertes […] voire condamner des coupables», regrette Mme Noël qui souligne que les enquêtes sont souvent réservées aux victimes ayant un statut social élevé.

Le kidnapping est phénoménal. L’on assiste à une recrudescence d’enlèvement contre rançon depuis 2020. Le BINUH a constaté une augmentation de 180% du phénomène en 2021, quand on compare l’année 2021 à 2020. 655 enlèvements contre rançon en 2021.

Pour Me Gédéon Jean du Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), plusieurs facteurs ont contribué au développement du kidnapping. C’est la raison pour laquelle le Centre a décidé de mettre en place la Cellule d’observation de la criminalité (COC), question d’aborder la criminalité, dont le kidnapping, dans ses aspects complexes notamment en lien avec la politique, l’économie, les droits humains… et de comprendre son évolution.

Faisant du kidnapping un axe de travail, le CARDH a décelé 225 cas pour le premier trimestre de 2022 contre 142 pour le premier trimestre de l’année précédente. Ce qui donne lieu à une augmentation de 58%. Me Jean accuse les autorités d’un manque de volonté pour mener le pays dans la bonne direction. Il estime que chacun devrait prendre sa responsabilité face à cette situation, aussi bien la communauté internationale [Canada, États-Unis, etc.] qui a promu 160 millions de dollars à la Police nationale d’Haïti (PNH) pour son renforcement afin qu’elle combatte cette criminalité galopante. À noter que l’institution policière compte aussi plusieurs victimes dans son rang: agents, inspecteurs, et commissaires.

combatte cette criminalité galopante. À noter que l’institution policière compte aussi plusieurs victimes dans son rang: agents, inspecteurs, et commissaires.

En 2021, selon Me Jean, les proches des personnes kidnappées avaient l’habitude de verser une seule rançon aux bandits. Seulement dans trois situations, l’organisme de droits humains a relevé le versement de deux rançons pour un même cas de kidnapping. Fin 2021, soit en décembre, et premier trimestre 2022, la tendance a changé. Jusqu’à trois rançons sont versées aux bandits qui ne libèrent plus les victimes aux premiers versements des rançons. Le spécialiste en droits humains précise que ces chiffres sont des indicateurs utilisés pour quantifier le phénomène d’enlèvement contre rançon. Cela dit, les cas de kidnapping peuvent être plus élevés. Dans les cas de rapts collectifs par exemple, ce sont les plus petites estimations qui sont considérées.

La zone métropolitaine de Port-au-Prince est déclarée zone rouge, car les enlèvements y sont fréquents et elle est aussi utilisée comme itinéraire pour arriver à destination avec les personnes séquestrées. Toujours selon les déclarations de Me Gédéon Jean.

L’insécurité, un problème majeur

L’Observatoire citoyen pour l’institutionnalisation de la démocratie (OCID) a mesuré, dans une enquête réalisée au mois d’octobre 2021 et publiée le 2 mars 2022, le désarroi et la méfiance généralisés qui hantent le quotidien du peuple haïtien. Abdonel Doudou de Jurimedia et OCID est intervenu au nom de ces deux organismes pour donner des détails à propos de l’enquête.

 Le sondage révèle que le principal problème du pays est l’insécurité, selon 62,2 % des sondés. En 2015, lors du premier sondage de l’observatoire, 66% des sondés avaient déclaré que les problèmes économiques (le chômage, entre autres) constituaient les principaux problèmes du pays. L’insécurité arrivait en deuxième dans l’enquête de 2015. Les indicateurs économiques d’aujourd’hui sont plus défavorables par rapport à ceux de 2015, mais les citoyens ont malgré tout placé l’insécurité en première place dans le dernier sondage. «Ce qui montre que l’insécurité est un problème majeur et urgent qu’on doit résoudre», a déclaré M. Doudou durant son intervention téléphonique.

Cartographie des gangs

«Aucun démantèlement de gang. Aucun procès. Aucune condamnation», se plaint Marie Yolène Gilles qui est aussi intervenue par téléphone au nom de la Fondasyon Je Klere (FJKL). En février 2020, Mme. Gilles a déclaré avoir répertorié 23 foyers de gangs actifs dans la région métropolitaine.

Des crimes spectaculaires ont été commis par le gang des 400 Mawozo qui se trouve à Croix-des-Bouquets en essayant d’étendre ses tentacules sur Pernier et Torcell. Les gangs profitent de l’impunité pour multiplier leurs ramifications.

« Notre justice était en mode pause, maintenant elle est fermée », déplore la représentante de FJKL. « Le mois de juin prochain fera un an depuis que Port-au-Prince est coupé du grand Sud à cause de la prise en otage du tronçon de Martissant par des gangs », rappelle Mme Gilles.

Woo-Jerry Mathurin

DevHaiti

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