Jean Baden Dubois considère le numérique comme une priorité pour l’inclusion financière

Dans une interview accordée à l’Alliance Internationale pour l’Inclusion Financière (AFI), le Gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), Jean Baden Dubois, a relaté les leçons apprises pendant la pandémie du Covid-19. Il en a profité pour recommander à ses pairs de la FILAC l’utilisation de la technologie pour combattre l’exclusion financière.
« Le partage d’idées et d’expériences est essentiel pour faire progresser l’inclusion financière », a admis d’entrée de jeu Jean Baden Dubois, président de la FILAC. En effet, la BRH est la nouvelle présidente de l’Initiative d’inclusion financière (AFI) pour l’Amérique latine et les Caraïbes (FILAC), une initiative régionale lancée en 2016 en tant que force motrice pour faire progresser l’inclusion financière en Amérique latine et dans les Caraïbes.
« L’inclusion financière numérique est un domaine politique prioritaire qui permettra des améliorations. Avec la pandémie de COVID-19, le monde a pris conscience de l’urgence de se tourner vers et de s’appuyer sur des outils numériques financiers », a souligné M. Dubois qui, en tant que président de la FILAC, considère le numérique comme crucial pour renforcer l’inclusion financière dans la région au cours des deux prochaines années.
Une étude menée par Mastercard et Americas Market Intelligence, par exemple, a révélé qu’environ 40 millions de personnes sont entrées dans le système financier par des moyens numériques entre avril et septembre 2020 rien qu’en Argentine, au Brésil et en Colombie, a fait savoir le Gouverneur de la BRH.
« Les canaux numériques ouvriront le marché à de nouveaux acteurs et encourageront une plus grande collaboration avec les entreprises de technologie financière, ce qui conduira à l’inclusion financière d’un plus grand nombre de personnes dans la région. En fin de compte, la méthode d’intégration n’a pas d’importance. Ce qui compte vraiment, c’est d’inclure davantage de personnes dans le système financier, que ce soit par des moyens traditionnels ou non traditionnels », a-t-il poursuivi.
Selon Jean Baden Dubois, on estime qu’environ la moitié de la population d’Amérique latine (âgée de 15 ans et plus) n’a pas accès aux produits financiers. Selon Global Findex, la détention de comptes dans la région a grimpé à 54 % en 2017, contre 51 % en 2014 et 39 % en 2011. Bien que des progrès significatifs aient été réalisés ces dernières années, des améliorations sont possibles.
«Il existe de nombreux obstacles à une inclusion financière idéale dans la région. L’inclusion financière étant très complexe, créer un environnement durable signifie que de nombreux domaines doivent être considérés en parallèle», a soutenu le Gouverneur de la BRH, estimant en tout premier lieu que l’amélioration de l’accès à l’identification formelle facilitera l’intégration dans le système bancaire et permettra à un plus grand nombre de personnes de posséder un compte bancaire.
En complément, ajouté M. Dubois, l’éducation financière et la littératie financière permettront aux titulaires de comptes de prendre de meilleures décisions financières. Dans le même temps, des réglementations strictes sur la protection des consommateurs rendront plus attrayant pour les gens l’ouverture et l’utilisation de services et produits financiers.
Si pour le patron de la Banque centrale de nombreux éléments clés de l’inclusion financière sont étroitement liés, ce dernier demeure convaincu que l’inclusion financière est un processus constant, où l’implication à la fois du public et du privé s’avère nécessaire pour relever les défis.
S’agissant des leçons apprises de la pandémie et de la manière dont elles peuvent être utilisées pour favoriser l’inclusion financière dans la région, Jean Baden Dubois, Gouverneur de la Banque centrale, pense que Covid-19 a révélé la nécessité de travailler pour une économie plus égalitaire et un système financier durable.
« Il est donc important de mettre en place des cadres d’évaluation qui prennent en compte plus que les seuls aspects financiers – tels que la rentabilité – lors de l’investissement dans des projets visant à soutenir la résilience économique d’Haïti et la reprise après Covid-19 », a recommandé le responsable haïtien.
« Bien que ces projets doivent être rentables, ils ne doivent pas étouffer d’autres exigences, telles que l’éthique et la gouvernance. Aussi, est-il important d’avoir une réglementation financière qui puisse favoriser le financement de projets réellement éco-responsables et durables », a ensuite expliqué Jean Baden Dubois estimant qu’il s’agit du seul moyen de soutenir les Objectifs de Développement Durable (ODD), de vivre sereinement et de diminuer le déséquilibre de nos économies.
« Je soutiens fortement les activités qui favorisent l’inclusion financière des femmes. Mon rôle, en tant que président de la FILAC, est de défendre des politiques qui peuvent combler l’écart entre les sexes en matière d’inclusion financière de sept pour cent dans la région ALC. Nous pouvons le faire en renforçant les capacités financières des femmes pour mettre fin à cette disparité, ainsi qu’en faisant des progrès significatifs dans l’accès et l’utilisation des services financiers par les femmes », a déclaré M. Dubois.
En mai, a-t-il rappelé, le Comité de Coordination de l’Inclusion Financière d’Haïti, en collaboration avec la BRH, a lancé un forum dédié aux femmes rurales qui a conduit à la création d’un groupe de travail sur le genre et à l’identification de points focaux genre dans chaque département des ministères publics.
DevHaiti