La diversification des moyens de paiement, un moyen viable pour booster l’économie haïtienne
Dans tout système économique, pour faciliter les échanges de biens et de services, les citoyens ont recouru à des moyens qui sont, selon eux, de plus en plus sûrs. Avec l’avènement de l’argent comme moyen de paiement conventionnel ayant remplacé le système de troc, cela a permis aux utilisateurs de disposer d’un moyen standard pour évaluer les biens par rapport à ce qu’ils reçoivent en contrepartie.
Évolution des moyens de paiement
Avec le temps, l’argent a pris des formes différentes – pièces, billets, chèques, entre autres. Haïti dès sa fondation comme pays a hérité du système de troc puis a utilisé les systèmes de paiement en vigueur datant de la période coloniale dont le « peso gordo » espagnol d’où l’origine de la « gourde » puis la livre coloniale française et les pièces de monnaie de l’empire britannique en plus d’autres moyens plus rudimentaires parmi lesquels le tabac, le sucre et les lettres de change[1].
En dépit de l’adoption de la gourde comme principale monnaie d’échange, le pays a connu plusieurs crises à cause de la rareté des émissions de billets et des pénuries successives qu’a connues le pays de 1813 à 1880, qui ont poussé les présidents Alexandre Pétion et Jean-Pierre Boyer à lancer de vastes campagnes d’émission de monnaies, respectivement 300 000 et 3,5 millions de gourdes.
Les moyens de paiement utilisés en Haïti
Avec l’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), le monde a connu de grandes avancées en termes de moyens mis à la disposition des consommateurs en vue de conclure leurs transactions financières. Mais, compte tenu du faible taux d’inclusion financière, Haïti n’arrive toujours pas à profiter de ces avancées. Selon les experts de la BRH ayant travaillé sur le document intitulé « Le système de paiement en Haïti », il existe une prédominance du numéraire, c’est-à-dire l’utilisation des billets et des pièces de monnaie dans les transactions financières en général et surtout dans le secteur informel.
Il existe cependant d’autres formes de paiement qui doivent être plus accessibles au grand public. Il s’agit notamment de :
- Chèques
- Virement bancaire (local et international)
- Virement par compte mobile : un service qui s’est développé et offert par les compagnies de téléphonie mobile (Moncash/Natcash) à travers le pays à la suite des dommages causés par le séisme du 12 janvier 2010 ayant affecté les infrastructures bancaires qui desservaient en majorité les grandes villes.
Par ailleurs, des efforts ont été consentis par les autorités et les institutions financières afin de faciliter les transactions tant sur le plan local qu’international. Ainsi ont été développés des partenariats avec des acteurs tels Visa et MasterCard en plus des cartes de débit et de crédit qui sont utilisables localement. En Haïti actuellement sont disponibles les cartes bancaires suivantes :
- Carte de débit (utilisable localement)
- Carte de crédit (Visa ou MasterCard)
- Carte de débit (utilisable internationalement)
Avantages pour le consommateur
Disposer d’une de ces cartes bancaires (débit/crédit) permet aux utilisateurs d’effectuer des paiements rapides dans les entreprises partenaires et d’éviter la circulation de trop d’argent liquide, ce qui lui garantit une certaine sécurité.
Mis à part l’aspect sécurité, l’utilisateur a un accès aux fonds s’il y a une urgence et peut faire des retraits d’argent dans des distributeurs automatiques (ATM) à travers le monde. Avoir une carte facilite également une meilleure gestion du budget car certaines dépenses peuvent être programmées à l’avance et celles effectuées antérieurement peuvent être répertoriées à partir du relevé mensuel fourni par les institutions bancaires.
Toutefois, l’utilisateur de ces cartes bancaires peut devoir payer des taux d’intérêt élevés, jusqu’à 69,59 % l’an selon l’économiste Thomas Lalime[2], de même que des frais annuels et des frais de transaction.
En dépit de ces avancées, une part significative des transactions se fait encore en argent liquide, ce qui alimente les risques encourus par les utilisateurs. Pour résoudre ce problème, il faudra faciliter l’inclusion financière de la majorité en leur donnant accès aux moyens modernes de paiement (électronique entre autres). En effet, cette mesure réduira le temps qu’il faut pour se procurer de l’argent liquide quand il revient à payer un service ou conclure une transaction financière et, de surcroit, avoir un meilleur contrôle sur ce qui se fait dans l’économie.
[1] Le système de paiement en Haïti (Document d’information de la Banque de la République d’Haïti)
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