La faucheuse de l’insécurité !

Le climat d’insécurité généralisée qui prévaut actuellement dans le pays paralyse tout et fait sombrer dans l’indifférence la plus totale toute autre préoccupation majeure de la vie nationale. La machine infernale de l’insécurité, pilotée par les gangs armés qui multiplient les cas de kidnapping, roule à tombeau ouvert semant sur son passage deuil et désolation.
Port-au-Prince et ses environs sont sur le qui-vive. Les citoyens ont depuis quelque temps perdu le loisir de vaquer librement à leurs occupations sans que la peur et l’angoisse de se faire kidnapper ne trottent dans leur tête. La nuit tombée, les rues de la zone métropolitaine de Port-au-Prince sont désertes, ténébreuses, et ressemblent à un vaste cimetière à ciel ouvert.
La Police nationale, complètement dépassée, a perdu la main, et l’État, délabré et failli, n’est plus du tout en mesure de garantir à la population le premier des biens publics, à savoir la sécurité des vies et des biens. La libre circulation des personnes et des marchandises d’un point à un autre du territoire n’est pas du tout prise en charge par aucune instance concernée.
Les citoyens sont livrés à eux-mêmes. Chacun se protège comme il peut. On se barricade chez soi à la disparition des dernières lueurs du jour. On se limite à des déplacements strictement obligatoires au cours de la journée. On est en alerte rouge dès qu’on pointe le bout de son nez hors de chez soi. Le moindre fait insolite, une fausse manœuvre d’un motocycliste ou d’un autre automobiliste, par exemple, paraît suspect. La vie nocturne est à l’agonie.
C’est dans cette ambiance sinistre et macabre qu’Haïti vient d’entamer le nouvel exercice fiscal 2021-2022, sur fond de perspectives négatives pour l’économie nationale et avec un budget reconduit qui peine de plus en plus à financer les projets d’investissement public. À l’image de ses citoyens, l’État végète et patauge.
Avec une pression fiscale en berne, on s’attend sans surprise à un déficit record et au recours abusif du financement monétaire. Il n’est nullement besoin de dons particuliers pour prédire, sans risque de se tromper, que les conditions de vie vont encore se dégrader à un rythme torrentiel et que la pauvreté et la misère iront en s’accentuant. Et, dans ce schéma apocalyptique, si la politique du “ne rien faire” se perpétue, les tensions sociales et politiques risquent de se creuser davantage et pavent la voie au pullulement des gangs armés qui ne se feront aucunement prier pour se répandre comme des mauvaises herbes.
Malheureusement, la volonté ainsi que la capacité pour contrer cette réalité désastreuse font cruellement défaut au plus haut niveau de l’État de ce pays, qui n’est plus dirigé ni administré.
En ce début d’année fiscale, qui nous rapproche de plus en plus de l’échéance 2030, le développement durable est plus un lointain souvenir qu’un objectif à atteindre prochainement. En dépit de la conjoncture délétère, l’équipe de DevHaiti se fait un devoir de souhaiter à son fidèle lectorat une bonne et fructueuse année fiscale 2021-2022.
DevHaiti