La pêche, un secteur rempli de potentiel mais sous contraintes
Le secteur de la pêche a un potentiel économique et financier énorme en Haïti. Avec ses 1,535 km de côte, Haïti représente le deuxième pays de la Caraïbe, après Cuba, bénéficiant d’une si vaste étendue d’eau de mer, ce qui offre des potentialités considérables en matière de pêche. Ce secteur, moyennant des politiques publiques efficaces, peut être un véritable levier de croissance et de lutte contre les inégalités sociales dans le pays.
La pêche, comme tous les sous-secteurs agricoles d’ailleurs, est un secteur pourvoyeur d’emplois aidant à une grande quantité de familles haïtiennes. Selon les dernières données du ministère de l’Agri- culture des Ressources Naturelles et du Développe- ment Rural (MARNDR), 52 000 familles dont 21 000 actives en bénéficient directement. Ces familles sont reparties dans 420 localités et disposent de 26 000 unités de pêche. Le ministère a aussi recensé un complexe de 14 800 pirogues, 10 000 bateaux à voile et 1 200 bateaux à moteurs.
Le niveau de ce complexe est loin de faire de la pêche une véritable industrie en Haïti. En effet, la production est très basse par rapport au potentiel que le pays dispose. Le niveau de production est aux alentours de 16 000 tonnes de fruits de mer par an, reparti principalement en 10 000 kg de concombres de mer et 6 400 kg d’anguilles.
Haïti exporte environ 800 tonnes de fruits de mer par an et compte seulement 7 exportateurs. Les exportations de fruits de mer sont ainsi reparties: langoustes 160 tonnes, concombres de mer 4,000 kilos ; les anguilles 6,400 kilos ; poissons ornementales 1,600,000 unités ; crabes 720kg lambis. Le pays importe autant qu’il en produise de fruit de mer pour subvenir à la demande locale. Les importations sont composées de harengs ; chinchards (poissons “pépé) et du tilapia qui représente près de 70 % de la consommation locale.
Le secteur de la pêche fait face à de nombreuses contraintes selon le MARNDR qui nuisent à son développement. Les contraintes sont d’ordre infrastructurel, institutionnel et sociopolitique. Le MARNDR a relevé les 10 contraintes les plus pertinentes:
– Faiblesse des structures étatiques pour réguler, coordonner et encadrer le secteur;
– Détérioration des conditions environnementales;
– Manque d’infrastructures de développement et de services (chaine froide – débarcadères – routes);
– Manque de données scientifiques comme base de décision;
– Manque d’application de la législation régissant la pêche;
– Absence d’investissements directs privés;
– Faible niveau économique des pêcheurs;
– Carence chronique de cadres;
– Faible niveau d’éducation; Instabilité socio-politique.
Afin de pallier les différentes contraintes, le MARNDR s’est d’abord donné une vision à long-terme qui est d’arriver à créer un secteur où les ressources peuvent apporter une contribution optimale et durable au développement économique y compris à la sécurité alimentaire et nutritionnelle contribuant ainsi à la réduction de la pauvreté et à la création d’emplois dans les communautés côtières.
Cette grande vision accouche une stratégie dont les principales actions seraient:
– L’installation des Dispositifs de Concentration de Poissons;
– La modernisation des embarcations;
– Le développement de l’aquaculture au lieu de la pêche traditionnelle.
DevHaiti

