La rareté de l’eau devient préoccupante !

Le dernier épisode de «Peyi lock», alimenté en grande partie par les revendications de la population contre la rareté et aussi la hausse des prix du carburant, a mis au devant de la scène un certain nombre d’autres problèmes. Devenue récurrente en Haïti depuis quelques temps, le manque d’infrastructures de base conjugué à l’insécurité a poussé pratiquement le pays entier à une crise grave d’accès à l’eau potable sans précédent.
Cette crise qui se poursuit encore met en grandes difficultés bon nombre de foyers ne disposant pas réellement d’installations de distribution d’eau courante. L’apparition récente de nouveaux cas de cholera en Haïti constitue la dernière goutte d’eau qui pourrait faire déborder le vase.
Dans beaucoup de quartiers, notamment dans ceux les plus populeux de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, les habitants voient de toutes les couleurs quand il s‘agit de s’approvisionner en eau courante. Dans les hauteurs, à Delmas, Pétion-Ville et dans les environs de Kenscoff, le prix du camion d’eau flambent quand il est encore disponible.
En l’espace de quelques mois, le prix du camion est passé de 3 000 à 6 000, gourdes avant de se situer dans les 15 000 gourdes pendant la crise aigüe du carburant entre octobre et novembre 2022. Fabiola Jean Pierre, 24 ans, mère d’une petite fille, nous explique ses déboires quand elle doit se procurer de l’eau potable, pour faire cuire ses aliments, se laver, laver ses linges et même pour la chasse de son WC. En rien de temps, le seau d’eau est passé de 7 à 25 gourdes, puis de 25 à 50 gourdes, voire de 75 gourdes dans certains endroits du haut de Delmas.
Dans les environs de la commune de Pétion-Ville, la Direction nationale de l’eau Potable et de l’Assainissement (Dinepa) dispose de quelques installations pour amener l’eau jusque dans les robinets des plus grands hôtels et restaurants et d’autres catégories de clients commerciaux privilégiés. Comme l’eau n’est toujours disponible dans les foyers résidentiels, des malfrats vont jusqu’à détourner ces conduits pour stocker l’eau et alimentent un business rentable en ces temps de pénurie.
Un Pétion-Villois, qui a requis l’anonymat, a confié à la rédaction de DevHaiti que certains vont jusqu’à corrompre les vanniers pour une meilleure desserte de leur quartier à des fins commerciales. En ces temps de rareté d’eau, ceux qui ont la capacité de stockage commercialisent même l’eau de pluie. De 15 à 30 gourdes, le prix du seau d’eau varie d’un quartier à un autre. Un fait est certain le business fonctionne, et les plus vulnérables risquent de payer le prix fort notamment avec la recrudescence des cas de choléra.
DevHaiti