La transformation des systèmes alimentaires comme accélérateur pour l’atteinte des ODD
Malgré les difficultés de toutes sortes que connait le secteur agricole haïtien, entrainant une chute dans sa contribution dans la création de richesse, il se positionne en deuxième position en termes de contributeur au Produit Intérieur Brut (PIB) et emploie près de la moitié de la population du pays.
Selon Harmel Cazeau, responsable de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), Haïti possède un fort potentiel de transformation des systèmes alimentaires en tant que catalyseur puissant pour atteindre les ODD dans les domaines de la nutrition, de la socio-économie et de l’environnement. De plus, a-t-il poursuivi, le secteur agroalimentaire peut jouer un rôle essentiel en tant que moteur de croissance économique durable, sous réserve de résoudre les contraintes liées aux facteurs naturels, à l’investissement public et privé, à la modernisation de l’État et à la mise en œuvre de réformes.
Lors du dialogue multi-acteurs sur le financement des ODD, qui s’est tenu les 5 et 6 septembre 2023, M. Cazeau a donc formulé des propositions pour financer l’amélioration de la productivité agricole, en mobilisant à la fois l’État et le secteur privé. Cela implique, d’après lui, la mise en place d’infrastructures agricoles et hydro-agricoles, la promotion de la recherche et de l’innovation dans le domaine agricole, la création d’un cadre macroéconomique favorable, l’établissement d’un cadre juridique définissant le statut juridique des exploitants agricoles, la mise en place de mécanismes de gestion des risques, ainsi que des programmes de financement et d’appui à l’entrepreneuriat agricole. « Par ailleurs, il est recommandé de protéger les terres agricoles contre l’urbanisation crois- sante dans les zones à fort potentiel agricole », a-t-il argué.
Selon les calculs du coordonnateur de la CNSA, les besoins financiers pour les systèmes alimentaires sont estimés à environ 2 milliards de dollars américains sur une période de 10 ans. Les systèmes agroalimentaires sont au cœur du financement du développement durable et ils permettront de catalyser la transformation d’autres secteurs à travers l’adoption de politiques sectorielles coordonnées.
«Il est essentiel de mettre en place un partenariat tripartite entre le secteur public, le secteur privé et les bailleurs de fonds, ainsi qu’à l’exploration de mécanismes innovants pour générer un effet de levier financier», a indiqué M. Cazeau, à titre de recommandations.
Transformation des systèmes alimentaire
«L’un des axes prioritaires du CINF est la transformation des systèmes alimentaires, qui englobe la production, la transformation, la distribution et la consommation des aliments. Ce secteur est essentiel pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la réduction de la pauvreté, la protection de l’environnement et la résilience aux changements climatiques», a rappelé Dieuvet Michel, directeur du Bureau de crédit agricole (BCA).
Parmi les principaux éléments de contexte qui caractérisent le secteur agricole haïtien et qui constituent des défis à relever pour sa transformation, M. Dieuvet Michel a eu à citer:
● La position géographique du pays, qui le rend vulnérable aux catastrophes naturelles telles que les cyclones, les séismes et les inondations.
● Les caractéristiques physiques du territoire, qui sont majoritairement montagneuses et érodées, limitent les surfaces cultivables et favorisent la déforestation.
● Les caractéristiques des exploitations agricoles, qui sont majoritairement petites, familiales, peu productives, peu diversifiées et peu rentables.
Elles souffrent également d’un manque d’accès aux intrants de qualité, à l’irrigation, au financement, à l’assurance, à la formation et au conseil.
● Le statut juridique des exploitations agricoles, qui est souvent inexistant ou précaire, entravant leur accès aux programmes d’appui et aux droits fonciers.
● Le problème d’insécurité, qui affecte tant le milieu rural que le milieu urbain et qui menace la vie des agriculteurs, la circulation des produits agricoles et la stabilité politique et sociale du pays.
Au nombre des recommandations de M. Dieuvet Michel pour renforcer le secteur agricole et favoriser sa transformation vers des systèmes alimentaires durables, on peut citer :
● Résoudre le problème de statut juridique des exploitations agricoles, en facilitant leur enregistrement légal, en sécurisant leurs droits fonciers et en adaptant leur taille aux besoins du marché.
● Mettre en place des mécanismes de gestion des risques, tels que l’assurance agricole et l’assurance prix, pour protéger les revenus des agriculteurs et attirer des investissements dans le secteur.
● Doter le secteur agricole d’un système de financement accessible et adapté, en mobilisant des ressources publiques et privées, en créant des instruments financiers innovants et en renforçant les capacités des acteurs financiers.
● Adopter des mesures visant à protéger les terres agricoles contre la montée de l’urbanisation, en réglementant l’usage des sols, en promouvant l’agriculture périurbaine et en sensibilisant les populations aux enjeux fonciers.
● Réformer le MARNDR pour concentrer ses efforts dans les services essentiels tels que l’orientation stratégique, la qualité des intrants, la recherche, la vulgarisation, la production de données, etc.
DevHaiti

