Développement durable

L’accès à l’eau, véritable problème mondial

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L’eau est d’une importance capitale pour le développement durable. C’est pourquoi, la distribution d’une quantité d’eau suffisante et de qualité à tous est prise en compte dans l’agenda 2030 de l’ONU. Dans un contexte où la quantité de l’eau disponible à l’humanité se raréfie, mettant des régions en entier dans des situations de stress hydrique, une gestion efficace de l’eau est nécessaire. Selon un rapport de l’ONU en 2015, le monde devra faire face à un déficit hydrique de 40% dès 2030. La rareté de l’eau, fera du stress hydrique le principal problème du 21ème siècle. Actuellement, il y a 2 milliards de personnes qui sont touchées par le problème du stress hydrique. Chaque année, l’Unicef dénombre 2.6 millions de personnes qui meurent en raison des maladies liées à l’eau et à un environnement de qualité. Cependant, de réels progrès ont été réalisés au cours des dernières décennies, car entre 2000 et 2017, le nombre de personnes ayant accès à l’eau est passé de 5 à 6.5 milliards. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), 1.3 milliard de personnes, soit 17% de la population mondiale, doivent parcourir près de 30 minutes pour avoir accès à l’eau.

Selon le PNUD, 5,2 milliards de personnes, soit 71% de la population mondiale en 2015, avaient accès à une source d’eau sûre mais 844 millions de personnes n’ont pas encore accès à de l’eau potable. L’un des grands problèmes que généralement dénoncent les organismes responsables de promouvoir l’accès à une quantité suffisante d’eau potable comme un droit fondamental de l’homme, est la pollution des cours d’eau.

Selon les Nations Unies, 80% des eaux usées sont rejetées dans les cours d’eau sans traitement adéquat. Cette pratique, très fréquente notamment dans notre pays, est un signe de nonrespect à l’environnement et une grande entrave pour le développement durable. Du côté de l’assainissement, le PNUD a aussi révélé que 2.9 milliards de personnes pour la même année avaient accès à un assainissement sécuritaire. Cependant le nombre de personnes qui n’ont pas cet accès est de 2.3 milliards, et 892 millions de gens défèquent toujours en plein air.

Tenant compte des différentes régions du monde, de grandes évolutions ont été constatées entre 2000 et 2015 dans les régions de l’Asie de l’Est et AsiePacifique où le pourcentage de personnes n’ayant pas accès à l’eau est passé de 20% à 6%. L’Afrique Subsaharienne pour sa part n’a connu qu’une amélioration relative. Dans l’Est et le Sud de l’Afrique, la part des habitants n’ayant pas accès à l’eau est passée de 59% en 2000 à 47% en 2015. Donc la région fait toujours face à un problème sérieux d’accès à l’eau. Dans le graphique suivant, nous avons l’évolution de la situation des différentes régions du monde en termes d’accès à l’eau. Le continent africain, plus particulièrement dans sa partie d’Est Australe, est la région qui fait face le plus au problème d’accès à l’eau.

Focus sur Haïti.

En Haïti, les faiblesses d’investissement et de bonnes pratiques de gestion dans le secteur de l’eau empirent chaque jour davantage la situation des citoyens en termes d’accès à ce bien vital. Malgré le fait que notre pays dispose de grandes quantités de ressources en eau, à la fois de surface et souterraine, plusieurs de nos communes font face à de graves situations de stress hydrique. C’est le cas en 2019, des communes comme Cornillon dans le département de l’Ouest, d’Anse-Rouge dans le département de l’Artibonite ou de l’Ile de la Tortue dans la commune du Nord-Ouest, mais aussi le cas de plusieurs sections communales même au niveau de la zone métropolitaine. Selon la Banque mondiale, qui fait de la question de l’eau l’une de ses priorités en Haïti, entre 1990 et 2015, il y a eu une diminution de 4% de la population ayant accès à des sources améliorées d’eau, cette proportion est ainsi passée de 62% à 58%. Le problème de l’accès à l’eau potable touche naturellement beaucoup plus la population pauvre en Haïti car la moitié d’entre elle reste privée d’un accès à des infrastructures sanitaires alors que 30% dépendent d’installations améliorées.

Au niveau régional, il existe des disparités entre les différentes régions du pays. En 2017, la Direction Nationale d’Eau Potable et Assainissement (DINEPA) a réalisé un inventaire des infrastructures d’eau potable en Haïti pour montrer la distribution géographique de l’eau. Les taux d’accès à l’eau ont connu une variation entre 28% pour le département de la Grand-Anse à 57% pour le Sud et le Centre. Les disparités sont beaucoup plus criantes si nous considérons les sections communales : au sein du département de l’Artibonite, les taux d’accès vont de 7% à 74%, et dans la GrandAnse, ils varient de 0% à 55%. La Banque mondiale a aussi établi le fait qu’une bonne partie de la population, soit 25.8% (contre 10% en 2006) de la population, recourent au service du secteur privé pour s’approvisionner en eau. Cette situation traduit les faibles niveaux d’investissement effectués par le secteur public pour subventionner l’eau. A titre de comparaison, les subventions accordées au carburant sont supérieures à celles accordées à l’eau. En effet, en 2017, les transferts budgétaires de l’Etat reversés à la DINEPA s’établissaient à 69 millions de dollars, soit 0.8% du PIB, tandis que les subventions au carburant comptent pour 2% du PIB. Nous avons besoin donc de plus d’investissements publics et d’une meilleure gestion de cette ressource. Pour cela l’Etat, à travers son budget, doit donner plus de subventions au secteur de l’eau. Les collectivités territoriales doivent aussi jouer un rôle plus actif et nous-mêmes, citoyens, nous devons changer de comportement en évitant la pollution et le gaspillage de l’eau.

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