Économie

Lancement officiel de FinScope, une enquête pour mieux connaître les MPME en Haïti

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Lancement le mardi 1er février 2022 à l’hôtel Karibe Convention à Pétion-Ville, de FinScope, une enquête visant à recueillir des informations sur les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) fonctionnant en Haïti en vue de faciliter une meilleure inclusion financière des agents économiques. Cette activité a eu lieu dans le cadre de la tenue du forum des Entrepreneurs qui s’est tenu du 1er au 3 février 2022 autour du thème « Vers une relance économique plus résiliente ! ».

Sous le haut patronage du comité de coordination de la stratégie nationale d’inclusion financière présidée par le ministère de l’Économie et des Finances (MEF), avec le support financier de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), la Banque de la République d’Haïti (BRH) a procédé le mardi 1er février 2022 au lancement de l’étude FinScop – MPME – Micro, petites et moyennes entreprises à travers ce forum se déroulant en présentiel et à distance

« Il s’agit d’attaquer la défaillance du système d’information sur le secteur, un secteur très important, un secteur capital, qui est le secteur des entrepreneurs à travers les micro, moyennes et petites entreprises ». C’est ce qu’a fait savoir d’entrée de jeu, Patrick Saint-Pré, maître de cérémonie et journaliste économique pour cadrer l’événement du jour. « Il n’est point à démontrer combien ce secteur est important pour l’économie réelle d’un pays ». Le lancement de cette étude, la première du genre en Haïti, vise à réduire l’asymétrie dans la disponibilité de l’information pour une meilleure prise de décision avec des données clés en main.

Un pas important vers la production de données fiables

Selon le gouverneur de la Banque centrale, Jean Baden Dubois, cette enquête prévoit d’offrir au secteur public, privé et universitaire, entre autres, un cadre complet d’information sur les micro, petites et moyennes entreprises qui évoluent tant dans l’informel que dans le formel, de manière à élaborer des politiques afin de faciliter une meilleure exploitation et une optimisation du développement du secteur.

L’activité s’articule autour d’un triple couplet complexe, croit M. Dubois. D’abord, il s’inscrit dans le cadre des préoccupations non seulement du gouvernement, mais aussi de la Banque centrale visant à entreprendre un ensemble d’activités dans une perspective de relance économique plus résiliente à travers la stimulation de l’investissement issu d’un renforcement de l’écosystème des MPME.

«Ensuite, il s’agit d’appréhender l’inclusion financière dans le contexte de l’offre, dans le sens de l’accès des MPME aux services financiers, en particulier, au crédit en fonction des informations que disposent les créditeurs du système sur ce secteur», a-t-il souligné, ajoutant que les résultats de l’étude viendront renforcer le travail du bureau d’information.

En dernier lieu, l’activité s’inscrit dans une démarche d’informer la population et des acteurs du secteur privé, notamment ceux des MPME sur la réalisation de ces enquêtes pour lesquelles leur collaboration est d’importance. «Il s’agit d’un pas important vers la production de données statistiques fiables et récentes sur le secteur des MPME à l’intention entre autres, du milieu des affaires, du secteur financier, des entrepreneurs, des investisseurs nationaux et internationaux, des organisations internationales, de la coopération technique et financière. À l’intention des chercheurs, des universitaires et du grand public en général», a-t-il ajouté.

Ce forum, selon lui, revêt d’une importance capitale pour les MPME. « Le développement d’un pays et l’emploi dans un pays passent obligatoirement par les micro, petites et moyennes entreprises », a fait savoir le gouverneur de la BRH dans son allocution, rappelant qu’en Haïti, nous avons une multitude de MPME, malheureusement non répertoriées. « Par conséquent, non supportées », regrette M. Dubois, ajoutant que ce forum offre l’occasion de mettre en valeur les MPME qui travaillent dans tout le pays à fournir des emplois et à soutenir la production nationale. Le Forum participe pleinement à la promotion de la stratégie de l’inclusion financière et du plan national d’éducation financière.

Les MPME fournissent 80% des emplois en Haïti

Pour Christopher Cushing, représentant de l’USAID en Haïti -partenaire financier de l’enquête FinScope- cette étude aidera les MPME des zones rurales à trouver des capitaux dont elles ont besoin pour fonctionner. «Les MPME sont une composante essentielle de l’économie haïtienne, puisqu’elles fournissent plus de 80 % des emplois du pays», a fait savoir M. Cushing dans son intervention.

Il rappelle que son institution a, au cours des dix dernières années, aidé plus de 12 mille MPME à accéder à des prêts pour pouvoir démarrer. Pour lui, l’activité vise à augmenter la capacité des ménages et des MPME, mal desservies dans les zones rurales à mieux gérer leurs affaires et à accéder aux services financiers. «Cette enquête fournira au grand public et au secteur privé une base de références crédibles pour le développement des politiques publiques et des produits d’inclusion financière».

M. Cushing estime que l’enquête donnera également un aperçu des obstacles dans la croissance du marché. Elle fournira des données nécessaires pouvant aider des programmes futurs.

De son côté, le ministre de l’Économie et des Finances, Michel Patrick Boisvert, qualifie d’un nouveau pas dans l’amélioration des conditions de vie des citoyens, la tenue de cette cérémonie de lancement d’activités dans le cadre de l’inclusion financière de la population haïtienne. «Les MPME constituent le pivot de la vie économique. Il existe une corrélation positive entre le niveau de l’inclusion financière et celui de la pauvreté dans les différentes régions du pays», révèlent les constats dont il fait état.

La crise sanitaire qui a forcé la mise aux arrêts de l’appareil productif, la dégradation du climat des affaires, la détérioration de la situation sécuritaire du pays et les impacts du séisme du 14 août 2021 qui a dévasté la péninsule sud – autant de situations qui ont compliqué la vie économique ces dernières années.

«L’enquête FinScope exprime la volonté du gouvernement et de ses partenaires de travailler ensemble pour doter le secteur public de données susceptibles de guider sa politique publique», a-t-il dit, rappelant que l’actuelle étude vise à mettre en évidence les possibilités de financement dans le secteur mais aussi aider à renforcer les interactions entre les différents acteurs de l’écosystème en offrant un cadre de référence pour des discussions autour des défis et des opportunités d’affaires.

«Il est clair que l’enquête trouve sa pleine justification dans la nécessité d’augmenter le revenu de nos entrepreneurs afin de les aider à s’extirper de ce cycle vicieux de la pauvreté avec incidence sur le niveau global de l’inclusion financière dans le pays. Vice-versa», fait-il savoir.

Il soutient qu’une équipe de pilotage a été mise sur pied pour superviser la conception et l’exécution de l’enquête. Le comité est co-présidé par la BRH et la USAID. Il comprend notamment, à titre de membres: le MEF, le ministère du Commerce (MCI), la Direction générale des Impôts (DGI), le Centre de Facilitation des Investissements (CFI), la SOFIHDES, la FDI, et le CTPEA.

Mettre en exergue les contraintes du système

Pas moins de 4 mille MPME vont participer à cette étude. «Le secteur informel sera en partie cartographié donnant ainsi une vue plus claire sur 60 à 80 % de notre économie», a fait savoir le ministre de l’économie et des finances, Michel Patrick Boisvert. «La stratégie que nous poursuivons vise spécialement, les entrepreneurs non seulement pour les amener à s’enregistrer, mais surtout les porter à s’approprier réellement d’une manière de faire qui tienne compte des méthodes de fonctionnement modernes et rationnelles capables».

Pour sa part, le Premier ministre, Dr Ariel Henry, a affirmé que les résultats de l’enquête devront fournir une photographie réelle de la situation du secteur des MPME, important dans notre issue économique. «[Elle doit] mettre en exergue les contraintes qui freinent leur développement et proposer  des  solutions  pertinentes  qui  nous permettront d’avancer vers une relance économique plus résiliente», a-t-il indiqué.

De l’avis du chef du Gouvernement, de ce résultat dépendra, la pertinence des politiques publiques qui seront définies en vue de nous engager résolument sur la voie de l’amélioration de l’inclusion financière en Haïti. L’étude lancée revêt une importance capitale non seulement pour les chercheurs, le secteur financier, l’université, les pouvoirs publics, mais aussi pour ses partenaires techniques et financiers internationaux, a expliqué Dr Ariel Henry.

L’efficacité de la prise de décision en matière de politiques publiques ou de renforcement de capacités dans un secteur est bien souvent en fonction de la qualité des données statistiques disponibles dans ce secteur, a-t-il affirmé. «Des personnes pauvres ou à faible revenu, en particulier, les femmes, les jeunes et les habitants des zones rurales sont les plus exclus. Elles sont obligées de recourir à des mécanismes informels, moins fiables et souvent très coûteux pour gérer leur besoin financier», critique le PM.

Toutefois, il admet qu’il reste beaucoup à faire pour arriver à réduire sensiblement le nombre des compatriotes qui sont financièrement exclus. Aussi dit-il attendre beaucoup des résultats de l’étude lancée lors de ce forum. «La rupture passe aussi par l’inclusion financière de nos compatriotes exclus qui sont les oubliés du secteur financier», a-t-il rappelé.

Les débats engagés lors des deux derniers forums sur l’entrepreneuriat organisés par le Comité de Coordination et de Suivi de la Stratégie nationale d’inclusion financière ont mis l’accent sur la défaillance du système d’information sur le secteur des MPME. Une situation qui compromet l’accès aux crédits à des agents économiques du secteur.

L’enquête sera réalisée par le FinMark Trust et le Diagnostic & Development Group S. A, les deux firmes gagnantes de l’appel d’offres. Les deux représentants de ces institutions, respectivement Abel Mostomi et Isnel Percival, ont présenté la méthodologie de la collecte de l’information de l’enquête au cours de la journée de lancement.

 L’étude fait suite à l’enquête d’envergure FinScope 2018 qui a permis de comprendre les lacunes à combler en matière d’inclusion financière en Haïti au niveau des ménages où 46 % de la population n’a pas accès au moins à un service financier.

L’étude a été lancée en présence du Premier ministre  Dr  Ariel  Henry;  Christopher  Cushing, Représentant de l’USAID ; le ministre de l’Économie et des Finances Michel Patrick Boisvert; des membres du gouvernement; le Secrétaire général de la présidence ; le directeur du cabinet du Premier ministre et des membres du Conseil d’administration de la BRH dont le gouverneur Jean Baden Dubois.

DevHaiti

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