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Le Corridor du Nord : entre défis, potentiels et opportunités

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Du 14 au 16 décembre, tous les projecteurs étaient braqués sur le Nord grâce au Sommet régional de la Finance organisé par le Group Croissance et ses partenaires. Pour l’occasion, place nette a été faite au panel des présidents de Chambre de Commerce et d’Industrie du Nord, du Nord-Est et du Nord-Ouest. Ces derniers ont pu donc à leur aise s’étaler sur les opportunités que recèlent leur région et surtout élaborer sur le concept de Corridor du Nord.

Dans le cas de la gestion déléguée, une entreprise privée est engagée pour gérer les opérations quotidiennes d’une installation portuaire au nom de l’autorité publique. Cependant, contrairement à une concession, la propriété de l’infrastructure reste entre les mains du secteur public. Quant au partenariat pour le développement des infrastructures, il vise à mobiliser des investissements privés pour développer de nouvelles infrastructures portuaires. Les entreprises privées peuvent être impliquées dans le financement, la conception, la construction et l’exploitation des installations avec des mécanismes de récupération des coûts sur une période convenue.

Pour le partenariat pour le développement des terminaux, il y a concentration spécifique sur le développement et la gestion de terminaux spécialisés au sein du port. Les entreprises privées peuvent être impliquées dans la conception, la construction et l’exploitation de ses terminaux. Il y aussi l’alliance stratégique où il y a une collaboration plus étroite entre le secteur public et des entreprises privées dans la planification du développement, la gestion des opérations et la promotion du commerce.

«Nous avons appris qu’un engagement vis-à-vis du programme est primordial pour son succès ; les procédures standards et les normes internationales en matière de PPP doivent être adapté au contexte local; le processus de planification des investissements publics est primordial pour identifier des projets potentiels ; les partenaires multilatéraux sont importants pour le développement du programme ; le renforcement des capacités de sensibilisations des parties prenantes au PPP est partie intégrale du succès ; les contraintes en termes de ressources des parties prenantes au Partenariat Public Privé (PPP) doivent être prises en compte ; il faut identifier quel sera le financement pour le développement, la définition et l’exécution de projets PPP ; les lois d’appel d’offres existantes doivent être mises à jour pour prendre en compte les Partenariats Publics Privés (PPP)», a expliqué le cadre du MEF.

En termes de réglementation, tout un cadre légal nous permet de parler des PPP. «Il y a la loi de 2009 sur la modernisation des entreprises publiques, la loi fixant les règles générales aux marchés publics et aux conventions de concession d’ouvrages de service public du 5 juin 2009, la loi portant sur l’organisation du secteur de l’eau potable et de l’assainissement du 11 mars 2009 de la DINEPA et le décret du 29 septembre 1980 créant et organisant l’Autorité Aéroportuaire Nationale», a énuméré M. Bélinette.

Photo crédit: LeNouvelliste

«Nous sommes au moins sûrs d’une chose: la répartition des richesses se fait d’une manière inégale sur le territoire national. Il y a Port-au-Prince où tout se concentre laissant rien aux autres régions. Nous avons un problème de données qui se pose dans les prises de décisions. Nous devons faire l’état des lieux avec les acteurs concernés. Le développement doit être pensé», a fustigé Albert Pierre Paul Joseph, président de la CCI du Nord-Est.

Nous autres, au niveau des chambres de commerce, a-t-il poursuivi, avons compris cette nécessité de mise en commun pour changer la donne. «Nous faisons une reconsidération de la région du Nord en tenant compte d’une connexion entre Ouanaminthe et Mole Saint-Nicolas par voie terrestre et de Fort-Liberté au Mole Saint-Nicolas par voie maritime. Nous sommes en train d’évaluer les enjeux et les défis du corridor de la région. Le développement doit découler d’une approche intégrée et demande l’implication de divers acteurs. Le Grand Nord représente un pôle de développement. On a déjà tout. Il n’y a aucune excuse.

Nous n’avons pas d’argent certes mais nous avons le potentiel», a précisé le président de la CCI du Nord-Est.

la région. Le développement doit découler d’une approche intégrée et demande l’implication de divers acteurs. Le Grand Nord représente un pôle de développement. On a déjà tout. Il n’y a aucune excuse. Nous n’avons pas d’argent certes mais nous avons le potentiel», a précisé le président de la CCI du Nord-Est.

Le corridor (de Ouanaminthe au Mole Saint-Nicolas) est riche en potentiel économique. «On y trouve des cultures de montagnes et de plaines. Si des efforts sont consentis pour les développer davantage, cela donnera lieu à d’énormes résultats. Je dis toujours que l’agriculture peut aider à combattre l’insécurité alimentaire et contribuer à la croissance économique du pays. Alors qu’il est traité en parent pauvre dans le budget national, le secteur agricole apporte 21 % aux recettes totales du pays. C’est un secteur qui peut réduire l’insécurité alimentaire. De Saint-Raphaël jusqu’à Limbé, il y a un potentiel de 4 500 hectares de riziculture sous-exploité. Le Nord dans son ensemble peut produire 150 à 200 mille tonnes de riz par année. Il suffit de travailler sur certains facteurs et ressources. En plus de la riziculture, la filière du cacao peut apporter beaucoup de devises dans la région. C’est un produit qui a un poids important sur le marché international», a plaidé M. Joseph.

Splendeurs et misère du Nord-Ouest

Son homologue Jordan Hérard Verdule, président de la CCI du Nord-Ouest, ne s’est pas fait prier pour, à son tour, vanter les charmes ainsi que les richesses que regorgent son département. Un département traité en parent pauvre, a-t-il regretté.

«Le Nord-Ouest a une forte capacité en production de bananes et de tubercules. Mais le manque d’investissements empêche le développement de cette filière. Nous croyons au niveau de la région que le secteur touristique est fondamental pour la région. Si l’on arrive à développer ces potentialités, cela touchera tous les secteurs de la région. Au niveau du corridor, nous nous sommes inscrits dans une démarche de compétitivité et de complémentarité», a martelé Jordan Hérard Verdule.

«Nous ne pouvons pas découper la région pour faire du développement. En agissant ainsi, nous ne faisons que nous mentir. Toutes les approches doivent être globales. Nous n’avons pas encore pensé le développement dans toute sa dimension. Nous devons mettre l’humain au centre des réflexions. Nous ne pouvons y mettre l’argent alors que nous n’avons pas encore résolu le problème de l’alimentation de la population», a préconisé le président de la CCI du Nord-Ouest.

L’humain, au centre de tout

«La démarche économique doit être anthropocentrique. S’il n’y a pas l’humain au centre, la démarche ne saurait durer. En Haïti, nous avons un problème de gestion systémique. La première chose serait de rendre le message haïtien cohérent. Nous devons nous dire quand est-ce nous allons arrêter de parler et entrer dans une démarche visant à trouver des résultats? Nous devons dire ce que nous allons faire avec les ressources que nous avons. Nous, au niveau des chambres de commerce, nous avons opté pour une démarche de communication et une démarche de mis en œuvre. Nous n’avons pas à copier l’expérience de l’Ouest. C’est une expérience douloureuse et malheureuse», a avancé Steve Astrel Mathieu, président de la CCI du Nord, abondant dans le même sens que son homologue du Nord-Ouest.

«Je ne crois pas que nous pourrions avoir des perspectives étant donné que nous ne savons pas où nous sommes. Haïti vit dans l’isolement total. La République dominicaine est à 52 milliards de dollars d’investissements directs étrangers alors qu’Haïti en est à 2 milliards. Cela s’explique par le fait qu’Haïti n’a signé aucun accord commercial. Ceux qui font du commerce sont dans la subsistance. Aujourd’hui, nous, comme chambre de commerce, avons la responsabilité de faire pression sur la société civile pour avoir un Etat plus ou moins dynamique et responsable créant des espaces permettant aux chambres de répondre à leur mission qui est de créer de la richesse», a lancé Jordan Hérard Verdule en guise de cri du cœur.

DevHaiti

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