Le lien entre les multiples chocs et la pauvreté en Haïti

Il y a de cela sept (7) ans, un rapport de la Banque mondiale, Haïti – Investir dans l’humain pour combattre la pauvreté, tirait la sonnette d’alarme sur la grande vulnérabilité du pays aux chocs de toutes sortes, qu’il s’agisse de chocs météorologiques et économiques covariés ou de chocs économiques et sanitaires idiosyncratiques.
Selon la Banque mondiale, les ménages pauvres sont plus susceptibles de subir des chocs: 95% des ménages vivant dans l’extrême pauvreté encaissent au moins un choc économiquement préjudiciable chaque année. Les ménages ruraux sont plus susceptibles d’être touchés par des chocs climatiques, qui sont souvent aggravés par un préjudice agricole, tandis que les ménages urbains sont plus susceptibles d’être affectés par les chocs économiques non agricoles.
Pour éviter toute tentation de sombrer dans du fatalisme de mauvais aloi, le rapport a tôt fait d’établir que «la vulnérabilité du pays à ces chocs se trouve accrue par la faiblesse des institutions et le manque de ressources qui entravent les efforts déployés pour se préparer aux dits chocs, les atténuer ou y faire face, tant au niveau macro qu’au niveau micro».
Le « Bon Dieu Bon » n’a rien à voir avec l’état de grande vulnérabilité dans laquelle se trouve actuellement le pays. Il s’agit d’un construit. Pendant deux siècles de notre histoire, nous n’avons pas mis en place les politiques publiques idoines à même de prendre en compte ces risques de catastrophes.
Les ONG et les pays partenaires peuvent apporter une aide financière et un soutien logistique, mais le rôle des États dans la gestion des crises reste prépondérant pour assurer la préparation et l’atténuation des effets, prévient un consultant. À titre d’exemple, le tremblement de terre de magnitude 7 sur l’échelle de Richter qui a secoué Haïti en 2010 a fait 230,000 morts, tandis qu’un séisme plus grave au Chili (8.8 sur l’échelle de Richter) a été dévastateur certes, mais il a engendré beaucoup moins de morts, seulement 525.
Par ailleurs, l’instabilité politique, liée à la fragilité des institutions qui caractérise le pays, peut égale- ment influer sur le bien-être des ménages, si elle se traduit par une interruption ou un ralentissement de l’activité économique ou de l’aide publique au développement, comme dans les années 90 ou au début de la première décennie des années 2000.
L’envergure de la pauvreté est importante en Haïti, mais il en est de même de la vulnérabilité face à la pauvreté, et les chocs peuvent plonger des millions d’autres Haïtiens dans la pauvreté.
Ce rapport revêt d’une importance capitale pour tout exercice de planification du développement en ce sens qu’il se propose de «décrire et de faire la lumière sur le lien entre les chocs et la pauvreté en Haïti. Il analyse plus particulièrement la corrélation entre l’incidence de la pauvreté et les chocs».
En un mot, si l’ensemble des ménages en Haïti fait face à de multiples chocs économiques chaque année, les pauvres sont plus susceptibles d’être touchés. Les ménages vivant dans l’extrême pauvreté encaissent en moyenne près de trois chocs par année, alors que les ménages résilients n’en subissent que 2.54.
DevHaiti