Le système bancaire est solide, résilient et bien capitalisé

L’annonce des premiers cas de Covid-19 en mars 2020 avait fait craindre des jours sombres pour l’économie haïtienne en général et le système bancaire en particulier. Après plus d’une année de gestion de la pandémie, le scénario paraît bien différent. En effet, l’avoir des actionnaires du système bancaire a connu une augmentation de 3% entre septembre 2019 et septembre 2020, passant de 33,78 milliards à 34,80 milliards de gourdes. Au 31 décembre 2020, l’avoir des actionnaires avait déjà atteint 36,81 milliards de gourdes, soit une progression trimestrielle de 5,9% par rapport à septembre 2020.

Au premier trimestre de l’exercice 2020-2021, le cumul du bénéfice net a augmenté de 623,02 millions de gourdes (+50.0%) par rapport au cumul de la même période de l’année précédente. Le bénéfice net du système bancaire totalise 1,86 milliard de gourdes contre 1,24 milliard l’année précédente. L’assise financière du système s’établit à 9,15% (contre 8,57% en décembre 2019), soit une croissance de 58 points de base, au 31 décembre 2020. De plus, au 31 décembre 2020, on dénote une progression de l’actif de 7,5% (28,14 milliards de gourdes) par rapport à septembre 2020. Cette amélioration de l’actif est due à un effet de change et un effet volume.

On a pu comprendre qu’en dépit de la pandémie de Covid-19 et de la situation socio-politique du pays, le système bancaire a su montrer sa résilience. Il a pu s’adapter rapidement pour continuer à fournir les services à la clientèle en privilégiant les services en ligne, le télétravail, la rotation du personnel pour répondre aux exigences du régulateur notamment en respectant les normes règlementaires et les délais impartis dans la soumission des rapports réguliers.

Autrement dit, en termes d’organisation du travail, les banques, tenues de poursuivre leurs activités, ont réussi à s’organiser pour préserver une présence sur place tout en coordonnant le télétravail notamment des fonctions support. Elles font aujourd’hui le constat d’une complémentarité nécessaire entre présence physique de proximité et la capacité à trait- er les opérations à distance, selon la Direction de la Supervision des Banques et des Institutions Financières de la Banque centrale qui a fourni ces informations au troisième jour du Sommet international de la Finance organisé par le group Croissance et ses partenaires.

Les actions de la BRH…

La Banque de la République d’Haïti (BRH) a vanté ses mesures prises dans le but d’atténuer les effets néfastes de la pandémie. Elle concernent principalement : la mise en place de la circulaire 115 et 115-1 c’est-à-dire moratoire pour les prêts, restructuration et provisionnement, interdiction de distribution de dividendes, exemption frais de retard sur les cartes de crédit ; la diminution des frais liés aux virements bancaires (SPIH) ; l’augmentation de la limite applicable au solde de tout compte de banque à distance (BAD) ; la diminution du taux de prise en pension ; la baisse du taux d’intérêt directeur et des coefficients de réserves obligatoires qui influe positivement sur la demande globale et la capacité des ménages à assurer le remboursement de leurs dettes.

En analysant les décisions prises par la BRH, elles ont surtout contribué à impacter positivement les services financiers offerts par les banques en: une plus grande utilisation des services en ligne par la clientèle; une augmentation du nombre de SIPH; une forte utilisation des caisses automatiques (ATM); un faible impact au niveau du portefeuille de prêts des banques.

L’annonce des premiers cas de Covid-19 sur le territoire, en mars 2020, avait provoqué une onde de choc dans l’économie. Les projections de plusieurs analystes au début de l’année 2020, la Covid-19 devait représenter une menace directe pour le système bancaire haïtien compte tenu de l’impact de celle-ci sur le portefeuille de prêts des banques et de sa corrélation sur le secteur réel de l’économie. Toutefois, le pays a évité l’œil du cyclone pour la première année de la pandémie.

Selon les statistiques recueillies par la banque des banques sur les derniers indicateurs financiers du système bancaire, l’impact tant redouté dû à la pandémie n’a été pas été matérialisé. Les banques haïtiennes sont actuellement dans une situation financière et prudentielle solide, même avec des marges plus ou moins réduites. Le système bancaire affiche solidité des fonds propres, efficience du management et rentabilité des opérations.

DevHaiti