Le système financier haïtien vu par le gouverneur Jean Baden Dubois
A l’occasion de la 13ème édition du Sommet international de la finance, le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), M. Jean Baden
Dubois, a passé en revue la situation financière du pays. De la santé du système bancaire, qui reste jusqu’à présent robuste en dépit des troubles internes et externes, à la rareté du dollar américain, le gouverneur de la Banque centrale a tout décrypté. Le système financier haïtien n’a pas à s’inquiéter des faillites constatées au niveau de certaines banques américaines, selon le gouverneur, qui a eu l’occasion ensuite de clarifier ses différents propos sur les ondes de la radio Magik 9.
Selon le gouverneur Dubois, la santé du système financier haïtien fait référence à la santé financière qui renvoie essentiellement à la stabilité financière. Le système financier haïtien a fait preuve de résilience face aux crises les plus profondes du système financier international. Même avec la crise financière de 2008, les banques haïtiennes affichaient de très bons résultats en étant très loin des situations de faillite. La principale raison, selon le gouverneur, de la résilience du système financier, est le suivi systématique des normes prudentielles de la BRH par les banques commerciales pour gérer les risques financiers.
Si au cours du mois de mars dernier deux banques américaines ont fait faillite, et une banque européenne, en l’occurrence le crédit suisse, a été en très grande difficulté, les clients des banques haïtiennes n’ont pas vraiment à s’inquiéter. En effet, le gouverneur a rappelé que la structure de dépôts des banques haïtiennes est très différente des banques américaines. Si jusqu’à présent, il n’existe pas une institution de légitimation capable d’assurer en tout ou en partie les dépôts des clients des banques en Haïti, les réserves obligatoires jouent un rôle fondamental pour garantir les dépôts des clients. Le système de paiement, égale- ment sous la gestion de la BRH, est toujours fonctionnel, selon le gouverneur, même au plus fort de la crise haïtienne.
Interrogé sur le dynamisme des banques haïtiennes, le gouverneur a admis qu’il serait désirable d’avoir des banques plus dynamiques, opérant davantage avec le système financier international. Toutefois, le dynamisme n’est pas une fin en soi et cela dépend aussi du développement des autres structures économiques haïtiennes comme les entreprises privées. Le gouverneur a aussi profité pour annoncer que les obligations de la BRH, sous peu, ne se limiteront plus seulement aux banques mais aussi au public en général. Cela va faciliter davantage le financement des entreprises et l’insertion des investissements de la diaspora au sein de l’économie nationale.
Jean Baden Dubois a déclaré qu’avant même de parler d’Investissement Direct Etranger (IDE), il est important de pouvoir mobiliser des investissements nationaux. Les investissements nationaux des résidents haïtiens et ceux de la diaspora sont des pistes à explorer pour déclencher la productivité et ramener la croissance économique dans le pays. En ce sens, un partenariat a été trouvé entre le ministère de l’Économie et des Finances (MEF), la BRH et l’Ordre des Comptables Agréés (OCPA) pour standardiser les états financiers des entre prises haïtiennes et les mettre sur les marchés financiers internationaux. Cela permettra de capter davantage d’investissements directs étrangers, d’investissements de portefeuille et ceux de la diaspora haïtienne partout dans le monde.
Le pays connait ces quatre derniers exercices fiscaux des contractions économiques. Dépasser cette trappe de productivité requiert non seulement des financements mais aussi toute une politique de transparence. L’audit est fondamental tant pour les entreprises haïtiennes, les banques et les institutions publiques. En absence de la transparence, il est quasiment impossible d’attirer des investissements pour booster la productivité et mettre Haïti sur un nouveau sentier de prospérité.

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