Éditorial

L’économie bleue : levier du développement local durable en Haïti

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L’économie bleue est définie par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) – qui  a  développé  le  concept  –  comme:  «Une économie qui entraine une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources».

Pour la Banque mondiale, «l’économie bleue fait référence au développement durable et intégré des secteurs économiques dans des océans et mers sains». L’économie bleue s’inscrit ainsi parfaitement dans l’Agenda 2030 et constitue une opportunité qui contribue notamment à l’atteinte de l’objectif de développement durable 14 (ODD14): «Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable».

En Haïti, les taux de pauvreté et de malnutrition continuent d’être très élevés tandis que les méthodes de pêche et d’agriculture — telles que l’utilisation de seines à mailles fines, l’abattage anarchique des arbres aux fins de production de charbon, la culture sur brûlis et l’absence de techniques de préservation des sols — épuisent les ressources marines et terrestres, menaçant leur durabilité et faisant peser des risques inquiétants sur la sécurité alimentaire du pays à moyen terme.

Il y a lieu donc d’affiner les techniques de pêche en vue d’une amélioration de la transformation et de la commercialisation du poisson. Bon gré mal gré, une grande quantité de familles haïtiennes tirent leur subsistance de la pêche qui est un secteur pourvoyeur d’emplois, à l’instar des autres sous-secteurs agricoles. Selon les dernières données du ministère de l’Agriculture des Ressources Naturelles et du Développement Rural (MARNDR), 52 000 familles dont 21 000 actives en bénéficient directement.

Avec près de 50% de la population haïtienne touchée par une insécurité alimentaire aiguë et près de 1,3 million de personnes (14% de la population) vivant dans l’urgence alimentaire, «il faut tenter d’envisager l’augmentation des ressources dans les petits fonds pour lutter contre l’insécurité alimentaire et concrètement développer des habitats marins», de l’avis du Dr Sylvain Pioch, géographe, spécialiste en aménagement de l’espace et en ingénierie écologique marine, lors d’une intervention au webinaire Mercredi de Réflexions de organisé par la BID en janvier dernier.

Pour y parvenir, des recherches halieutiques doivent être conduites et doivent nécessairement déboucher sur des recommandations pour une politique publique répondant aux enjeux du secteur de la pêche. Il s’agit d’une étape primordiale à franchir avant d’adresser le manque de financement auquel fait face ce sous-secteur agricole haïtien.

Ainsi, une politique publique adaptée qui vise à venir en aide aux pêcheurs artisanaux haïtiens doit impérativement tenir compte des petits exploitants agricoles. L’un ne marche pas sans l’autre, les deux faces d’une même médaille. C’est la meilleure façon de les aider à améliorer leurs conditions de vie et à contribuer à la sécurité alimentaire du pays tout en leur donnant les moyens d’exercer leur activité économique de manière durable, de sorte qu’ils ne soient pas obligés d’épuiser les ressources naturelles pour survivre.

Pour l’heure, la pêche n’est pas une véritable industrie en Haïti. Avec un niveau de production aux alentours de 16 000 tonnes de fruits de mer par an, Haïti ne pèse pas lourd dans la production halieutique et aquacole mondiale qui, en 2016, a représenté environ 171 millions de tonnes.

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