L’économie haïtienne majoritairement dominée par des micro-entreprises, selon Joseph Harold Pierre

Les micro-entreprises ont une très grande capacité de création d’emplois, mais ce sont des emplois de mauvaise qualité. Cette situation s’explique par leur faible productivité, leur informalité et leur difficile accès au financement. L’économiste et expert de l’Amérique latine, Joseph Harold Pierre, qui intervenait au premier jour du Sommet International de la Finance, ajoute à ces trois facteurs empêchant le financement : l’insécurité, la méfiance et le très faible capital humain en finance.
Si on catégorise les entreprises haïtiennes suivant le critère de chiffre d’affaires, largement accepté en Amérique latine, il ne fait aucun doute que les entreprises haïtiennes sont presque toutes des micro-entreprises. «En effet, une micro-entreprise haïtienne devrait avoir en moyenne un chiffre d’affaires de 100 000 dollars, une petite entreprise de 1,2 million et une moyenne d’environ 10 millions», a renchéri Joseph Harold Pierre. Selon cette approche de Joseph Harold Pierre, en Haïti, on ne devrait plus parler de MPME, encore moins de PME comme on faisait avant, mais de micro-entre- prises ou tout au plus de MPE (micro et petites entreprises).
M. Pierre, qui a cité une étude la Banque Interaméricaine de Développement (BID), confie qu’un tiers des PME latino-américaines sollicitent régulière- ment du crédit auprès des banques. Seulement 50% d’entre elles ont vu leurs demandes satisfaites. En Haïti, la Banque mondiale explique qu’en 2021, 80% des entreprises formelles rencontrent des difficultés à accéder au crédit des institutions financières. N’en parlons pas pour les micro-entreprises avec leur aréopage de faiblesses.
« Compte tenu de leur informalité, les MPE en Haïti doivent se tourner vers des mesures alternatives qui sont les Fintech pour le financement des MPME telles que la banque mobile, le crowdfunding, les prêts P2P, etc. Cependant, rien de tout cela n’est possible sans la formation adéquate des ressources humaines des MPME. », a proposé Joseph Harold Pierre. Ce dernier apprécie par ailleurs les travaux du Groupe ProFin, coorganisateur du Sommet, qui s’attèle aussi à aider dans l’approfondissement du marché financier en Haïti.
Pendant son intervention, le 25 avril, à la 12e édition du Sommet international de la Finance, co-organisé par le Group Croissance, la BRH et le Groupe ProFin, l’économiste souligne que les banques ont une très faible capacité de réponse au besoin d’investissement du pays. Et, dit-il, le crédit au secteur privé affiche une moyenne 55% du PIB en Amérique latine, avec des cas particuliers comme le Chili et le Panama ou cette proportion est de 120% et 90%, respectivement. En Haïti, cette moyenne est de 15% au cours des cinq dernières années.
Tant en Europe, en Amérique du Nord qu’en Amé- rique Latine, une entreprise est considérée micro si sa force de travail ne dépasse pas 10 salariés. Les petites ont une force de travail variant entre 11 à 50 employés, alors que celle des moyennes entreprises se situe entre 51 à 200. Par ailleurs, il existe quelques rares exceptions. Comme c’est le cas du Nicaragua et de la Bolivie qui réduisent de moitié la taille des entreprises pour chaque catégorie. Suivant ce critère, l’économie haïtienne est formée dans son immense majorité de MPE, c’est-à-dire de micro et petites entreprises.
S’agissant du niveau de ventes annuelles, les micro-entreprises ont en moyenne un chiffre d’affaires d’environ 125 000 dollars américains. Les ventes annuelles brutes d’une petite entreprise sont de 1.2 million de dollars. Quant aux moyennes entreprises, leurs chiffres d’affaires seraient de 10 millions de dollars. Tous les pays de l’Amérique peuvent répondre à ce critère. Ces données varient pour l’Union Européenne où les chiffres d’affaires des Micro, Petites et Moyennes entreprises sont respectivement de 2, 10 et 50 millions d’euros.
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