Économie

Les coopératives en Haïti, un booster pour l’économie locale

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Ici et là, en Haïti, loin des grandes institutions financières habituelles, une force économique modeste mais efficace influence la vie de nombreuses personnes : les coopératives. Que ce soit dans un vieux bâtiment ou un simple conteneur aménagé, les coopératives haïtiennes accueillent, écoutent et aident. Elles ne font pas de bruit et ne cherchent pas à se faire remarquer. Pourtant, elles font vivre l’économie locale, aident à financer les cultures, soutiennent les projets des entrepreneurs et offrent des prêts à ceux que les banques traditionnelles ne veulent pas aider.

Il y en a plus de 200 dans le pays, selon les chiffres officiels, et elles regroupent plus d’1,4 million de membres, qui sont tous des associés et des copropriétaires. Dans un pays où l’économie est fragile et où l’instabilité politique affaiblit les structures officielles, le modèle coopératif se montre étonnamment solide.

Une autre façon de gérer l’argent

Si vous vivez dans une petite ville, il y a de fortes chances que votre seule option pour gérer votre argent soit une coopérative d’épargne et de crédit (CEC). Là où les banques ferment ou ne s’installent pas, les coopératives restent et s’améliorent.

Elles proposent des cartes de paiement, des transferts d’argent, des services de chèques… Des services qu’on ne s’attendrait pas à trouver dans une organisation locale. Mais, grâce à des groupes comme Le Levier, aidés par des partenaires, les coopératives haïtiennes se développent. Dans une grande ville, un centre financier pour les petits entrepreneurs a été créé, ce qui est une aide précieuse pour ceux qui veulent créer de la valeur localement.

L’agriculture, au cœur du système

Dans les régions montagneuses, un mouvement paysan regroupe de nombreux membres autour d’un objectif manifeste : produire, transformer et vivre dignement de la terre. Des coopératives agricoles forment les agriculteurs, les aident à stocker leurs récoltes et à accéder à des marchés plus rentables. Le résultat : de meilleures récoltes, des revenus plus stables et une autonomie accrue.

Dans d’autres régions, des organisations ouvrent les portes du commerce équitable aux producteurs de cacao, qui sont fiers de voir leur produit vendu à l’étranger, avec une étiquette “bio” et à un prix juste.

Une économie basée sur l’entraide

Les coopératives ne promettent pas de devenir riche rapidement, mais elles offrent quelque chose d’autre : la fiabilité. En partageant les ressources et en prenant les décisions ensemble, elles créent des communautés robustes, capables de surmonter les difficultés économiques. Dans un contexte d’insécurité et de fragilité, elles sont parfois la seule protection possible.

Ce que l’État n’a pas réussi à faire, les coopératives le font depuis longtemps : éduquer financièrement, épargner pour l’avenir, prêter sans enrichir un actionnaire inconnu, redistribuer équitablement et surtout, faire confiance à ceux qu’on oublie souvent.

Leur rôle dans l’économie haïtienne est immense, mais il est souvent sous-estimé. Un paradoxe que beaucoup aimeraient changer. Parce que en y regardant de près, l’avenir d’une économie plus juste, plus ancrée dans la réalité locale et plus humaine pourrait bien dépendre d’elles.

DevHaiti

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