Finance

Les mesures incitatives de la BRH en vue de stimuler la reprise des investissements

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En complément des dispositions et circulaires instaurées pour garantir la protection du marché financier et des investissements, la Banque de la République d’Haïti (BRH) a également envisagé l’adoption de mesures incitatives dans le but de stimuler l’investissement. 

Depuis 2018, Haïti est pris dans une spirale de croissance négative qui handicape tous les secteurs de la vie nationale et interpelle tous les membres de l’administration publique. Cette succession de décroissances économiques est partiellement due aux faiblesses enregistrées au niveau des secteurs productifs du pays. L’une des causes majeures de cette faiblesse s’avère être l’accès difficile au financement, selon Mme Pegguie Luly Jérôme, cadre de la BRH travaillant à la Direction de Contrôle et de Crédit, chargée de présenter les mesures incitatives de la BRH pour relancer l’investissement lors de la 14e édition du Sommet international de la finance (SIF) tenu à l’hôtel Marriott à Port-au-Prince du 14 au 16 octobre 2024.

Consciente de cette situation, la BRH reste convaincue que le renforcement de l’écosystème de financement des secteurs productifs facilitera l’atteinte d’une croissance inclusive pour l’ensemble des secteurs d’activité. C’est dans cette optique que la Banque centrale a pris des mesures d’aménagement des fonds de liquidités, de garanties, d’assouplissement au niveau des réserves obligatoires des banques en vue de faciliter l’acheminement du capital vers les secteurs porteurs de l’économie haïtienne.

Le système financier haïtien est dominé à 90 % par les banques commerciales qui assurent essentiellement l’intermédiation financière, donnent du crédit aux agents économiques. Les ressources pour fournir du crédit, les banques les trouvent à partir des dépôts de la clientèle qui constituent à 90 % les crédits offerts sur le marché.

Le dépôt étant un service à court terme, alors qu’une entreprise en pleine croissance a besoin des ressources à long terme pour se développer. Ce qui rend les dépôts des clients disponibles dans les banques commerciales incompatibles avec les besoins de crédit à long terme des entreprises. Et les banques commerciales ne peuvent pas prendre le risque de faire du crédit à long terme avec le dépôt des clients. Cette situation pose des freins structurels au niveau de l’écosystème financier.

Interpellée, la BRH a mis sur pied un agenda monétaire pour la croissance, communément appelé Programme Pro-croissance ou programme incitatif. Ce dispositif mis sur pied par la BRH facilite le crédit à long terme à des conditions préférentielles aux entreprises orientées vers la production. Les différents secteurs éligibles dans le cadre du programme Pro-Croissance sont les secteurs engagés dans l’exportation, la production agricole, l’hôtellerie, l’immobilier, le logement, le secteur touristique et la zone franche industrielle.

L’intéressé qui veut intégrer ce programme ne doit pas être connecté directement à la BRH, mais plutôt à un intermédiaire qui serait une institution financière, soit une banque, soit un microcrédit, une caisse d’épargne et de crédit, soit une société de promotion d’investissement, une institution de microfinance, une société financière ou d’investissement, etc., ceci pour permettre à la Banque centrale de cerner le problème de financement à long terme que le client ne peut solutionner seul, a expliqué Mme Jérôme. 

Selon le cadre de la Banque de la République d’Haïti, le secteur du logement constitue le premier domaine d’intervention que la Banque centrale a initié en 2011, à la suite de l’observation des nombreuses personnes affectées par la problématique du logement après le séisme du 12 janvier 2010, dans le but de leur apporter une assistance dans les meilleurs délais. L’idée étant de créer une collaboration avec les banques commerciales afin de mettre en place des prêts disponibles à des prix préférentiels de 10 %, en vue de permettre que le prêt soit accessible au plus grand nombre. 

En raison des obstacles traditionnels auxquels les clients ont été confrontés en raison des problématiques liées au cadastre, le programme n’a pas progressé au rythme escompté. Néanmoins, il demeure toujours en vigueur. Parallèlement, ce programme offre une autre facilité sur laquelle la BRH travaille. Cette facilité prévoit un financement qui n’est pas destiné au client final, mais aux institutions, aux investisseurs qui voudraient créer des buildings, des grands projets immobiliers destinés à la vente. Ce faisant, la BRH rend disponible un fonds de financement pour ces promoteurs sur une période de 10 ans à un taux de 6 %. 

Par ailleurs, la BRH pense à un autre plan de financement plus léger destiné aux gens qui ne sont pas en mesure de payer les 30 % de financement exigés dans le programme ci-dessus. Ces derniers peuvent se rabattre sur le programme 10-10-20 qui permet aux acheteurs, au lieu de payer des frais de 30 %, de payer de préférence une quote-part de 10 %, avec un taux d’intérêt de 10 % sur une période de 20 ans.

Parmi les différents secteurs supportés par le programme Pro-Croissance, le secteur du logement est celui qui reçoit le plus de décaissements. Ce secteur représente 28 % du total des décaissements. Les zones franches sont deuxièmes sur la liste des secteurs avec le plus de décaissements. Le secteur des entreprises d’exportation vient en troisième position avec 17 % de décaissements, suivi par celui des exportations agricoles avec 12 % de décaissements, a conclu la représentante de la Direction du contrôle et de crédit, Mme Pegguie Luly Jérôme.

Gary Cyprien 

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