Économie

Les nouveaux tarifs douaniers américains et leurs éventuels impacts réels sur l’économie mondiale

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Le gouvernement américain, par l’entremise du président qui a pris ses fonctions en janvier 2025, a adopté tout un ensemble de mesures. Parmi celles-ci se trouvent des impositions de droits de douanes, réciproques selon lui, sur les pays qui entretiennent des relations commerciales avec les États-Unis ayant auparavant adopté des tarifs semblables à l’encontre des États-Unis. La publication de ce décret est l’accomplissement d’une promesse faite par le président américain lors de la première réunion de son cabinet à Washington le 26 février 2025, rapportée depuis par le journal français Le Monde.

Depuis la parution de cette information dans la presse, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer cette pratique autoritaire de Donald Trump, dont des politiciens qui se disaient en février s’être indignés après la sortie du président américain sur les tarifs douaniers qu’il entendait imposer, a affirmé le Journal de Montréal le dimanche 9 février 2025 au Canada, mais également dans d’autres régions du monde.

C’est une annonce qui a bouleversé le commerce international par l’entrée en vigueur du décret exécutif signé par le président Donald Trump le 2 avril 2025. Il entend par celui-ci établir un droit de douane additionnel entre 10 et 100% pour certains pays sur toutes les importations de produits, qui varie en fonction du pourcentage déjà imposé par chaque pays concerné. Dans le cas d’Haïti, des tarifs de 10% ont été fixés par l’administration américaine.

Dans une intervention publique, l’économiste Enomy Germain a déclaré : « Imposer ces tarifs ne fera qu’aggraver les activités économiques en Haïti pour une économie qui peine à se relever des différentes crises que traverse le pays, puisque, selon les données disponibles, près de 80% des exportations du pays proviennent de l’industrie textile ».Comment

En quoi consistent ces mesures ?

Dans cette vague de mesures annoncées par l’administration, il faut compter des tarifs douaniers imposés à certains pays qui exportent notamment de l’acier et de l’aluminium et des automobiles aux États-Unis qui ont écopé d’une surtaxe de 25%. C’est le cas de l’Union européenne, du Canada et du Mexique dont l’industrie automobile dépend fortement des exportations de voitures et de pièces détachées vers les États-Unis. Dans le cadre de ces mesures, des pays comme la Chine qui ont un excédent commercial de plusieurs milliards de dollars avec les États-Unis sont contraints de payer une taxe additionnelle de plus de 54%.

Dans le cas d’autres pays moins influents, les tarifs réciproques ont été imposés en représailles aux taxes perçues par ces derniers sur les produits venant des États-Unis. Toutefois, des exceptions ont été faites pour certains produits, dont une liste a été dressée pour certaines composantes électroniques, entre autres.

Dans le cas de la Caraïbe, une taxe de 10% a été adoptée. Haïti pourrait également en subir les impacts, notamment à travers l’industrie de l’habillement à partir de laquelle vivent plusieurs milliers d’haïtiens qui travaillent au niveau des entreprises textiles installées à la Société nationale des parcs industriels (SONAPI). Un secteur déjà fragilisé par les crises successives qu’a connues le pays et qui dépend du bon vouloir du Congrès américain pour le renouvellement des lois HOPE et HELP – des programmes commerciaux qui permettent un accès en franchise de droits aux marchés américains.

Quels avantages pour les États-Unis ?

L’argumentaire soutenu par le président Donald Trump est que ces mesures inciteront les consommateurs américains à acheter davantage de produits fabriqués aux États-Unis. Elles permettront, selon lui, d’augmenter le montant des taxes perçues et entraîneront d’énormes investissements dans le pays. « Cette décision vise cependant à réduire l’écart entre la valeur des biens que les États-Unis achètent à l’étranger et celle de leurs ventes », soutient Donald Trump. Dans la réalité, adopter de tels tarifs douaniers peut aider dans un certain sens à protéger les industries américaines. Avec ces surtaxes, le président dit vouloir en finir avec ce qu’il appelle des pratiques commerciales déloyales, citant en exemple des pays qui subventionnent leurs exportateurs ou vendent des produits injustement bas pour contrer les produits fabriqués sur place.

Une telle décision peut inciter certaines entreprises qui se sont délocalisées à revenir aux États-Unis en raison des avantages fiscaux qu’elles bénéficieront en s’implantant à l’intérieur des frontières américaines, et ainsi créer à long terme des emplois plus durables pour ceux qui travaillent aux États-Unis.

Inconvénients pour le monde

L’annonce de l’augmentation des tarifs douaniers provoquera un ralentissement de l’économie mondiale, selon les experts du Fonds monétaire international (FMI). Au lendemain de la publication du décret, les échanges mondiaux ont souvent chuté, provoquant des doutes chez les investisseurs qui craignent une détérioration de la situation si ces mesures provoquent une guerre commerciale. Cela aggravera davantage la hausse des prix des produits sur le marché mondial et une réduction de la consommation à l’échelle mondiale.

Avec ces nouveaux tarifs, les experts anticipent une réduction du tourisme, car les biens et services seront plus chers dans certains pays touchés par cette décision. Selon le FMI, la majeure partie des pays concernés ne connaitront pas de forte croissance et certains peuvent même se retrouver en récession cette année, vu l’impact que cela aura sur les échanges commerciaux mondiaux.

« Nous entrons dans une période où le système économique mondial que nous connaissons depuis 80 ans est réinitialisé […].  Au-delà des droits de douane, l’augmentation de l’incertitude politique autour des échanges commerciaux a un impact majeur sur les perspectives économiques », a indiqué devant la presse le chef économiste du FMI, Pierre-Olivier Gourinchas.