Les secteurs Agriculture et Énergie en panne de croissance

L’Institut haïtien de statistique et d’informatique (IHSI) qui a publié au cours du mois d’avril dernier son rapport sur les comptes économiques. Lesecteur de l’agriculture, source d’emploi pour la plus grande part de la population active du pays, et le secteur de l’énergie, priorité des priorités de l’administration actuelle, ont tous les deux enregistré une mauvaise performance en 2020.
Déclin continu du secteur agricole
Selon les comptes économiques en 2020 de l’IHSI, le secteur agricole a d’abord décru de -1,9% en 2019 pour ensuite chuter de -2,5% en 2020, atteignant près de 103.8 milliards de gourdes en valeur constante, contre 106,4 milliards pour l’exercice antérieur. Pour l’année fiscale 2019-2020, la contribution du secteur agricole à la richesse nationale, qui n’a pas cessé de décliner, se situe autour de 19%.
Le secteur de l’Agriculture, Sylviculture, Elevage et Pêche n’a pas connu d’accroissement significatif depuis 2016, ce qui a impacté considérablement le PIB, peut-on lire dans ce document de l’IHSI retraçant la performance économique des différents secteurs de la vie nationale pour l’année 2020.
Le déclin de ce secteur, occupant la plus grande part de la main-d’œuvre active, est dû à un ensemble de facteurs et contraintes à la fois naturels et structurels.
Dans un premier temps, la sécheresse qui a sévi dans certaines régions agricoles des départements du Nord-Ouest, de l’Artibonite, du Centre et du Sud a beaucoup affecté la production céréalière, notamment le maïs (-18,5%), le sorgho (-46,5%) ainsi que les haricots (-9,5%). À travers tout le pays, un recul de la production des cultures maraichères (-5,7%) et des tubercules (-4,8%) a été observé. La production rizicole a néanmoins connu une augmentation de 10,8% pour la période analysée mais nettement insuffisante pour tenir à flot un secteur en perte de vitesse constante.
Ensuite, comme il fallait s’y attendre, les troubles sociaux ont eu de lourdes conséquences sur l’économie du pays. « Les difficultés à circuler à cause du phénomène de blocage des routes nationales et la baisse de la demande pour les denrées agricoles en provenance des restaurants et hôtels ont aussi affecté considérablement les revenus des exploitants agricoles en 2020 », souligne le rapport.
De même, le secteur agricole a aussi subi de plein fouet l’impact de la pandémie du coronavirus ayant occasionné des retards dans l’exécution de certains programmes d’activité en faveur du développe- ment agricole (notamment des programmes de distribution gratuite d’engrais, de semences et d’outils agricoles aux cultivateurs dans le cadre du Programme spécial de la sécurité alimentaire, etc.)
Des défis liés à l’irrigation, à la disponibilité en fertilisants et semences, aux difficultés d’accès au crédit des exploitants agricoles, au manque d’accompagnement aux paysans et cultivateurs et à la diminution continue des superficies cultivées constituent les principales contraintes sur le plan structurel.
Contre-performance du secteur de l’énergie
S’agissant du secteur de l’énergie, l’IHSI informe que « la valeur ajoutée de la branche Électricité, qui avait atteint 5,1 milliards de gourdes en valeur constante au cours de l’année fiscale 2019, a enregistré une forte baisse de -25,2% au terme de l’exercice fiscal 2020 en chutant à 3,8 milliards de gourdes ».
Cette baisse que subit le secteur de l’énergie est liée à une diminution de la production de l’énergie électrique. En effet, elle est consécutive à la mauvaise performance des deux composantes de la production du secteur de l’énergie: les centrales thermiques et hydroélectriques.
«La production de l’énergie électrique qui était évaluée à 896.7 millions de kWh en 2019 a diminué de 29,3% en atteignant seulement 633,6 millions de kWh en 2020.»
«À hauteur de 527,6 millions de kilowattheures (KWh), la production des centrales thermiques a subi une contraction de -27,0% en 2020. En ce qui concerne les centrales hydroélectriques, leur niveau de production a considérablement régressé en affichant 106,1 millions de kWh, soit une diminution d’environ -39,0%», poursuit l’IHSI.
Cette mauvaise performance du secteur de l’énergie électrique, explique l’IHSI, résulte d’un déficit de près de 38% de l’acquisition d’énergie provenant du secteur privé et du dysfonctionnement pendant un certain temps de plusieurs centrales thermiques, dont celles de Varreux et de Carrefour.
En 2019, la production du secteur hydroélectrique était autour de 174 millions de KWh. Elle s’est retrouvée sous la barre de 106,1 millions de KWh en 2020.
DevHaiti