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Les transferts directs de la diaspora : un levier économique pour Haïti

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Lors de son intervention à la 3ᵉ journée du 14ᵉ Sommet international de la Finance (SIF) organisé par Group Croissance du 14 au 16 octobre 2024, Pierre-Marie Boisson, conseiller économique de la Sogebank, a présenté une analyse des Perspectives économiques pour Haïti après la grande récession. D’après l’économiste, il est crucial de définir une stratégie claire afin de guider le développement économique d’Haïti en vue d’accroître les investissements directs dans le pays.

Pierre-Marie Boisson estime qu’il est surtout primordial de capitaliser sur les transferts de la diaspora, de saisir les opportunités pour une croissance économique plus durable.  En effet, l’économiste affirme dans la foulée que 72 % des familles haïtiennes évoluant actuellement en Haïti vivent des transferts. Il souligne que les transferts de la diaspora sont deux fois plus élevés que la moyenne des autres sources de devises reçues en Haïti.

La croissance de la richesse haïtienne provenant des flux qu’elle reçoit de l’étranger a augmenté pratiquement 7 fois plus vite que la croissance des produits générés par l’économie haïtienne ; des biens et services produits en Haïti. C’est une tendance lourde qu’il faut prendre en compte », a fait savoir le spécialiste en économie, précisant que le plus grand contributeur de cette croissance est celle des envois de fonds des Haïtiens résidant à l’étranger vers Haïti.

M. Boisson a principalement mis l’accent sur l’équilibre entre les importations et les exportations, lesquels constituent des éléments cruciaux de l’économie haïtienne. D’après son analyse, le taux de croissance annuel des flux de dollars entrant en Haïti est de 7,2 %, tandis que la croissance totale des transferts annuels de la diaspora s’élève à 13,2 %, soit près du double du premier chiffre. 

Lors de son intervention, l’entrepreneur a comparé la période précédant les Duvalier, durant laquelle l’économie nationale était évaluée à 45 millions de dollars. De l’ère post-Duvalier jusqu’en 2018, elle s’élevait à 2,9 milliards de dollars. Actuellement, elle s’élève à environ 3,2 milliards de dollars américains. La lutte contre l’inflation par le biais de la réduction des émissions de monnaie, l’orientation de l’économie haïtienne, l’exploitation des transferts de la diaspora, la lutte contre le blanchiment d’argent, la formalisation et le renforcement des investissements de la diaspora sont parmi les principaux axes menant à la revitalisation de l’économie nationale en vue d’une prospérité économique.

En soulignant l’importance des revenus des familles haïtiennes résidant à l’étranger, M. Boisson a indiqué que la contribution financière de ces familles s’élève actuellement à 36 milliards de dollars américains. Les 10 % des revenus des Haïtiens résidant à l’étranger qui sont envoyés en Haïti représentent trois fois plus de richesses que la population de 12 millions d’habitants vivant sur place. 

Au cours de la décennie écoulée, selon l’économiste, le pays a dépensé environ 956 milliards de dollars en importations de services, notamment dans les secteurs du tourisme, des frais et des assurances. D’après son analyse, le secteur économique qui a enregistré la plus forte croissance est le commerce, passant de 20 % à 28 %. En ce qui concerne les secteurs en activité, on observe les évolutions suivantes : le secteur primaire est passé de 30 % à 23 %, le secteur secondaire de 23 % à 19 %, et le secteur tertiaire de 46 % à 60 %.

La 14e édition du Sommet international de la Finance a rassemblé une vingtaine d’experts de divers horizons. S’étalant sur trois jours, l’événement comprenait plus de quinze panels visant à explorer le thème « Financement de l’économie haïtienne à partir des investissements directs de la diaspora ».

Woody Duffault

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