Les transferts privés sans contrepartie : tendances, distribution et dynamique du marché

Tenue cette année sur le thème « Financer l’économie haïtienne à partir des investissements directs de la diaspora », la 14ᵉ édition du Sommet international de la Finance, organisée par Group Croissance du 14 au 16 octobre 2024, a fait le point sur de nombreux sujets économiques, notamment les faits saillants sur les transferts privés sans contrepartie. Ces derniers, évoluant dans un processus dynamique de flux de la balance commerciale, ont toujours été en augmentation sur les dix (10) dernières années, selon l’économiste Jean Claude Marseille, cadre de la Banque de la République d’Haïti (BRH).
Évoquant à la fois les tendances, la distribution et la dynamique du marché des transferts, le spécialiste en économie admet que les transferts privés sans contrepartie tiennent une bonne dynamique sauf en période de Covid-19. « Lesquels transferts allaient rebondir en 2021 et 2022 à une très forte croissance grâce au projet mis en place par le gouvernement américain dans le but d’aider les ménages », a-t-il affirmé.
Jean-Claude Marseille, soulignant que les transferts sont très importants dans l’économie haïtienne, a estimé que les transferts de la diaspora atteignent les flux annuels moyens de 3,1 milliards de dollars sur les dix (10) dernières années, valant environ 19 % du PIB nominal. Il a aussi démontré la dynamique des taux de transferts suivant les pays de provenance, dont les États-Unis (73,19 %), la France (6,40 %), le Canada (6,04 %), la République dominicaine (4,72 %) et le Chili (3,36 %).
L’économiste a par ailleurs mis en évidence l’importance des distributions géographiques des transferts en termes de paiement, notamment l’Ouest (68,4 %) ; l’Artibonite (9,6 %) ; le Nord (4,9 %) ; le Nord-Est (1 %) ; et la Grand’Anse (0,8 %). Selon lui, les transferts et autres flux de la balance des paiements valent des millions de dollars. Lesquels transferts sont basés, entre autres, sur les exportations de biens et de services (marchandises et services touristiques).
« Les transferts sont les flux les plus importants et permettent de couvrir le déficit commercial », a-t-il insisté, précisant que l’économie haïtienne ne profite pas vraiment des transferts, car l’investissement se fait surtout sur des produits importés. « Les produits importés circulent le plus rapidement dans l’économie haïtienne par rapport à la production nationale du fait qu’ils sont plus rentables. Ce qui ne favorise pas la croissance économique », regrette l’économiste. Il soutient en outre que les investissements locaux encouragent la croissance économique.
Mettant en exergue les impacts possibles de la diaspora sur les transferts et les investissements directs, Jean-Claude Marseille estime que les transferts représentent une faible proportion dans l’investissement. « Il y a donc une dynamique interne qui soutient la croissance. « Il faut penser à une stratégie pour stimuler les IDE en incluant la diaspora », souligne l’économiste, rappelant que, dans le cas d’Haïti, les flux d’IDE et l’investissement global sont faibles ces dix (10) dernières années.
Marché des transferts et marché des changes : évolution récente
Jean-Claude Marseille soutient qu’il y a une interconnexion entre le marché des transferts et le marché des changes. Selon lui, les principaux acteurs du marché des transferts comptent à la fois huit (8) maisons ou agents, dont quatre (4) sont liés à des banques, sans oublier un nombre important de sous-agents.
Le classement en 2023 aligne respectivement des maisons de transferts et de changes, principalement Uni-Transfert, CAM, Sogexpress et Capital Transfert. « La majeure partie des dollars issus des transferts est négociée avec les institutions financières », a fait savoir Jean-Claude Marseille intervenant sur les transferts privés sans contrepartie dans la 14e édition du Sommet international de la Finance, rendez-vous annuel initié par Group Croissance.
Woody Duffault