L’expérience de la pêche artisanale en Haïti

La Banque interaméricaine de Développement (BID) a organisé, le 25 janvier 2023, une réflexion sur l’économie bleue : la pêche artisanale en Haïti. Sylvain GILLES, spécialiste en aquaculture tropicale, ancien ingénieur de recherche à l’IRD, Gilbert David (IRD, UMR Espace-Dev) et Sylvain Pioch (MCF, Université Paul Valéry) sont intervenus à ce forum.

Selon les experts, la pêche artisanale est concentrée sur un espace réduit et est caractérisée par sur une exploitation des ressources halieutiques. Elle est aussi caractérisée par une mauvaise gestion de la pêche et une non-intégration des bassins versants et du littoral ainsi qu’une défaillante gestion des déchets plastiques. La mise en place d’aires marines protégées constitue cependant un élément positif, selon les experts.

Dans leur présentation, les experts estiment que la pêche artisanale à des effets sur l’ensemble de la chaine trophique, notamment une réduction du nombre des belles prises. Ils notent aussi le développement des macro-algues dans les récifs coralliens si les herbivores sont les espèces cibles.

Les experts ont aussi dressé le diagnostic de la filière.«A bord des embarcations, pas de conservation par le froid des prises», ont-ils précisé. Ajoutant: «A terre, on a la conservation par le froid juste en fin de ”fraicheur” puis salage et séchage pour stopper la putréfaction des tissus». Ils citent aussi une faible pouvoir d’achat d’une grande partie des consommateurs.

Selon les experts, les écosystèmes tels que récifs, mangroves, herbiers, abondance géniteurs sont mal connus. Le recensement halieutique est cependant un point positif.

Les intervenants ont fait des recommandations en vue de résoudre les problèmes identifiés. Pour eux, seuls les bateaux haïtiens doivent opérer dans les eaux nationales; pour avoir une licence, le pêcheur devrait s’engager à fournir des données de prises et d’effort». Ils proposent aussi la pose de récifs artificiels sous le courant des aires marines protégées (AMP) pour profiter de l’effet de débordement. Ils préconisent aussi la préservation des forêts pour les charpentiers marins.

Pour le développement de la filière des produits de la pêche, les experts proposent l’amélioration de l’acceptation du pélagique par les populations urbaines (concours de recettes). Ils soulignent aussi la nécessité de reconnaître et renforcer le rôle des femmes dans la filière ainsi que leur accès au crédit.

Ils proposent aussi la création d’habitats artificiels destinés à lutter contre l’insécurité alimentaire en développant la pêche côtière quotidienne ainsi que le recyclage et valorisation des débris de construction en les immergeant.

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