L’inflation dans le monde pays par pays

États-Unis: 5e hausse des taux directeurs
La Réserve fédérale américaine a annoncé récemment une nouvelle augmentation de son principal taux directeur de 75 points de base, qui s’élève désormais dans une fourchette de 3 à 3.25%. Il s’agit de la cinquième hausse des taux de l’année. En augmentant les taux, la Fed veut enrayer l’inflation qui, bien qu’elle ait ralenti en août grâce à la baisse des prix de l’essence, est restée à 8.3% sur un an, un niveau plus élevé que prévu.
Royaume-Uni: le spectre de la contraction économique
La Banque d’Angleterre annonce une augmentation de 0.50 point de pourcentage de son taux directeur qui grimpe ainsi à 2.25%. L’objectif étant de faire baisser l’inflation qui connaît un pic à 9.9% sur un an en août, plombant l’économie britannique en passe de se contracter de 0.1% entre juillet et septembre.
Jamaïque: l’envol de l’inflation…
L’Institut statistique de la Jamaïque a indiqué que l’inflation a augmenté de 0.9% de juillet à août et de 10.2% par rapport à la même période en 2022. Les prix des repas au restaurant et de l’hébergement ont augmenté de 0.4 % en août et ont bondi de 19.3 % au cours de la dernière année. Notons l’augmentation rapide de 15% du coût de transport et de 10.3% du coût de l’ameublement, entre autres.
Turquie : inflation vertigineuse
La Banque centrale turque a abaissé son principal taux directeur pour le deuxième mois consécutif, de 13% à 12%. En août dernier, il était déjà passé de 14% à 13%. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan avait d’ailleurs appelé, en juin, à de nouvelles baisses des taux d’intérêt, après plusieurs mois de stabilité. Pourtant, le pays connaît une inflation vertigineuse. Elle atteignait 80,2% sur un an en août, selon les chiffres officiels, au plus haut depuis 1998. Mais selon le groupe de recherche sur l’inflation (Enag), composé d’économistes turcs indépendants, elle serait bien plus haute. Ils l’estimaient en juin à 175,5% sur un an, soit plus de deux fois le taux communiqué par l’Office national des statistiques (Tüik).
Japon : statu quo malgré la forte inflation
Les statistiques publiques japonaises font état d’une hausse annuelle des prix de 2,8% en août. Si on ignore l’année 2014, où une réforme de la TVA avait gonflé artificiellement les prix, il s’agit de l’inflation la plus forte depuis 1991 dans l’archipel. Consciente qu’il s’agit d’un choc extérieur dû à la crise énergétique et alimentaire mondiale, la BoJ ne compte pas infléchir sa politique monétaire pour l’instant. A 2,8% sur un an, le chiffre d’août se situe légèrement au-dessus des attentes des économistes de l’agence Bloomberg qui tablaient sur 2,7%. Dans ce contexte d’inflation provoquée par des difficultés d’offre, la BoJ (Bank of Japan) n’a pas encore durci sa politique monétaire contrairement aux banquiers centraux occidentaux, confrontés à des niveaux d’inflation autrement plus violents qui frôlent parfois les 10% comme au Royaume-Uni. La BoJ continue de maintenir ses taux autour de zéro. En conséquence, le yen chute depuis plusieurs mois, notamment par rapport au dollar, ce qui pénalise les consommateurs et les entreprises dont les coûts d’approvisionnement depuis l’étranger augmentent.
Norvège: gare au ralentissement de la consommation !
la Banque centrale de Norvège a relevé en août dernier et pour la cinquième fois – en moins d’un an – son taux directeur. Et de ne pas exclure un sixième relèvement en septembre si nécessaire pour juguler une inflation qui a atteint 6,8% sur un an en juillet. Soucieux de maintenir le pouvoir d’achat de ses sujets, le royaume de Norvège cherche, comme en 2018, année d’investissements pétroliers, à créer une trajectoire stable. Le fonds souverain norvégien investit les produits de l’industrie pétrolière norvégienne en actions et obligations étrangères. Concrètement, l’État vise à ne pas dépenser plus de 3% de sa valeur au cours d’une année normale.
Mais dans un contexte de forte inflation, l’exécutif norvégien s’attend à ce la consommation ralentisse
Allemagne: des prévisions de plus en plus pessimistes
Les chiffres définitifs de l’inflation allemande confirment une hausse des prix en août, à 7,9% sur un an, après deux mois de ralentissement. Une augmentation due particulièrement à la flambée des prix de l’énergie, sur fond de guerre en Ukraine. Pour soutenir les ménages, le gouvernement a débloqué un troisième volet de mesures d’aides totalisant 65 milliards d’euros. Les prévisions pour les mois à venir restent néanmoins pessimistes, avec l’ombre d’une inflation dépassant les 10% dès la fin de l’année.
Chine: avec modération…
A l’inverse de nombreux autres pays, notamment en Europe et aux Etats-Unis, les prix en Chine restent modérés. En août, l’inflation est restée relativement stable, selon des données officielles publiées vendredi, et ce grâce à un tassement des prix de l’alimentaire, malgré une canicule qui a frappé le pays cet été et une reprise de l’épidémie de Covid-19. Ainsi, le mois dernier, l’indice des prix à la consommation (CPI) s’est inscrit en hausse de 2,5% sur un an, contre 2,7% le mois précédent, a annoncé le Bureau national des statistiques (BNS). C’est moins qu’attendu, des analystes interrogés par l’agence Bloomberg s’attendaient au contraire à une accélération de la hausse (+2,8%). Le BNS explique cette tendance par la baisse des prix des matières premières sur les marchés internationaux, notamment le pétrole brut et les métaux non ferreux, ainsi que par la faible demande dans certaines industries en Chine. Ce ralentissement de l’indice des prix à la consommation s’explique aussi par une nouvelle baisse des prix des carburants en août.
France: inflation record
L’inflation a atteint 5,9% sur un an en France au mois d’août, a indiqué l’Insee, révisant en hausse de 0,1 point sa première estimation publiée à la fin du mois d’août, qui était de 5,8%. L’évolution de l’indice harmonisé, qui sert de base de comparaison au niveau européen, a également été corrigée par l’Insee (+0,1 point par rapport à la première estimation, pour atteindre 6,6% sur un an en août). Malgré cette révision, le repli de l’inflation en août par rapport à juillet (6,1% sur un an) se confirme. Cette décélération suit celle des prix de l’énergie, qui restent néanmoins en hausse (+22,7% sur un an en août après +28,5% en juillet) notamment ceux des produits pétroliers (+28,7% après +39%).
Canada : tendance à la hausse
Après avoir atteint un sommet inégalé en 40 ans plus tôt cet été, l’inflation a finalement ralenti en août, au Canada, en s’établissant à 7 %. Même s’il s’agit d’un signe encourageant, il ne faut toutefois pas s’attendre à voir les prix redescendre. En effet, les scénarios les plus optimistes prévoient que les prix continueront de monter même si l’inflation poursuit sa décélération. Dans le meilleur des cas, des taux d’intérêt plus élevés et une économie plus lente ramèneront l’inflation à un rythme plus modéré.
République dominicaine à contre courant
La Banque centrale de la République dominicaine (BCRD) a indiqué que la variation de l’indice des prix à la consommation (IPC) en août était de 0,21% par rapport à juillet 2022, l’inflation mensuelle la plus faible des 27 derniers mois. Selon l’entité, cela correspond à l’inflation cumulée de janvier à août 2022 de 5,70 %, tandis que l’inflation en glissement annuel, mesurée d’août 2021 à août 2022, a diminué de 0,84 % par rapport au pic de 9,64 % du mois d’avril dernier, le plaçant à 8,80 % en août.
Espagne: se nourrir, une gageure…
Les prix des aliments ont augmenté de 13,8 % en un an en Espagne, selon l’Institut national des statistiques. Les aliments et les boissons non alcoolisées sont devenus 13,8 % plus chers en août par rapport au même mois en 2021, le taux le plus élevé depuis janvier 1994, et 0,5 % par rapport à juillet 2022, avec des augmentations exceptionnelles du lait, du fromage et des œufs, viande, pain et céréales.
Chili : l’espoir d’un lendemain meilleur
Le Chili fait face à sa pire inflation depuis 30 ans, avec une hausse en glissement annuel de 14,1 % en août, le mois, en tout cas, où le pic aurait été atteint.
Bien que le marché s’attende à ce que l’indice des prix à la consommation (IPC) continue d’afficher des hausses importantes en septembre et en octobre, en novembre, les chiffres afficheraient une plus grande modération. Selon l’enquête post-réunion de politique monétaire (RPM) auprès des opérateurs financiers (EOF) de septembre publiée aujourd’hui, l’inflation mensuelle en septembre serait de 1% et de 0,9% en octobre. En novembre, pendant ce temps, le chiffre tomberait à 0,5%. L’enquête a également montré que le marché est un peu plus optimiste quant aux données d’inflation à moyen terme. Dans les 12 mois à venir, l’inflation pourrait s’établir à 6,3 % (contre les 7,9 % prévus dans l’enquête précédente), et dans les 12 prochains mois, elle serait de 5 % (contre les 5,25 % estimés dans l’enquête précédente).
Argentine: inflation et pauvreté ne font pas bon ménage
En août, le taux de variation annuel de l’indice des prix à la consommation (IPC) en Argentine était de 78,5 %, et plusieurs analystes et institutions financières prévoient qu’il terminera l’année à 100 % et y restera à ce niveau en 2023. Des chiffres jamais vus depuis l’époque de l’hyperinflation, qui a atteint son apogée entre 1989 et 1990 lorsqu’elle a dépassé 3 000 %. De plus, le problème s’aggrave lorsque 37,2% de la population argentine, soit 17,4 millions de personnes, vit en dessous du seuil de pauvreté.
Banque mondiale : S.O.S stagflation en vue…
La Banque mondiale redoute une «stagflation généralisée» de l’économie mondiale, à cause des différentes mesures prises pour contenir l’inflation, et revoit ainsi à la baisse ses prévisions de croissance pour l’ensemble des pays. «Nous avons globalement revu à la baisse les prévisions de croissance de l’ensemble des pays, à l’exception des pays exportateurs de matières premières. Et nous avons baissé d’un tiers nos prévisions pour l’économie mondiale», a indiqué le chef économiste de l’organisation, Indermit Gill, lors d’une conférence de presse.
DevHaiti