Éditorial

L’intelligence artificielle : une chance historique pour Haïti

4 minutes lecture

En organisant la première édition du sommet sur l’intelligence artificielle en Haïti, le Sommet Ayiti IA, le 27 juin 2025 à l’hôtel Karibe Convention Center, devant une salle comble, le Group Croissance et ses partenaires ont réussi un vrai coup de maître.

En effet, l’histoire récente nous montre que chaque grande transformation économique mondiale s’est appuyée sur une technologie capable de remodeler les sociétés. Aujourd’hui, cette technologie, c’est l’intelligence artificielle (IA). Pour un pays en développement comme Haïti, elle n’est pas seulement un outil parmi d’autres, mais un véritable catalyseur capable d’ouvrir des chemins inexplorés vers le progrès.

Dans son discours à ce Sommet national sur l’intelligence artificielle, le gouverneur de la BRH a lancé un appel vibrant à l’unité entre l’État, le secteur privé, l’université et la société civile. L’IA peut en effet devenir un levier de productivité, de transparence et de compétitivité. Mais, elle comporte aussi un risque majeur : celui d’accentuer les fractures sociales si elle n’est pas pensée, encadrée et appropriée localement.

Or, Haïti dispose d’un atout considérable : sa jeunesse. Plus de 60 % de la population a moins de 30 ans. Dynamique, créative et avide d’opportunités, cette génération peut être au cœur d’un véritable projet de société fondé sur l’innovation. Encore faut-il lui donner les outils : formation adaptée, infrastructures numériques et politiques publiques visionnaires. C’est dans cet esprit que la BRH a annoncé la création du Fonds pour l’Intelligence Artificielle (FIA), destiné à soutenir l’inclusion numérique et la montée en compétences.

Cependant, il serait naïf de croire que l’IA seule suffira. Son efficacité dépendra de la qualité des données qui l’alimentent. Les expériences internationales démontrent qu’une IA utile et responsable repose sur des données « prêtes pour l’IA » : accessibles, validées, bien documentées et interopérables. Sans cet effort de structuration, l’IA risquera de reproduire des erreurs, d’amplifier les inégalités et de perdre la confiance du public. Haïti doit donc investir dès maintenant dans la gouvernance de ses données, en s’appuyant sur ses institutions statistiques, ses universités et ses partenaires internationaux.

L’enjeu est double : d’un côté, éviter l’exclusion numérique et la dépendance à des solutions étrangères ; de l’autre, transformer l’IA en moteur d’opportunités locales. Dans l’éducation, la santé, l’agriculture, les services financiers, l’IA peut contribuer à surmonter des obstacles historiques, améliorer l’accès aux services essentiels et renforcer la résilience nationale.

Il ne s’agit pas de rêver d’une solution miracle, mais de poser les bases d’un avenir audacieux. L’IA doit être pensée comme un bien collectif, un outil pour construire une société plus inclusive, plus souveraine et mieux préparée aux défis du XXIᵉ siècle.

Haïti ne peut se permettre d’ignorer cette chance. L’intelligence artificielle n’est pas un raccourci magique vers le développement. Cependant, un chemin possible vers un futur meilleur, à condition de le parcourir ensemble, avec rigueur, vision et courage.

À l’issue de ce Sommet historique, parmi d’autres annonces, retenons les deux plus marquantes, à savoir : la mise en place prochainement du Conseil national de l’intelligence artificielle en Haïti. Il s’agit d’un conseil de neuf membres qui sera mis en place avec dans ses rangs trois du secteur public (MEF, BRH et IHSI), deux du secteur privé des affaires, deux de la société civile et deux du monde universitaire. Ce Conseil disposera d’un mandat de trois ans pour faire la promotion du développement de l’IA en Haïti. L’autre annonce concerne la création du Fonds de l’Intelligence artificielle en Haïti (FIAH) qui sera mis en place pour soutenir la formation et le développement de l’IA.

On espère qu’avec la mise en place de ces mécanismes, Haïti ne va pas perdre la bataille de la révolution numérique, comme ce fut le cas trop souvent par le passé avec la révolution industrielle ou encore agricole.

DevHaiti

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *