Malnutrition aigüe: les enfants face à la crise haïtienne
L’insécurité alimentaire, ces derniers temps, ne cesse de gagner du terrain sur l’ensemble du territoire haïtien. Et, ce sont les enfants qui en font les frais. Selon l’enquête nutritionnelle nationale 2023 du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère (également appelée émaciation sévère) en Haïti a augmenté de 30% des cas par rapport à 2022. Pour le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), il s’agit de l’une des multiples conséquences de la mainmise des gangs sur diverses zones du pays.
Les enfants constituent l’un des groupes les plus vulnérables par rapport à la crise. Il n’est pas une surprise si les données sur la nutrition soient alarmantes. C’est sans doute la partie émergée de l’iceberg. Cette crise risque de compromettre, si ce n’est pas déjà le cas, tous les efforts qui ont été faits au cours des dernières années en matière du respect des droits des enfants.
Trouver de quoi manger au quotidien dans un monde qui repousse toutes les limites dans les domaines des technologies, de l’armement et des découvertes scientifiques, devrait être une simple formalité. Et dire que les hommes d’aujourd’hui cherchent à apprivoiser d’autres planètes ? Paradoxalement, à mesure que le monde progresse, les inégalités entre les pays, entre riches et pauvres, entre Nord et Sud, augmentent.
En Haïti, les enfants qui ne peuvent pas manger à leur faim, qui ne peuvent poursuivre leurs études, qui n’ont pas accès aux vaccins, qui meurent de maladies autrefois éradiquées mais qui refont surface, sont le visage de ces inégalités. Ils sont le visage de la mauvaise gouvernance du pays par la classe politique haïtienne, celui de l’irresponsabilité des élites et de l’échec de la communauté internationale en Haïti.
Haïti manque de ressources, mais ce n’est pas la cause de l’augmentation du nombre d’enfants en situation de malnutrition aiguë sévère. C’est surtout, comme le souligne l’UNICEF, la crise multiforme qui en est responsable ou du moins qui aggrave le problème. La crise elle-même est une conséquence de la gouvernance catastrophique du pays d’hier et aujourd’hui. Par déduction, on peut dire que les enfants sont victimes de la mauvaise gouvernance des dirigeants de l’Etat.
Il est de la responsabilité des autorités haïtiennes de trouver les voies et moyens pour mettre fin à la crise. Ce sera un geste d’amour en faveur des enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère et aussi envers les adultes qui, comme les enfants, ne mangent pas à leur faim. La paix et la stabilité permettront aux ménages de mener leurs activités génératrices de revenu pour satisfaire leurs besoins et ceux de leurs enfants. Ce serait mieux que la charité internationale que beaucoup de familles attendent aujourd’hui pour se nourrir.
Aujourd’hui, les demandes d’assistance au profit des Haïtiens se multiplient. L’ONU à travers son agence humanitaire OCHA est à la recherche de 720 millions de dollars pour venir en aide aux Haïtiens frappés par l’insécurité alimentaire. Une somme record depuis le séisme de 2010. D’autres organismes onusiens cherchent aussi de l’argent pour assister les Haïtiens. Une situation qui ressemble à celle d’un pays en guerre ou à peine sorti d’une violente catastrophe naturelle.
Il y a urgence qu’Haïti trouve une solution à sa crise. Nos enfants méritent mieux. Il ne faut pas oublier que l’avenir du pays dépend d’eux.
DevHaiti