Développement durable

Nécessité d’un nouveau réseau national en fibres optiques pour une meilleure connectivité du pays

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La question de la connectivité du pays a été au centre des discussions parmi les divers thèmes traités lors du Sommet Régional de la Finance du Grand Nord. Cet évènement a rassemblé l’ensemble des parties prenantes engagées dans le développement de la région, y compris des représentants des institutions étatiques, entre autres.

Avec l’évolution des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC) et leur implication dans différentes sphères de l’économie mondiale, de nombreux pays ont désormais fait choix du numérique pour faciliter les échanges, à la fois chez eux et avec d’autres partenaires de l’étranger. Permettre aux personnes et aux institutions de se connecter devient un impératif dans un monde où les échanges commerciaux se font de plus en plus à travers des moyens de paiement électronique.

Dans cette optique, pour mieux informer le public et les acteurs présents dans ce sommet sur l’importance de doter le pays de capacités suffisantes pour mieux se positionner, Wilson Fièvre, Directeur général de l’Institut Haïtien et Statistique et d’Informatique (IHSI) a présenté le projet visant la mise en service d’un nouveau réseau terrestre de fibres optiques en Haïti. Selon monsieur Fièvre, l’État haïtien, de concert avec plusieurs institutions nationales et internationales, travaille activement vers la transformation digitale du pays.

Pour atteindre cet objectif, il sera nécessaire de faire un diagnostic de la situation actuelle pour identifier les problèmes qui peuvent constituer des obstacles à la fourniture de services en ligne au sein de l’administration publique. D’où la nécessité, selon lui, de renforcer le réseau de fibres optiques à l’échelle du pays qui compte présentement le taux de connectivité le plus bas dans la région avec seulement 35 % pour la plupart évoluant dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince où se concentre la majeure partie des activités économiques du pays.

Avec un réseau de fibres optiques internationales datant de 2012 dont le point d’entrée se situe à Kaliko Beach de 40 GB/s et désuet par rapport à la demande. Compte tenu du nombre d’utilisateurs qui a considérablement augmenté, générant ainsi un flux de données plus substantiel, il s’avère donc indispensable de penser à une meilleure interconnexion des différentes villes du pays à travers un nouveau réseau qui pourra satisfaire la demande nationale. “Vu l’importance des fibres optiques qui offrent une meilleure qualité en matière de connexion, nous proposons la création d’un nouveau réseau national en fibres optiques avec un nouveau point d’entrée au niveau de la commune de Caracol dans le Nord-est. Ce nouveau réseau permettra de connecter les régions du Nord et du Centre et de l’Artibonite. Une démarche qui s’inscrit dans un plan global visant l’interconnexion des différents départements du pays”, poursuit monsieur Fièvre.

Contrairement aux initiatives antérieures des deux principales compagnies de téléphonie, qui visaient à établir un réseau de fibres optiques par voie terrestre, le projet actuel privilégie la voie maritime afin d’éviter les problèmes récurrents rencontrés par ces compagnies, tels que le sabotage des câbles dans certaines régions et les défis liés à la géographie du pays. “Nous proposons de connecter les principales villes entre elles indépendamment des câbles internationaux gérés par les compagnies de téléphonie mobile et fournisseurs d’internet, pouvant faciliter des points de débits pour de potentiels fournisseurs pour desservir non seulement les ménages, mais des institutions d’enseignement, d’hôpitaux et d’infrastructures aéroportuaires parmi d’autres”, soutient le directeur de l’IHSI rappelant par ailleurs que des discussions sont en cours avec la Banque Interaméricaine de Développement (BID) pour la mise en œuvre de ce projet visant à multiplier par 10 la capacité existante pour atteindre 400 Giga Bytes par seconde au lieu des 40 disponibles actuellement.

“Avec une architecture en anneau – ce qui permettra au réseau de continuer à fonctionner même si une partie est endommagée – avec câbles à fibres optiques utilisant la technologie DWDM qui envoie beaucoup d’informations simultanément sur les câbles afin de relier les dix départements du pays”, selon Monsieur Fièvre.

Ce projet, ambitieux du fait des atouts qu’il offrira, sera mis en œuvre dans le cadre d’un partenariat public privé (PPP) permettant d’attirer d’autres investisseurs et fournisseurs spécialisés et d’opérateurs locaux. Ces derniers auront à leur disposition des points de données qu’ils pourront exploiter afin de satisfaire les besoins locaux. Ce modèle favorisera l’inclusion, l’évolutivité ainsi que la résilience, et fera de l’État le principal régulateur, avec pour prérogatives de fixer le prix des services fournis, car il sera le principal fournisseur dans les différentes villes stratégiques où les points de débits seront disponibles. Cela constituera un levier de développement économique avec la création de nouveaux emplois, la réduction des coûts et l’innovation dans les zones desservies”, prévient-il.

Le projet de la création du Réseau national en fibres optiques est en cours de discussion avec les différents partenaires financiers de l’Etat, des bailleurs de fonds et investisseurs dont le budget prévisionnel est de 170 millions de dollars américains. “Il sera mis en œuvre sur plusieurs phases durant une période 48 mois privilégiant un partenariat public privé avec le support du secteur privé, des opérateurs locaux, des organisations internationales ainsi que les communautés locales qui seront les principaux bénéficiaires tout en tenant compte des impacts sur l’environnement avec un taux de connectivité de 100 % sur le tout le territoire national”, a indiqué le directeur de l’IHSI.

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