Portrait de la situation macroéconomique d’Haïti pour l’exercice 2023-2024
Au cours de la 14e édition du Sommet international de la finance (SIF), organisée par le Group Croissance du 14 au 16 octobre 2024 autour du thème « Financer l’économie haïtienne à travers les investissements directs de la diaspora », la Banque de la République d’Haïti (BRH) a exposé le contexte macroéconomique du pays au cours de l’exercice fiscal 2023-2024 par la voix de Claude Jacques Divers de la Direction Monnaie et Analyses Economiques (MAE).
Afin de mettre en contexte l’environnement macroéconomique local et international, l’économiste Jacques Divers a fait remarquer qu’au cours de la deuxième partie de l’exercice 2023-2024, nous avons assisté à l’enclenchement d’un nouveau cycle monétaire chez les principaux partenaires commerciaux et financiers de l’économie haïtienne. Il cite en exemple les États-Unis, la zone euro et la République dominicaine où l’on a assisté à une décélération de l’inflation.
Par rapport à ce changement de cycle monétaire observé chez les principaux partenaires commerciaux et financiers d’Haïti, occasionnant une décélération de l’inflation, les diverses banques centrales ont décidé de baisser leurs taux directeurs, a indiqué M. Divers. Pour la première fois depuis 2020, a-t-il fait remarquer, les États-Unis ont décidé de baisser de 50 points de base leur taux directeur en septembre 2024.
En août 2024, l’inflation aux États-Unis était de 2,2 %. Au niveau du taux de chômage, on a observé une tendance à la baisse depuis 2020, alors que les dernières données relatives au taux de chômage américain en septembre 2024 faisaient état d’un taux de 4,1 %. Le taux de croissance du PIB réel aux États-Unis au 2ᵉ trimestre 2024 s’élevait à 3 %.
Revenons au cas d’Haïti qui vit depuis les six dernières années une situation de stagflation sans précédent. En effet, de 2018 à 2024, l’économie haïtienne s’est engouffrée dans une spirale de croissance négative où les projections pour l’année 2024 tournent autour d’une croissance de -4 %.
Quant à l’inflation, les derniers chiffres publiés par l’Institut haïtien de statistique et d’informatique font état d’une inflation en rythme annuel assez élevée de 29,3 % en août 2024, quoiqu’un ralentissement de 20 % ait été observé par rapport au mois de janvier 2023 où elle s’affichait à 49,3 %, explique l’économiste Jacques Divers.
Situation du système bancaire pour l’exercice 2023-2024
Selon M. Divers, la dégradation continue du climat des affaires a obligatoirement eu des incidences non négligeables sur le système bancaire. Les données que nous avons collectées jusqu’au 30 juin 2024 font état d’un recul du produit net bancaire de 2,7 % (6,4 milliards de gourdes) et d’une baisse du bénéfice net bancaire de 31,6 % (plus d’un milliard de gourdes).
En termes d’actifs, le secteur a enregistré un repli de son actif de 0,4 %, soit 645,47 milliards de gourdes au 30 juin 2024. Désormais, aujourd’hui plus qu’avant, le système bancaire est caractérisé par une augmentation de la dollarisation de l’économie, si l’on considère le ratio des dépôts en devises converties par rapport aux dépôts totaux qui représentent 68,76 %, a fait remarquer le cadre de la Direction Monnaie et Analyses Economiques (MAE) de la Banque centrale, Jacques Divers.
Performance de l’État et financement monétaire
L’exercice 2023-2024 s’est soldé par une très bonne performance de l’État en matière de recettes. Ces dernières ont totalisé 166 milliards de gourdes contre 172,6 au précédent exercice, soit une légère baisse de 3,82 %. Ces 166 milliards de gourdes représentent 96,1 % des niveaux de recettes prévus pour l’exercice 2023-2024.
En ce qui a trait aux dépenses budgétaires, celles-ci ont diminué de (-9,68 %) pour s’établir à 160,4 milliards de gourdes au 30 septembre 2024, contre 177,6 au cours de la même période de l’année précédente.
De cela, il en est résulté un remboursement d’environ 7 milliards de gourdes au 30 septembre 2024 contre un financement d’environ 19 milliards de gourdes un an auparavant.
Gary Cyprien