Éditorial

Pour améliorer l’inclusion financière, Haïti doit miser sur l’éducation

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Comme dans beaucoup d’autres domaines, Haïti est un piètre élève en matière d’inclusion financière. Les données disponibles le prouvent. Seuls 19 % des adultes possèdent un compte auprès d’une institution financière, tandis que 9 % déclarent épargner et seulement 5 % empruntent via une institution formelle (FINSCOPE, 2023). On doit douter que les chiffres se soient améliorés lors des deux dernières années quand on sait que les institutions financières, toutes catégories confondues, sont frappées de plein fouet par la crise multiforme qui ronge le pays. Des communes entières cessent d’être desservies par les banques, voire les coopératives.

Il est évident que les institutions financières, dont les banques et les coopératives d’épargne et de crédit, ont besoin de la présence de l’État pour fonctionner. On comprend qu’il serait difficile que ces institutions poursuivent leurs activités dans les communes ou quartiers tombés sous le contrôle des gangs. On doit comprendre aussi que quand les institutions financières réduisent leur présence sur le territoire, cela entraîne des conséquences fâcheuses sur l’inclusion financière.   À la fermeture des succursales des institutions financières, ajoutons toutes les difficultés auxquelles elles font face pour desservir leurs clients à Port-au-Prince comme dans les villes de province.

Pour contourner l’insécurité et toutes les tracasseries logistiques, les institutions financières pourraient recourir aux technologies. Oui, lors des dernières années les institutions financières recourent de plus en plus aux technologies de communication pour chercher à faciliter le service à distance. C’est dans ce même objectif que les services de paiement mobile prennent de l’ampleur dans le pays. Personne ne peut nier les progrès accomplis dans ce domaine lors des dernières années. On doit aussi admettre que la crise énergétique et le mauvais service des compagnies d’internet empêchent les citoyens de jouir de tous les potentiels des technologies de communication. Ce qui affecte certainement le service en ligne des institutions financières.

Dans ce contexte, pour des avancées en matière d’inclusion financière, il est évident que les acteurs du secteur économique et financier doivent continuer à développer leur créativité pour contourner les obstacles et l’État doit créer un climat favorable pour le fonctionnement des institutions financières. Un autre élément à prendre aussi en compte, c’est l’éducation de la population dans le domaine de la finance.

Bien sûr, la population haïtienne doit développer de meilleurs rapports avec l’argent et avec les institutions financières. L’éducation est sans doute l’outil le plus efficace pour atteindre de tels objectifs. Il faut aussi que ces institutions améliorent les rapports avec leurs clients ainsi qu’avec toute la population.

Si Haïti est un piètre élève en matière d’inclusion financière, on connait les causes. On ne compte plus les rapports qui les exposent. À chacun de jouer sa partition pour éliminer les obstacles sur la route de l’inclusion financière. En optant pour l’inclusion financière, le pays peut faire d’une pierre plusieurs coups, notamment s’attaquer au problème de l’identité qui persiste en dépit des avancées en matière des technologies de communication de même que combattre la corruption qui gangrène la société haïtienne.

On ne peut pas nier que des efforts ont été faits en matière d’inclusion financière, mais on doit faire plus.

DevHaiti

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