Pour un véritable accompagnement des MPME en Haïti

Une fois n’est pas coutume, les autorités publiques en Haïti ont décidé de témoigner de l’intérêt aux micros petites et moyennes entreprises, poumon de toute économie. Ici et ailleurs dans le monde. Si on ne peut que saluer cet intérêt tant attendu, il est toutefois trop tôt pour s’en réjouir. De peur de ne pas tresser trop tôt des louanges pour une probable opération cosmétique dans laquelle nos dirigeants sont de vrais maîtres en la matière.
A travers l’enquête FinScope Haïti 2022 lancée en grande pompe début février, le ton semble être donné pour un projet de renforcement de l’écosystème des MPME à travers le pays. Il s’agit avant tout, en toute logique, de combler la défaillance du système d’information sur le secteur des MPME. Car, comment prétendre agir efficacement dans un secteur particulier sans disposer de données clés sur ledit secteur ? Cela à coup sûr reviendrait à remplir le tonneau des Danaïdes.
Par le passé, des débats engagés par la BRH lors des forums sur l’entrepreneuriat ont permis d’établir l’effet néfaste notamment de la défaillance du système d’information sur le secteur des MPME sur l’accès au crédit de ces agents économiques. En ce sens, le principal résultat attendu de cette enquête FinScope MPME consiste à offrir à toutes les parties prenantes concernées un cadre complet d’informa- tion sur les micro petites et moyennes entreprises formelles et informelles, de manière à faciliter une meilleure exploitation et une optimisation du développement du secteur.
A n’en pas douter, cette étape nécessaire dans le projet de renforcement de l’écosystème des MPME est loin d’être suffisante. L’accès au crédit n’étant pas le seul aspect de blocage à la croissance des MPME en Haïti. Il va falloir agir sur les sempiternelles causes structurelles qui freinent toujours l’élan et le développement des MPME en même temps qu’on collecte les données sur leur mode de fonctionnement ainsi que sur tous les défis auxquels elles sont confrontées.
Une piste de solution potentielle à explorer par les autorités qui souhaitent vraiment s’atteler au renforcement de l’écosystème des MPME demeure la réduction de la grande informalité généralisée dans laquelle il évolue depuis des lustres via des politiques publiques adaptées. Faciliter l’octroi de la patente, démocratiser l’accès au crédit pour les femmes entrepreneures, renforcer les capacités de gestion des responsables des MPME… sont autant de chantiers ouverts auxquels les autorités compétentes devront s’attaquer une fois l’enquête FinS- cope complétée.
Le jeu en vaut largement la chandelle quand on sait que les MPME représentent le moteur de croissance par excellence de l’économie réelle. Grand pour- voyeur d’emplois, les MPME parviennent aisément à contribuer à 60% environ dans l’économie de certains pays, dont les États-Unis en particulier. Faute de statistiques fiables, nous ne pouvons pas préciser avec exactitude le poids des MPME haïtiennes dans l’économie nationale. Une lacune qu’il va falloir combler à l’avenir pour une prise en main effective du secteur.
DevHaiti