Finance

Pour une meilleure inclusion financière des femmes dans le secteur agricole

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Dans plusieurs secteurs de l’économie nationale, les femmes ont toujours apporté une contribution significative à leur développement. En termes d’implication et d’influence, l’agriculture haïtienne non plus n’est pas épargnée. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), près de 70 % de la main-d’œuvre agricole en Haïti est constituée de femmes issues des zones rurales.

Malgré le manque d’encadrement de ce secteur, l’agriculture joue un rôle essentiel dans la création de moyens de subsistance pour de nombreuses communautés rurales, car les femmes y consacrent un temps considérable à diverses activités liées à la production et à la commercialisation des denrées, tout en remplissant leurs tâches quotidiennes dans le foyer.

Contraintes à l’inclusion financière des femmes

Contrairement aux hommes qui bénéficient parfois de moyens financiers pour faire avancer leurs activités agricoles, les femmes sont confrontées à tout un ensemble d’obstacles. Ces derniers se traduisent notamment par un accès limité à la terre, soit 70% d’entre elles ne disposant pas de titre de propriété selon Venort et al., 2018. Si elles en possèderaient, elles n’ont pas accès à des outils et équipements adéquats qui leur permettront de valoriser leurs exploitations pour générer des revenus qui soient décents (CTA, 2005).

Outre les aspects cités antérieurement, il convient de noter également l’inaccessibilité des femmes à la formation et à la vulgarisation dans le domaine agricole. (FAO, 2011). En plus d’être marginalisées dans le cadre des programmes de formation et de vulgarisation, les agricultrices ont rarement bénéficié de technologies et d’intrants agricoles (matériel, irrigation de leurs parcelles, semences améliorées entre autres), ce qui les rend encore plus vulnérables et incapables de s’adapter aux changements climatiques (Gustafson, 2015).

 Ces contraintes et bien d’autres empêchent les agricultrices de jouer leur rôle efficacement en tant qu’actrices de l’économie nationale. En effet, elles ne disposent pas de ressources financières et sont souvent exclues quant à l’accès au crédit institutionnel (ONU-Femmes 2020) pour faire face aux défis du quotidien.

Programmes de financement disponibles

Fort de ce constat alarmant, de nombreuses initiatives ont vu le jour en vue de aider à ces femmes pour une meilleure inclusion financière de ces dernières. Bien qu’il existe des institutions de microfinance qui facilitent l’accès au crédit à des femmes qui entreprennent des activités commerciales, pour le financement pour celles qui évoluent dans l’agriculture, les initiatives proviennent plus souvent des institutions de développement.

Ainsi tout un ensemble d’initiatives ont vu le jour, telles que :

Le Projet d’appui à l’irrigation dans le Sud (PAIS) : financé par l’Agence française de développement (AFD) de même que la FAO, ce projet consiste à soutenir directement des femmes issues des zones rurales tout en facilitant l’accès au capital, aux ressources et au marché en tenant également compte de l’amélioration de leurs compétences à travers une enveloppe de 13 millions de dollars sur cinq ans.

Le Programme d’appui à l’entrepreneuriat féminin (PAEF) : mis en œuvre par le ministère du Commerce et de l’Industrie, ce projet s’inscrit dans une dynamique visant à offrir tout un paquet incluant entre autres formation, accès au financement constitué d’un prêt avec un intérêt qui varie de 3 à 5% pour une période maximale de 8 ans et d’un accompagnement technique personnalisé.

En l’absence des banques qui sont généralement présentes dans les grandes villes et qui ne disposent pas de portefeuille de crédit considérable dédié au secteur agricole, les femmes rurales concernées dans l’agriculture ont souvent recouru à des prêts auprès des coopératives d’épargne et de crédit (CEC) mais également des mutuelles de solidarité (MUSO) implantées dans leurs communautés.

Avec peu de financement accordé aux femmes agricultrices, seulement 5% des crédits agricoles sont attribués aux exploitations féminines (BID 2020). Le chemin est encore interminable compte tenu de la durée et du portefeuille limités alloués à ces programmes. Les banques commerciales, plus pérennes, ne fournissent pas assez de crédit au secteur en général, aux femmes en particulier car elles exigent des garanties que les agricultrices ne peuvent pas fournir.

Le renforcement des institutions locales qui soutiennent l’inclusion financière des femmes rurales, notamment les coopératives d’épargne et de crédit ainsi que les mutuelles de solidarité dirigées par des femmes, pourra constituer, dans le temps, un levier important pour l’autonomisation de ces femmes et la valorisation de leurs activités, qui sont indispensables à la survie des communautés souvent oubliées dans le cadre des politiques publiques en vigueur.

DevHaiti

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