Développement durable

Quels sont les risques de catastrophe auxquels Haïti est exposé ?

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Haïti est l’un des pays les plus exposés à des risques de catastrophe dans le monde, ce qui rend le pays particulièrement vulnérables aux pertes économiques. Plus de 93% de la surface d’Haïti et plus de 96% de la population sont exposés à un ou plusieurs risques de catastrophe. Selon ces indicateurs, Haïti se classe au cinquième rang mondial en termes d’exposition à un ou plusieurs risques de catastrophe (Banque mondiale 2005). Chaque phénomène, qu’il s’agisse d’ouragan, d’inondation, de tremblement de terre, de glissement de terrain ou de sécheresse, a des conséquences économiques: 56% du PIB d’Haïti sont liés à des zones exposées à un ou plusieurs risques de catastrophe.

Si la vulnérabilité d’Haïti découle en partie de sa situation géographique, le pays tient aussi sa vulnérabilité en partie de facteurs internes ou institutionnels. La comparaison entre la République dominicaine et Haïti, qui ont l’île d’Hispaniola en partage, met en évidence trois différences fondamentales. Tout d’abord, le nombre de phénomènes météorologiques entre 1980 et 2010 était de 63% plus élevé en Haïti qu’en République dominicaine, ce qui donne à penser que la plus forte vulnérabilité d’Haïti fait que certains risques de catastrophe se concrétisent plus facilement.

Ensuite, bien que les deux pays aient enregistré le même nombre de tempêtes, Haïti a subi deux fois plus d’inondations suite aux tempêtes.

Les inondations représentent l’un des phénomènes météorologiques les plus courants qui affectent Haïti, et se produisent en partie à cause du grave déboisement qui a affaibli et appauvri les terres, contrairement à la situation en République dominicaine. Enfin, la vulnérabilité plus élevée d’Haïti se reflète dans les conséquences de ces événements en termes de pertes en vies humaines et pertes économiques, qui correspondent également à un exode rural chaotique, à l’insuffisance conséquente de bâtiments et l’inadéquation des codes du bâti- ment, et au manque de diversification des sources de revenus.

Alors que les événements survenus en Haïti depuis 1980 ont fait plus de 230,000 morts et provoqué des dégâts chiffrés à près de 9 milliards de dollars, la République dominicaine a enregistré moins de 1500 morts et des dégâts évalués à 2.6 milliards de dollars. Avec une moyenne annuelle de plus de 284 millions de dollars, les coûts pour Haïti représentent plus du triple de ceux de son voisin.

Les zones urbaines et rurales pâtissent des conséquences de ces chocs

Les caractéristiques de l’urbanisation représentent une partie des pertes économiques causées par ces événements en raison des dégâts causés aux habitations et aux infrastructures, de la perturbation des chaînes logistiques et de transport, et des pertes en vies humaines. Les zones rurales assument une part plus importante des coûts en termes de pertes de produits agricoles, qui ont un impact sur la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance.

Les risques de catastrophe naturelle peuvent ralentir ou stopper la croissance et le développement, entraînant destruction et orientation des investissements publics vers les opérations de reconstruction d’urgence […] Les pauvres dans les zones rurales sont plus susceptibles d’être touchés par les chocs agricoles et climatiques, tandis que, dans les zones urbaines, les chocs économiques affectant les revenus du travail et les transferts monétaires privés sont plus fréquents.

Compte tenu de la forte incidence des chocs, plusieurs mesures publiques prioritaires se dégagent, à savoir:

Priorité 1: Évaluer les besoins en matière de protection sociale et éventuellement élargir la couverture parmi les populations pauvres et vulnérables afin de protéger leurs biens et moyens de subsistance.

Priorité 2: Intégrer les activités de gestion des risques de catastrophe à toutes les stratégies de croissance, de développement et de réduction de la pauvreté afin de faciliter le passage d’une approche consistant à vivre dans le risque à une approche consistant plutôt à vivre avec le risque.

Priorité 3: Renforcer les capacités du Système national de gestion des risques et des désastres d’Haïti, lesquelles sont faibles et ne reposent sur aucune base législative.

Source : Banque mondiale

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