Qu’est-ce que l’économie bleue ?
L’économie bleue décrit l’utilisation durable et la conservation des ressources aquatiques dans les environnements marins et d’eau douce. Ceci comprend les océans et les mers, les côtes et les rives, les lacs, les rivières et les eaux souterraines. Il comprend des activités qui exploitent les ressources aquatiques (pêche, exploitation minière, pétrole, biotechnologies, etc.) ou utilisent les milieux aquatiques (transport maritime, tourisme côtier, etc.), dès lors qu’elles sont réalisées de manière intégrée, équitable et circulaire. Ces activités contribuent à améliorer la santé des écosystèmes aquatiques en établissant des mesures de protection et de restauration.
Cette définition est fournie par la Commission économique pour l’Afrique (CEA), organisme régional de l’Organisation des Nations Unies (ONU) de 54 États membres.
L’importance de l’économie bleue vue par la Banque mondiale
Les océans sont non seulement source d’emplois et de nourriture, mais ils soutiennent également la croissance économique, régulent le climat et contribuent au bien-être des communautés côtières.
Un grand nombre d’habitants dans le monde, en particulier parmi les plus démunis, dépendent de la bonne santé des océans pour travailler et se nourrir.
Aussi est-il plus qu’urgent d’exploiter, de gérer et de protéger durablement cette ressource naturelle. Selon l’OCDE, les océans apportent chaque année à l’économie mondiale une valeur ajoutée de 1 500 milliards de dollars.
La FAO estime que près de 60 millions de personnes dans le monde sont employées dans la pêche et l’aquaculture ; la majorité d’entre elles vivent dans des pays en développement et pratiquent une pêche de capture artisanale. En 2016, la production halieutique et aquacole mondiale a représenté environ 171 millions de tonnes avec une valeur à la «première vente» estimée à 362 milliards de dollars, les exportations générant plus de 152 milliards de dollars, dont 54 % provenant de pays en développement. En outre, pour quelque 3,2 milliards de personnes, le poisson constitue près de 20 % de l’apport moyen en protéines animales, et cette proportion est encore plus élevée dans les pays pauvres.
La santé des océans, des côtes et des écosystèmes d’eau douce est primordiale pour la croissance économique et la production alimentaire, mais elle est également essentielle à la lutte contre le réchauffement climatique. Les mangroves et autres habitats végétaux marins sont des «puits de carbone bleu » qui peuvent fixer 25% des émissions de CO2, mais aussi des remparts contre les tempêtes et les inondations côtières. Inversement, le réchauffe- ment des océans et le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère entraînent une acidification des océans qui menace leur équilibre et leur productivité.
Or si les ressources marines stimulent la croissance et la richesse, les activités humaines les poussent au bord de la catastrophe. Les stocks de poissons ont diminué en raison de la surpêche. La proportion des stocks exploités à un niveau non biologiquement durable, qui était de 10 % en 1974, atteignait 33 % en 2015 tandis qu’environ 60 % des stocks étaient exploités au maximum. En cause, notamment, la pêche illicite, non réglementée et non déclarée, qui se chiffre à quelque 26 millions de tonnes de poisson par an, soit plus de 15 % des prises totales. Par ailleurs, la surpêche et la surcapacité représentent un manque à gagner de près de 80 milliards de dollars par an. Les habitats halieutiques pâtissent eux aussi de la pollution, de l’aménagement du littoral et des pratiques de pêche destructrices qui entravent la reconstitution des stocks de poissons.
Grâce à une meilleure gestion des pêches, à des investissements dans l’aquaculture durable et à la protection des habitats essentiels, il est possible de restaurer la productivité des océans et d’engendrer des bénéfices pour des milliards de personnes dans les pays en développement, tout en assurant aux populations côtières croissance, sécurité alimentaire et emplois pour l’avenir.
Les océans sont particulièrement menacés par la pollution plastique. Chaque année, environ 8 millions de tonnes de plastique provenant de sources terrestres finissent dans les océans. On retrouve des microplastiques dans le monde entier, dans la chaîne alimentaire, l’air, les océans, l’eau de pluie et la glace dans l’Arctique. La pollution par le plastique porte atteinte aux économies, aux écosystèmes et à la sécurité alimentaire, et pourrait entraîner des répercussions sur la santé publique. La lutte contre la pollution plastique est complexe, multisectorielle et spécifique à chaque pays ; elle nécessite de mettre un terme aux rejets en améliorant la gestion des déchets solides, en créant des économies circulaires (suivant les principes des «3R»: réduire, réutiliser, recycler) et en encourageant le nettoyage et le ramassage des déchets.
Que signifie une économie bleue véritablement durable ?
Malgré l’absence d’une définition universellement acceptée du terme «économie bleue», la Banque mondiale la définit comme «l’utilisation durable des ressources océaniques pour la croissance économique, l’amélioration des moyens de subsistance et l’emploi, tout en préservant la santé de l’écosystème océanique».
Une économie bleue donne la priorité aux trois piliers de la durabilité: environnemental, économique et social. Lorsqu’on parle de développement durable, il est important de comprendre la différence entre une économie bleue et une économie océanique. Ce terme implique que l’initiative est écologiquement durable, inclusive et résiliente au changement climatique.
Outre la fourniture de biens et de services mesurables en termes monétaires, les récifs coralliens, les mangroves, les prairies sous-marines et les zones humides fournissent des services écosystémiques essentiels tels que la protection des côtes et la séquestration du carbone.
Les petits États insulaires en développement (PIED) contrôlent 30% de l’ensemble des océans et des mers.
Quid de l’ODD14, relatif à la conservation et à l’utilisation durable des océans?
En 2015, les dirigeants du monde entier ont convenu des Objectifs de développement durable (ODD), une feuille de route constituée de 17 objectifs qui traduisent le minimum qui doit être fait pour la survie des personnes et de la planète. L’Objectif de développement durable 14 (ODD 14) a fixé une série de dix cibles ambitieuses pour la protection et la restauration des océans, dont plusieurs arrivaient à échéance en 2020 ou 2025.
De tous les objectifs mondiaux, l’ODD14 est celui qui a reçu le plus faible niveau d’investissements et aucune des cibles qui devaient être atteintes en 2020 ne l’a été. Si certains progrès ont été accomplis, il reste encore beaucoup à faire pour que le programme des ODD soit réalisé d’ici 2030.
«L’ODD 14 reste l’ODD le plus sous-financé, mais son potentiel est immense et décisif dans la lutte contre la triple crise planétaire que nous connaissons. Chaque centime investi dans la réalisation de l’Accord de Paris est un centime investi dans le maintien à long terme de l’économie bleue mondiale. Si nous continuons d’utiliser des combustibles fossiles, de nombreuses espèces et écosystèmes océaniques, mais aussi la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de milliards de personnes, seront confrontés à des menaces existentielles», a déclaré Haoliang Xu, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur du Bureau d’appui aux politiques et aux programmes du PNUD, lors de la Conférence des Nations Unies sur les océans du 27 juin au 1er juillet 2022.
La réalisation de l’ODD 14 nécessite un changement transformateur dans un certain nombre de secteurs non seulement océaniques mais aussi terrestres tels que l’agriculture et la gestion des déchets.
Sources combinées
DevHaiti

