Éditorial

Sortir notre système de santé haïtien de sa convalescence

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La santé en Haïti est une grande préoccupation. Plusieurs indicateurs du système sanitaire sont au rouge. Ce qui empêche les institutions sanitaires de remplir leur mission consistant à prodiguer des soins  de  qualité  à  la  population.  Le sous-financement du système de santé constitue l’un des obstacles majeurs à son développement. Dans cette livraison du magazine, nous étalons avec un luxe de détails le problème. Les financements publics dédiés à la santé sont assez faibles. L’apport financier de l’international n’arrive pas à compenser le déficit de financement national. Les ménages, subissant déjà les conséquences du marasme économique, sont obligés de payer eux-memes leurs propres services de santé. Dans un pays où l’assurance santé est un luxe, les patients doivent payer argent comptant les soins. Pour cause : une bonne partie de la population n’a accès à des soins de qualité.

Les conséquences d’une telle situation sont connues de tous. Nos indicateurs de développement liés à la santé sont comme des signaux de détresse. Notre taux de mortalité infantile est le plus élevé des Caraïbes. Haïti sera toujours à la traîne si on considère la mortalité maternelle ou l’espérance de vie. Le système sanitaire à lui-seul n’est pas responsable de tous nos maux. Il y a aussi les déterminants de la santé à prendre en compte. Il est un fait que notre système sanitaire porte tout le poids de la mauvaise gouvernance du pays. Des maladies éradiquées dans le passé refont surface aujourd’hui. Des hôpitaux construits à coup de dizaines de millions de dollars américains sont comme des éléphants blancs, faute de fonds pour les entretenir et rémunérer le personnel correctement. Le poids de la corruption n’est pas non plus à négliger.

Dans un tel contexte, Haïti est très loin de respecter les engagements pris ici et ailleurs pour garantir le droit à la santé de chaque Haïtien. La voie pour y arriver n’est même pas encore tracée. Le Rapport des Comptes Nationaux de la Santé couvrant les exercices  2016-2017,  2017-2018,  2018-2019 montre que le financement du système sanitaire est traité en parent pauvre dans la mesure où l’enveloppe budgétaire consacrée à la santé se rétrécit au fil des années. Les ménages qui s’appauvrissent de jour en jour à cause de l’instabilité politique et ses corollaires, notamment l’inflation galopante et la dépréciation de la gourde, sont de moins en moins en mesure de prendre en charge les dépenses liées à la santé.

Il est urgent que l’Etat haïtien s’attaque aux problèmes qui handicapent le système sanitaire. Il est temps de faire du financement de la santé une priorité. Le pays a besoin des hommes et des femmes en santé pour travailler à son développement. Cela exige des investissements dans le système de santé à tous les niveaux. Avoir des adultes en santé exige une bonne prise en charge de la petite enfance. D’aucuns diraient que cette prise en charge doit commencer avant même la naissance.

Mettre en place un système de santé pouvant prendre en charge toutes les catégories de la société aiderait grandement dans la prévention de certaines maladies, pour éviter donc des dépenses improductives. Le pays a tout à gagner dans une bonne gouvernance du système sanitaire qui doit passer par un financement adéquat. Une bonne partie de ce financement doit contribuer notamment au renforcement de capacités du personnel soignant.

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