Une délégation réduite pour Haïti à la COP 27
Une délégation haïtienne multisectorielle s’est rendue sur place à Charm El-Cheikh en Égypte pour prendre part aux négociations et défendre les positions de la République d’Haïti dans le cadre de la 27e Conférence des Parties (COP 27), surnommée la COP de l’Afrique ou encore la COP de l’implémentation, qui a eu lieu du 06 au 18 novembre 2022.
Classé dans la catégorie “Petit état insulaire en développement (PIED)”, Haïti a salué l’inscription à l’ordre du jour des négociations des pertes et dommages et a pris position aux côtés de tous les autres petits états vulnérables pour réclamer des pays riches le respect de leurs engagements financiers au nom de la justice climatique.
«La délégation haïtienne est composée de cadres du ministère de l’Environnement (MDE), de cadres de la Direction des changements climatiques, de membres de la société civile tels qu’ACCLEDD [Action pour le Climat, l’Environnement et le Développement durable], d’un représentant des jeunes qui luttent contre les changements climatiques en Haïti, d’agences internationales comme le PNUE et l’UNESCO. Tous font partie de la délégation haïtienne», a informé la directrice de la Direction des changements climatiques (DCC) du ministère de l’Environnement (MDE), Gerty Pierre, à la tête de la délégation haïtienne depuis le début de la COP 27.
«Nous sommes environ une dizaine», a poursuivi Mme Pierre qui intervenait à une des émissions spéciales d’Haïti Climat sur la COP27 sur les ondes de Magik 9.
«Nous faisons partie de groupes de travail, si Haïti n’est pas présent, les autres pays négocieraient à notre place […] Étant donné que nous faisons partie de plusieurs groupes de négociations, l’essentiel était de nous joindre aux autres [pays] pour défendre des intérêts de groupe, et non des positions individuelles. Nous participons à plusieurs réunions de coordination, notamment avec les Petits États insulaires en développement, avec le Groupe des 77 et la Chine, et aussi, avec les PMA [Pays moins avancés] composés de pays africains, asiatiques et de pays issus de la Caraïbe, tels qu’Haïti», a indiqué Gerty Pierre annonçant avoir reçu avec joie la nouvelle pour les pertes et dommages.
«Haïti est très vulnérable et se trouve sur les trajectoires des ouragans majeurs qui nous laissent bien des dégâts quand ils nous traversent. Le montant qu’on impartirait à notre pays servirait à venir en aide aux personnes vulnérabilisées par les préjudices du climat», a rappelé la responsable de la Direction des changements climatiques soulignant que la position défendue par Haïti lors des négociations consiste à tout faire pour que les PEID trouvent les moyens nécessaires pour lutter contre les changements climatiques.
«C’est également une possibilité de réclamer l’argent que les pays développés ont promis d’allouer aux pays en développement. Nous savons que nous ne sommes pas de grands émetteurs de gaz à effet de serre (GES), cependant nous sommes vraiment impactés par les grandes industries des pays développés qui émettent de grandes quanti- tés de gaz carbonique ou d’autres GES. Nous sommes en train de défendre ce point afin qu’ils acceptent de verser ce fonds et que nous puissions le en recevoir une partie», a expliqué Gerty Pierre.
Ce point a fait partie intégrante du discours prononcé par le Directeur de communication du MDE, Yves Bernard Remarais, au segment de haut niveau, en remplacement du ministre James Cadet, empêché.
«L’augmentation du nombre et de l’intensité des événements climatiques extrêmes provoquent des dégâts considérables sur l’économie du pays, affectent le mode de vie des populations et provoquent la pauvreté extrême. En 2020, les pertes causées par les catastrophes climatiques en Haïti ont atteint près de 400 millions de dollars amé- ricains, ce qui représente environ 50% de l’aide internationale et 20% du budget de l’État. Plus de la moitié de la population se trouve dans l’insécurité alimentaire. Je vous fais grâce des informations sur la situation politique alarmante d’Haïti quoique la relation entre la politique et la vulnérabilité d’un peuple, exacerbée par les effets des changements climatiques n’est plus à démontrer», a donc expliqué Yves Bernard Remarais par devant la salle plénière Néfertiti dans la soirée de mardi 15 novembre, heure égyptienne.
Lundi 14 novembre, la délégation haïtienne a organisé son traditionnel événement parallèle pour présenter la position du pays en tant que pays vulnérable et son Plan national d’Adaptation (PNA) ainsi que son document de Contribution déterminée au niveau national (CDN) soumis aux instances concernées depuis le mois de février de cette année.
Concernant la participation du pays dans les COP, Gerty Pierre estime qu’elle est loin d’être vaine. «Ce qu’il faut retenir, les négociations sont entamées bien avant l’organisation de chaque COP. Nous participons régulièrement à des réunions de groupe au cours de l’année, parfois nous ne pouvons pas être sur place, faute de moyen, nous nous recourrons donc aux participations virtuelles», a-t-elle indiqué.
Selon un rapport analysant la liste préliminaire des participants à la COP 27 publiée par l’ONU, les Émirats arabes unis et le Brésil se distinguent comme les pays avec le plus grand nombre de parti- cipants potentiels, soit 1 073 et 574 personnes respectivement. Toujours selon la liste provisoire, le sommet organisé à Charm El-Cheikh serait le deuxième plus important de l’histoire avec 33 000 délégués, derrière la COP 26 à Glasgow avec 38 457 participants.
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