Économie

Une dette publique qui hypothèque l’avenir de la jeunesse haïtienne, estime Kesner Pharel

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À l’émission «Investir» du 21 janvier 2023, l’économiste Kesner Pharel a mis l’accent sur les impacts catastrophiques de la dette publique sur les générations présentes et celles à venir, dans un contexte marqué par des crises multiformes au niveau national et international.

«On ne peut pas jouer avec la finance publique du pays. Si nous continuons à dépenser ce que nous n’avons pas, on va [continuer à] contracter des prêts. Il est nécessaire de bien gérer la finance publique du pays afin de réduire le déséquilibre qu’il y a sur le plan budgétaire», a mis en garde l’économiste Kesner Pharel lors de son émission «Investir» réalisée autour du thème : Dette publique: une menace pour les pays avancés et les pays à faibles revenus.

Le présentateur a analysé les cas des États-Unis menacés par le défaut de paiement et d’Haïti dont le service de la dette représente la principale allocation budgétaire dans le budget actuel.

«Quand on a une dette publique aussi élevé, cela hypothèque l’avenir de la jeunesse. Quand on continue à avoir ces dettes à un niveau assez élevé, cela va poser un problème pour les générations futures», a poursuivi l’économiste, rappelant qu’à force de consacrer de l’argent au paiement du service de la dette, il y aura beaucoup moins d’argent à allouer aux besoins sociaux, à savoir l’éducation et la santé.

Dette et déficits jumeaux …

À en croire M. Pharel, il y a un lien entre déséquilibre budgétaire et déséquilibre au niveau de la balance commerciale. On les appelle des déficits jumeaux. Ces deux déficits, l’un alimente l’autre, vont aboutir à un déséquilibre sur le marché local de change.

«Vous ne pouvez pas ignorer ce qui se passe dans le budget. Parce que cela va impacter votre vie privée. Cela va impacter votre entreprise, votre emploi et votre qualité de vie», a alerté Kesner Pharel soulignant que si on n’avait pas une dette aussi élevée, on pourrait prendre l’argent, le mettre dans la lutte contre la faim, l’injecter dans l’éducation voire dans la sécurité.

Actuellement, a annoncé Kesner Pharel, il y a des réflexions en cours au sein du Fonds Monétaire International (FMI) pour voir comment atténuer le choc des dettes pour les pays de l’Afrique. Parce qu’il  faut  remettre  l’argent.  «[Dans]  les  pays comme le nôtre, en général, les dettes contractées – ne constituent pas des dettes représentant des investissements pouvant vous permettre de rentrer de l’argent afin de pouvoir le remettre voire permet- tant d’avoir plus de croissance économique.» L’endettement public est un problème mondial. Qu’il s’agit de pays avancés – que de pays moins avancés. Mais le choc est beaucoup plus violent dans les pays les moins avancés.

Une dette colossale

36,7 milliards de gourdes, est le montant du service de la dette d’Haïti, selon un tableau du ministère de l’Economie et des Finances (MEF). Il constitue le premier poste de crédit budgétaire à savoir les dépenses /crédits budgétaires de l’exercice fiscal 2022-2023. «La dette publique est extrêmement élevée. (…) Ces chiffres montrent qu’il y a une grosse inquiétude. C’est le poste dans lequel on dépense le plus d’argent dans un pays où il persiste des problèmes sociaux», a reconnu l’économiste, rappelant que les Etats-Unis ont une dette colossale. Un niveau auquel nous ne sommes pas encore. D’ailleurs, nous n’avons même pas 10 milliards de dollars de dette. Notre ratio de dette sur PIB n’est pas extrêmement élevé. Mais le fait qu’aujourd’hui, à chaque 100 gourdes collectées, une bonne partie sert à payer les dettes et le reste est consacré à l’éducation et la santé, constitue un handicap majeur. «Nous avons 4 ans, sans aucune croissance économique», a rappelé M. Pharel soulignant que les ressources domestiques sont de l’ordre de 164 milliards de gourdes dans le budget initial 2022-2023 pour une enveloppe globale de 267.5 milliards de gourdes. Si 164 milliards de gourdes sont collectées, le pays va avoir besoin du support de l’international.

DevHaiti

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